03/10/06 (B364) Revue de presse complète (2/2) des articles parus depuis deux jours sur la délivrance des mandats d’arrêt lancés à l’encontre d’Hassan Saïd et de Djama Souleiman.

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Libération

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Le «long combat» d’une veuve


QUOTIDIEN : Lundi 2 octobre 2006 – 06:00

Si l’on juge un jour les assassins de Bernard Borrel, ce sera grâce
à sa veuve, une femme opiniâtre et courageuse. Elisabeth Borrel,
elle aussi magistrate, raconte dans un livre (1) comment, après dix
ans de vie heureuse avec son époux et leurs deux enfants, elle a mené
un «combat long et douloureux» qui n’est pas achevé.

Elle a
d’abord réussi à contrer la version officielle ­ le suicide
­ de la mort de son mari, imposée par les autorités françaises
et djiboutiennes. Elle veut toujours savoir qui a tué son mari et qui
sont les commanditaires du meurtre et prévient qu’elle ne lâchera
pas.

(1) Un juge assassiné. Avec la collaboration de Bernard Nicolas
(Flammarion, à paraître le 10 octobre).

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Libération

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Affaire Borrel : mandat d’arrêt contre le procureur de Djibouti

Le chef des services secrets de l’ex-colonie est également visé
par la justice française.

Par Brigitte VITAL-DURAND

QUOTIDIEN : Lundi 2 octobre 2006 – 06:00

La traque des assassins de Bernard Borrel s’intensifie, onze ans après
la mort, dans la nuit du 18 au 19 octobre 1995, de ce juge français
dont le corps a été retrouvé carbonisé dans un
ravin à Djibouti. L’enquête de la justice vise aujourd’hui des
hauts dignitaires de cette ex-colonie française.

Deux mandats
d’arrêt européens viennent d’être délivrés
à l’encontre du procureur de la République de Djibouti, Djama
Souleiman Ali, et du chef des services secrets, Hassan Said Khaireh, ont fait
savoir hier les avocats des parties civiles, Olivier Morice et Laurent de
Caunes. Dans un arrêt, daté du 27 septembre, de la chambre de
l’instruction de la cour d’appel de Versailles, présidée par
Didier Guérin, les magistrats estiment «indispensable pour la
manifestation de la vérité» la comparution des deux personnalités.

Terroristes.

Le lendemain,
28 septembre, la juge d’instruction parisienne Sophie Clément a rendu,
dans le cadre de son enquête sur l’assassinat de Bernard Borrel, une
«ordonnance de soit communiqué». C’ t-à-dire qu’elle
fait connaître au parquet de Paris son intention d’ordonner deux autres
mandats d’arrêt. Cette fois, ils visent des anciens terroristes djiboutiens
: Awalleh Guelleh Assoweh, dit «Mireh», et Hamouda Hassan Adouani.
Le premier est mis en cause dans l’attentat du Café de Paris, à
Djibouti en 1990, évadé de prison en 1997. Le second, auteur
de l’attentat du bar l’Historil, à Djibouti en 1987, a été
condamné à perpétuité, puis gracié en 2000.

La justice
française resserre ses investigations sur une scène cruciale
qui s’est déroulée au soir de la découverte du corps
du magistrat, le 19 octobre 1995, dans les jardins du palais présidentiel
de Djibouti. L’un des témoins de cette scène, Mohamed Saleh
Alhoumekani, était alors numéro 2 de la garde présidentielle.
Il se trouvait là en compagnie du chef de cabinet de la présidence
de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, dit IOG, actuel président de
la République.

Ce témoin
s’est, depuis, réfugié en Belgique. C’est de Bruxelles, qu’il
a raconté comment ce soir-là, il a vu Mireh et Adouani, alors
que tous deux étaient censés se trouver en prison, en compagnie
du chef des services secrets. Et il a entendu Mireh dire : «Le juge
fouineur est mort, il n’y a plus de traces.» Si la cour d’appel de Versailles
s’intéresse de près à ce quasi aveu d’assassinat, c’est
dans le cadre d’un dossier annexe à l’enquête sur l’assassinat.
Elisabeth Borrel a porté plainte pour «subornation de témoin».
Elle soutient que l’un des magistrats chargés d’instruire le dossier
sur l’assassinat de son mari, mais dessaisi depuis, Marie-Paule Moracchini,
avait tenu à l’égard de ce témoin exilé à
Bruxelles des «propos d’intimidation en vue d’obtenir la rétractation
de son témoignage».

Marché.
Marie-Paule Moracchini, entendue en 2004, s’est insurgée contre cette
version des chos Elle a déclaré à la justice qu’il lui
était «intolérable» que l’on puisse la mettre en
cause «pour avoir voulu étouffer l’affaire portant sur l’assassinat
d’un collègue».

La chambre
de l’instruction de la cour de Versailles veut donc maintenant entendre le
procureur de Djibouti. Celui-ci se serait rendu, selon le témoin de
Bruxelles, spécialement en Belgique lui faire le marché suivant
: «en échange de sa rétractation», il «lui
proposait de l’argent et un poste diplomatique». Quant au chef des services
secrets, il est invité à s’expliquer sur les diverses manoeuvres
qu’il aurait entreprises en vue de discréditer le témoignage
crucial. «C’est une victoire tout à fait considérable»,
s’est réjoui hier Olivier Morice rappelant que les jeunes magistrats
de l’ENM ont décidé de baptiser leur promotion Bernard-Borrel.

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Le Figaro

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:
sur_lassassinat_du_juge_borrel_vise_deux_pontes_de_djibouti.html

L’enquête française sur
l’assassinat du juge Borrel vise deux pontes de Djibouti

lefigaro.fr (avec AFP et Reuters).
Publié le 02 octobre 2006 Actualisé le 02 octobre 2006 : 10h59

Onze ans après le meurtre du magistrat, la justice française
a délivré ses deux premiers mandats d’arrêts. Elle
évoque des «charges accablantes» contre le procureur de
la République et le chef des services secrets de Djibouti.

L’enquête sur l’assassinat du juge Borrel est relancée.
La France a délivré mercredi dernier deux mandats d’arrêts
contre le procureur de la République de Djibouti, Djama Souleiman,
et le chef des services secrets de Djibouti, Hassan Saïd. Les deux hommes
sont soupçonnés d’avoir suborné des témoins.
L’arrêt de la cour d’appel de Versailles évoque des
« charges accablantes » contre ces deux personnalités.

Il s’agit des premiers mandats d’arrêt depuis la découverte,
le 19 octobre 1995, du corps à demi calciné du juge Borrel,
simplement vêtu d’un slip et d’un tee-shirt, au bas d’une falaise située
à 80 km de Djibouti. « C’est une avancée plus que considérable
dans le dossier de l’assassinat de Bernard Borrel. La justice passe maintenant
à la vitesse supérieure. Les magistrats montrent qu’ils n’ont
pas peur de rechercher la vérité, quitte à déplaire
aux autorités politiques françaises et djibou ennes »,
a commenté Me Olivier Morice, l’un des deux avocats, avec Laurent de
Caunes, de la famille Borrel. Depuis le début de l’enquête,
ils estiment que le magistrat français a été victime
d’une opération commanditée par le pouvoir djiboutien.

Réagissant à cette annonce, le chef des services secrets a prévenu
que « Djibouti ne se plierait jamais au bon vouloir de la justice française
» et dénoncé une « nouvelle tentative politico-médiatique
orchestrée par la veuve Borrel et son lobby ».

Un témoignage clé

Au centre des deux procédures, menées à Paris et Versailles,
se trouve le témoignage clé d’un ancien officier de la garde
présidentielle de Djibouti, Mohammed Saleh Aloumekani. Le 19 octobre
1995, l’homme aurait surpris les deux principaux suspects en train de
rendre compte de « l’élimination du juge fouineur »
et de la disparition des traces du crime à Ismaël Omar Guelleh,
alors chef du cabinet de l’ancien président, aujourd’hui
président de Djibouti.

Le procureur de Djibouti est soupçonné d’avoir tenté
de faire pression sur Mohammed Saleh Aloumekani pour qu’il revienne sur son
témoignage. Le chef des services secrets est quant à lui suspecté
d’être intervenu pour que le chef de la garde présidentielle
de Djibouti en 1995 discrédite le témoin.

Appelés à s’expliquer le 13 octobre 2005 devant la justice française,
les deux hommes ne s’étaient pas présentés. Les
avocats de la partie civile avaient alors demandé la délivrance
de mandats d’arrêt. En délivrant ces mandats, le président
de la chambre de l’instruction, Didier Guérin, vient donc de leur donner
raison estimant que leur comparution était « indispensable à
la manifestation de la vérité ».

Deux principaux suspects

Para èlement, la juge d’instruction parisienne, Sophie Clément,
a transmis jeudi au procureur de la République une demande de réquisition
concernant la délivrance de deux autres mandats d’arrêt visant
les deux principaux suspects de l’assassinat, Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan
Adouani. Sur le short du magistrat, ont été retrouvés
des empreintes génétiques qui pourraient appartenir à
ses assassins et le juge Clément souhaite les comparer à celles
Awalleh Guelleh et d’Hamouda Hassan Adouani. Mais les deux hommes sont en
fuite.

Le premier a été condamné à perpétuité
par contumace en France pour son implication dans l’attentat du Café
de Paris en 1990 à Djibouti, qui avait fait un mort et 11 blessés.
Il s’est évadé en 1997. Le second, condamné à
mort pour sa participation à un attentat contre le bar «L’Historil»
en mars 1987, qui avait fait douze morts, a été gracié
en juillet 2000 par l’actuel président djiboutien, Ismaël Omar
Guelleh.