01/10/06 (B364) Extrait de Géopolitique : Le dossier sur l’assassinat du juge Borrel désigne le président Guelleh.

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Le 28.09.06. Une affaire d’Etat. D’une part, le juge français Bernard Borrel, placé en poste à Djibouti, a pu être assassiné le 19 octobre 1995 sur ordre du président de cet État, Ismaël Omar Guelleh ; d’autre part, plusieurs services français des ministères de l’Intérieur et de la Défense ont pu dissimuler des éléments à charge contre le même Omar Guelleh, afin de protéger les relations de Paris avec Djibouti…

Cette hypothèse se révèle désormais étayée par de nombreuses pièces versées au dossier instruit par le juge Sophie Clement, au Tribunal de grande instance de Paris. Pour en prendre la mesure, nous vous proposons de télécharger une série de documents éloquents.  

Il s’agit en premier lieu de deux lettres, datées du 17 septembre 2004, adressées par Sophie Clément aux ministres de l’Intérieur et de la Défense de l’époque, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie. Ces courriers contiennent les motivations détaillées du juge pour obtenir la déclassification de documents établissant un lien entre les activités criminelles d’Ismaël Omar Guelleh, son entourage sécuritaire et les recherches menées en 1995 par Bernard Borrel. Celui-ci travaillait en effet à identifier les auteurs d’un attentat visant la communauté française de Djibouti, perpétré le 27 septembre 1990, et dont les auteurs auraient agi sur ordre d’Omar Guelleh.

En dépit des preuves que les courriers de Sophie Clément énumèrent, les deux ministres ne lui donneront pas satisfaction, en refusant la déclassification des documents touchant directement Omar Guelleh.

Nous publions aussi les notes de la DGSE produites entre janvier 2000 et janvier 2002, versées, elles, au dossier par le cabinet de Michèle Alliot-Marie. Ces notes révèlent surtout l’opiniâtreté avec laquelle ce service de renseignement a soutenu la thèse du suicide de Bernard Borrel. 

Nous publions également un document, identifié comme une note de la DCRG (Direction centrale des renseignements généraux) par Pierre Lelong, président de la Commission consultative du secret de la défense nationale. La note énumère les activités criminelles, les trafics d’armes d’Ismaël Omar Guelleh avant son accession à la présidence, et évoque son rôle présumé dans l’attentat de septembre 1990.

Enfin, nous publions des procès-verbaux de l’instruction sur l’attentat de septembre 1990, dont Bernard Borrel avait obtenu copie, et qui convergent sans ambiguïté vers la responsabilité du président djiboutien. 

À l’approche de la date anniversaire de l’assassinat de Bernard Borrel, la veuve du juge assassiné, Elisabeth Borrel – elle-même magistrate – lèvera le voile sur l’histoire de cette enquête criminelle hors norme, en détaillant dans un livre consacré à son combat les diverses manœuvres qu’elle a subi visant à la décrédibiliser (Un juge assassiné, une femme seule face au secret d’État, avec Bernard Nicolas, Flammarion, le 10 octobre prochain).