20/12/06 (B374) MOGADISCIO (AFP) – Somalie : combats sur plusieurs fronts près du siège des institutions.

De violents
combats ont éclaté mercredi sur plusieurs fronts en Somalie
entre forces gouvernementales, soutenues par des troupes éthiopiennes,
et combattants islamistes près de la ville de Baïdoa, siège
des institutions de transition de ce pays de la Corne de l’Afrique.

Ces affrontements,
qui ont débuté dans la nuit de mardi à mercredi, ont
éclaté après l’expiration mardi à minuit heure
locale (21H00 GMT) de l’ultimatum fixé par les islamistes aux troupes
éthiopiennes pour quitter la Somalie, pays en guerre civile depuis
1991. Aucun bilan de source indépendante n’était disponible
mercredi soir.

Les tribunaux
islamiques, qui ont continuellement appelé ces derniers mois au "jihad"
(guerre sainte) contre les troupes éthiopiennes qui appuient le gouvernement
de transition, avaient affirmé mardi être sur le point d’achever
leurs préparatifs de guerre contre ces troupes.

Le chef
des islamistes, cheikh Hassan Dahir Aweys, a cependant qualifié de
"petit incident" ces violents combats qui ont selon lui opposé
les islamistes aux forces éthiopiennes et non les islamistes aux forces
gouvernementales.

Cheikh
Aweys s’exprimait à Mogadiscio à l’issue d’un entretien avec
le commissaire européen au Développement, Louis Michel, selon
qui les islamistes ont accepté de reprendre des pourparlers de paix
avec le gouvernement.

M. Michel
s’était auparavant s’entretenu à Baïdoa (250 km au nord-ouest
de Mogadiscio) notamment avec le président somalien, Abdullahi Yusuf
Ahmed, et le Premier ministre de transition, Ali Mohamed Gedi, leur soumettant
un mémorandum sur une reprise des pourparlers de paix avec les tribunaux.

Des combats
violents à l’arme lourde ont opposé mercredi les islamistes
et les forces gouvernementales à Deynunay, l’une des principales bases
militaires du fragile gouvernement somalien, située à 25 km
à l’est de Baïdoa.

De son
côté, Mohamed Adan, un commandant des troupes du gouvernement
en poste près d’Idale (60 km au sud de Baïdoa) – où les
combats avaient débuté dans la nuit de mardi à mercredi
– a affirmé à l’AFP que les affrontements s’étaient poursuivis
dans la journée.

Enfin,
des habitants ont également confirmé que des combats s’étaient
également déroulés aux environs de Mode Mode, une base
des islamistes située à quelque km de Deynunay.

Selon
le vice-ministre de la Défense somalien Salad Ali Jelle, le Soudanais
Abu Taha al-Sudan – l’un des principaux suspects recherchés par Washington
pour les attaques terroristes au Kenya et en Tanzanie en 1998 et 2002 – serait
à la tête des milices islamistes dans les combats d’Idale.

Les islamistes
sont accusés par les Etats-Unis d’entretenir des liens avec le réseau
terroriste Al-Qaïda, ce qu’ils ont toujours nié.

Les tensions
entre islamistes et gouvernement de transition font craindre un conflit majeur
dans la Corne de l’Afrique, du fait du jeu des alliances.

L’Erythrée
soutient les tribunaux islamiques face à l’Ethiopie alors que les deux
pays entretiennent des relations extrêmement tendues depuis la guerre
frontalière qui les a opposés de 1998 à 2000.

Addis
Abeba dément avoir déployé son armée en Somalie
et reconnaît seulement l’envoi d’instructeurs militaires auprès
du gouvernement de transition.

Mercredi,
le porte-parole du ministère éthiopien de l’Information, Zemedkum
Tekle, a estimé que le gouvernement somalien "a les moyens de
se défendre" face aux forces des islamistes.

"Nous
n’avons pas retiré nos conseillers" militaires, a-t-il dit, ajoutant:
"S’ils sont attaqués, ils ont le droit de se défendre.
Jusqu’à présent aucun de nos conseillers n’a été
attaqué".

Le président
érythréen Issaias Afeworki a pour sa part estimé dans
un communiqué que la crise somalienne ne débouchera pas sur
une guerre régionale dans la Corne de l’Afrique.