25/12/06 (B375) 1 – AP / Raid de l’aviation éthiopienne contre l’aéroport international de Mogadiscio. 2 – AFP / Accusée de raids aériens, l’Ethiopie reconnaît intervenir en Somalie. (Info lectrice)

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1 – AP

Des chasseurs
de l’armée de l’air éthiopienne ont bombardé lundi l’aéroport
international de la capitale somalienne de Mogadiscio, ont rapporté
des témoins. Il s’agit de la première attaque directe sur le
siège du Conseil des tribunaux islamiques (CTI), un mouvement islamiste
qui tente de prendre le pouvoir aux mains du gouvernement légal reconnu
par la communauté internationale.

On ignore
encore si ce raid aérien a fait des victimes. Dimanche soir, le Premier
ministre éthiopien a annoncé que son pays était « forcé
à entrer en guerre » avec le Conseil des tribunaux islamiques après
que ce groupe a décrété la guerre sainte contre ce pays
à majorité chrétienne.

A
la mi-journée, les chasseurs éthiopiens de fabrication russe
ont effectué des passages à très basse altitude, larguant
au moins deux bombes sur le plus grand aéroport de Somalie qui venait
de rouvrir après la prise de contrôle de Mogadiscio par les miliciens
du CTI.

Cette
frappe aérienne survient quelques heures seulement après que
les troupes régulières somaliennes, soutenues par l’armée
d’Addis-Abeba, a pris une ville frontalière clé tôt lundi
à la grande joie de ses habitants tandis que les forces somaliennes
continuaient leur progression vers le sud à la poursuite des miliciens
islamistes, a déclaré un officier somalien.

Dimanche,
la Somalie avait connu un regain de violence avec le bombardement par des
avions éthiopiens de plusieurs villes contrôlées par les
milices islamiques.

L’Ethiopie
a confirmé pour la première fois participer aux affrontements
chez son voisin, alors que des témoins signalaient cette présence
depuis des semaines.

Le Conseil
des tribunaux islamiques, dont les forces ont pris le contrôle de la
capitale Mogadiscio et de la majeure partie du pays depuis juin, entend chasser
les troupes éthiopiennes soutenant le gouvernement de transition appuyé
par les Nations unies. La Somalie, livrée aux rivalités de clans,
ne possède plus d’Etat depuis le renversement du dictateur Mohamed
Siad Barré en 1991. Les Etats-Unis accusent les Tribunaux islamiques,
qui rappellent les talibans afghans, d’avoir des liens avec le réseau
terroriste d’Al-Qaïda, ce que les islamistes démentent.

La
question des frontières a provoqué deux guerres en 45 ans entre
l’Ethiopie et la Somalie, et les Tribunaux islamiques insistent pour former
une Grande Somalie intégrant des groupes qui vivent dans l’est de l’Ethiopie,
le nord-est du Kenya et à Djibouti.

Le Premier
ministre éthiopien Meles Zenawi, dont le pays est un allié de
longue date du président somalien Abdullahi Youssouf, estime pour sa
part qu’Addis Abeba a l’obligation légale et morale de soutenir et
défendre l’exécutif intérimaire somalien. Il accuse les
Tribunaux islamiques de soutenir les rebelles somaliens qui luttent pour l’indépendance
sur son territoire, ce qu’il considère comme un acte de guerre.

AP

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2 – AFP

MOGADISCIO
(AFP) – Accusée de raids aériens, l’Ethiopie reconnaît
intervenir en Somalie

Les miliciens
islamistes somaliens ont accusé dimanche l’aviation éthiopienne
d’avoir bombardé un de leurs fiefs, dans la première attaque
de ce genre depuis la reprise des hostilités la semaine dernière,
tandis qu’Addis Abeba a reconnu intervenir militairement en Somalie.

C’est
la première fois que l’Ethiopie admet participer aux récents
combats en Somalie entre miliciens islamistes et forces gouvernementales,
mais les responsables éthiopiens ont démenti avoir mis en oeuvre
leurs moyens aériens.

Dans une
allocution télévisée dimanche soir, le Premier ministre
éthiopien Meles Zenawi, dont le gouvernement soutient le fragile gouvernement
somalien, a affirmé que son gouvernement ne tentait pas « d’imposer
un gouvernement » en Somalie.

« Nous
n’essayons pas d’imposer un gouvernement à la Somalie, pas plus que
nous n’avons l’intention de nous immiscer dans les affaires internes de la
Somalie. Nous avons seulement été forcés d’intervenir
par les circonstances », a affirmé M. Meles dans son discours,
diffusé en direct par les médias d’Etat. « Aujourd’hui,
nos forces de défence ont lancé une contre-offensive qui est
tout à fait légale et proportionnelle contre ces forces anti-paix
(les tribunaux islamiques) », a estimé le Premier ministre, qui
a dit vouloir « mettre fin à cette guerre dans les plus brefs délais ».

Dans le
même temps, les forces gouvernementales somaliennes ont attaqué
deux localités tenues par les milices de l’Union des tribunaux islamiques,
dans le centre du pays. Jusqu’ici, les combats étaient concentrés
dans le sud, dans le secteur de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio),
siège des institutions de transition qui ont perdu, depuis des mois,
le contrôle de vastes portions du pays.

Face
à cette détérioration rapide de la situation dans une
région clef d’Afrique de l’Est, les appels au calme se sont multipliés
et, samedi, la Ligue Arabe et l’Egypte ont joint leurs voix à celles
de l’ONU et de l’UA pour appeler les belligérants à reprendre
des négociations.

Le commissaire
européen au Développement et à l’aide humanitaire, Louis
Michel, a de son côté condamné dimanche « l’escalade
du conflit » et appelé les parties à conclure un cessez-le-feu
et à reprendre le dialogue. Le commissaire s’est aussi inquiété
de l’implication des forces éthiopiennes. « J’appelle tous les
acteurs extérieurs à s’abstenir d’intervenir militairement en
Somalie et de provoquer de nouvelles violences », a-t-il dit.

Par ailleurs,
lors d’un point de presse à Addis Abeba, l’ambassadeur de Somalie en
Ethiopie Abdulkarin Farah, a affirmé que les troupes du gouvernement
avançaient vers l’aéroport de Belidogle, à 90 km au sud
de Mogadiscio, où selon lui les islamistes « reçoivent des
approvisionnements ». Il a affirmé que les forces loyalistes avaient
encerclé Burhakaba (contrôlée par les islamistes – 60
km au sud-est de Baïdoa) et repris la ville d’Idale.

Un commandant
islamiste et des témoins dans la région centrale de Kalaberka
(environ 300 km au nord de la capitale somalienne Mogadiscio), ont assuré
que des chasseurs bombardiers éthiopiens avaient visé cette
ville. Kalaberka est située à une vingtaine de km au nord de
Beledweyne, contrôlée par les islamistes, à une trentaine
de km de la frontière éthiopienne. Si elle était confirmée,
cette intervention de l’aviation éthiopienne serait la première
depuis la reprise des combats en Somalie, le 20 décembre, et constituerait
une escalade importante du conflit.

Déjà,
des témoins et des responsables somaliens avaient fait état
de l’intervention de blindés éthiopiens dans ces combats. Auparavant,
les forces gouvernementales somaliennes, soutenues par l’Ethiopie, avaient
lancé une offensive terrestre dans ce secteur visant notamment Beledweyne.
Elles ont également attaqué la ville de Bandiradley (région
centrale de Galkayo, 630 km au nord de Mogadiscio). Un responsable gouvernemental
de la région de Galkayo, Ahmed Nur Indhobur, a confirmé que
« les combats faisaient rage » dans cette région.