15/11/06 (B369) La chronique du COMESA vu par les Djiboutiens. Le Comesa n’a pas été au secours de l’économie corrompue. (Par A. Kamil – Bruxelles)

Le gouvernement
de Djibouti a joué son va tout sur la réunion du Comesa pour
renflouer les affaires de ses protégés. Mais il semble loin
d’avoir réussi. Les signataires de la nouvelle étape de
la marche du Comesa ne se sont pas précipités à Djibouti,
ils ont trouvé mieux à faire à Bruxelles où ils
étaient conviés à la première édition des
journées européennes du développement où 19 chefs
d’Etats africains étaient attendus du 15 au 17 novembre 2006.
Même le premier ministre Meles Zenawi de l’Ethiopie, principale
économie de la Corne de l’Afrique, a privilégié
le déplacement à Bruxelles à celui de Djibouti.

Sur la
vingtaine des chefs d’Etat attendus à Djibouti au sommet des
chefs d’Etats des pays membres du Comesa, seraient arrivés Robert
Mugabe du Zimbabwe, Hassan El Bachir du Soudan, Paul Kagamé du Rwanda,
Bungu wa Matharika du Malawi, et Issayas Afeworki d’Erythrée.

Le mauvaise
synchronisation de la réunion du Comesa avec celle de Bruxelles n’est
pas seule en cause dans l’échec du sommet, Djibouti est probablement
boudée parce que connue comme le pays miné par la corruption
et l’affairisme depuis deux documents officiels publiés l’un
en mai 2004 par le FMI, intitulé Poverty Reduction Strategy Paper,
Joint Staff Assessment, et l’autre en août 2006 par l’Observatoire
international.

Le FMI
a indiqué que «La mauvaise gouvernance a été identifiée
dans les consultations comme un obstacle majeur à la réduction
de la pauvreté et à une croissance économique soutenue
à Djibouti », alors que l’Observatoire a précisé
combien « La corruption à tous les échelons de la fonction
publique est si quotidienne, si présente qu’elle en est devenue
banale. »

Les problèmes
liés à la corruption ont conduit le gouvernement a créer
en 2001 la Chambre des comptes et de discipline budgétaire (CCDB) et
à installer une inspection générale d’Etat. La
CCDB a publié son premier rapport général au Journal
Officiel du lundi 15 novembre 2004 mais elle est restée impuissante
face aux irrégularités constatées. « La plupart
des anomalies peuvent être qualifiées de délit et donc
conduire à des suites judiciaires », explique dans ce rapport
M. Mohamed Mahamoud Hassan, président de la CCDB.

Lors de
ses investigations, la chambre des comptes a été confrontée
à l’existence de caisses parallèles à celle du
Trésor public. Pour l’heure, les entraves rencontrées
par les magistrats de la CCDB sont manifestes. Entre 1999 et 2003, 13 milliards
de recettes fiscales n’avaient pas été recouvrées.

Il est
clair que le respect de certains principes fondamentaux du Traité du
COMESA, comme la Promotion et maintien d’un système de gouvernance
juste et comptable, la reconnaissance, promotion et protection des droits
fondamentaux de la personne humaine, ainsi que l’engagement au respect
des principes de liberté, des libertés fondamentales et de la
primauté du droit ont fait défaut à Djibouti pour précipiter
le 11e sommet de l’organisation dans le non événement.

Bruxelles
le 14 novembre 2006,
par Abdallah Kamil