19/12/06 (B374) REUTERS : Le calme règne à Baïdoa à l’échéance de l’ultimatum islamiste. (Info lectrice)

REUTERS
| 19.12.2006 | 16:25

Par
Hassan Yare

BAIDOA,
Somalie (Reuters) – Le calme régnait mardi à Baïdoa, siège
du gouvernement fédéral de transition en Somalie, à l’expiration
de l’ultimatum lancé par les forces islamistes aux troupes éthiopiennes
pour qu’elles quittent le pays.

Il y a
une semaine, l’Union des tribunaux islamiques (UTI), au pouvoir dans la capitale
Mogadiscio depuis juin, a sommé les militaires éthiopiens qui
protègent le gouvernement transitoire de Youssou Abdoullahi de rentrer
chez eux, faute de quoi les miliciens islamistes les y contraindraient par
la force.

Mais un
porte-parole de l’UTI, Abdirahman Ali Mudey, a déclaré vouloir
poursuivre les pourparlers en vue du départ des soldats éthiopiens.

Selon
les islamistes, 30.000 soldats éthiopiens sont présents en Somalie,
alors qu’Addis-Abeba ne reconnaît la présence que de quelques
centaines de conseillers à Baïdoa. Experts et témoins les
évaluent de 15.000 à 20.000.

"Nous
n’avons pas voulu dire que nous allions les attaquer s’ils ne partaient pas",
a déclaré Ali Mudey, revenant sur la menace formulée
par le responsable de la défense de l’UTI, le cheikh Youssouf Sia "Inda’ade".

"Nous
voulons que les pourparlers se poursuivent et que les Ethiopiens partent",
a-t-il dit, semblant confirmer que, comme l’estiment certains spécialistes,
l’UTI serait divisée entre faucons et colombes.

"POURQUOI
UNE BATAILLE ?"

Le ministre
de l’Information du gouvernement transitoire, Ali Ahmed Jama "Jangali",
a estimé que l’UTI n’en était pas à une menace vaine
près et a souligné: "Nous ne faisons attention qu’à
ce qu’il font, pas à ce qu’ils disent."

Il a rappelé
par ailleurs que le président Youssouf Abdullahi s’était engagé
à ne pas être le premier à attaquer.

Solomon
Abede, porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères,
a déclaré pour sa part qu’il revenait à l’UTI de trouver
une solution à ce bras de fer qu’Addis-Abeba, a-t-il souligné,
s’efforce de résoudre pacifiquement.

"Nous
sommes patients, pour notre part, sachant que l’on bénéficiera
plus de la paix que de la guerre".

Selon
un diplomate occidental, l’aile modérée de l’UTI renoncerait
à un affrontement pour conserver ses avantages territoriaux – l’essentiel
du sud de la Somalie – et une crédibilité internationale.

"Ils
contrôlent 80% du centre et du sud de la Somalie, alors pourquoi se
lancer dans une bataille?", a estimé ce diplomate.

Mais certains
éléments au sein du gouvernement de Baïdoa seraient favorables
à un affrontement, notamment depuis que le Conseil de sécurité
s’est prononcé pour l’envoi de casques bleus à sa rescousse
– une initiative rejetée par les islamistes et qui a peu de chances
de voir le jour dans l’immédiat.

L’ancien
ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel, commissaire
européen chargé du développement et de l’aide humanitaire,
est attendu mercredi à Baïdoa pour tenter de ramener les deux
parties à la table des négociations.

Il s’agirait
de la quatrième session de ces pourparlers qui se déroulent
à Khartoum sous l’égide de la Ligue arabe et visent à
pousser les deux camps à partager le pouvoir.