25/12/06 (B375) REUTERS (2 dépêches) : L’Ethiopie dit avoir été contrainte d’entrer en guerre / Offensive éthiopienne contre les islamistes en Somalie; (Info lectrice)

1
– ADDIS ABEBA (Reuters) – L’Ethiopie a été obligée d’entrer
en guerre contre les islamistes somaliens pour protéger sa souveraineté
et ses troupes quitteront la Somalie dès que leur mission sera achevée,
a déclaré dimanche le Premier ministre éthiopien Meles
Zenawi.

« Les
forces de défense éthiopiennes ont été contraintes
d’entrer en guerre pour protéger la souveraineté de la nation
et repousser les attaques répétées des terroristes des
tribunaux islamiques et des éléments anti-éthiopiens
qui les soutiennent », a déclaré Meles à la télévision
publique.

« Nos
forces de défense quitteront (la Somalie) dès qu’elles auront
terminé leur mission. »

Il a ajouté
que son pays était favorable à l’idée de négociations
entre le gouvernement éthiopien de transition et les tribunaux islamiques
pour mettre en place un gouvernement conjoint.

Meles
a affirmé que l’Ethiopie avait tenté jusqu’au bout de régler
par le dialogue la crise lors de discussions à Djibouti avec l’Union
des tribunaux islamiques (UTI). Selon lui, des négociations auraient
eu lieu jusqu’à mercredi dernier, à Doubaï.

Mais son
pays a été contraint de riposter aux « attaques généralisées »
dans la zone de Baïdoa, où est retranché le gouvernement
intérimaire somalien, et dans la région semi-autonome du Puntland.

C’est
la première fois qu’il admet que des troupes éthiopiennes opèrent
en Somalie aux côtés des forces gouvernementales.

« Les
forces du gouvernement fédéral de transition, les forces du
Puntland et d’autres forces armées somaliennes combattent aux côtés
des forces éthiopiennes », a dit Meles.

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2
– Offensive éthiopienne contre les islamistes en Somalie

par Hassan Yare

BAIDOA,
Somalie (Reuters) – L’aviation éthiopienne, qui défend le gouvernement
intérimaire somalien retranché à Baïdoa, a bombardé
dimanche des miliciens islamistes en divers points du pays, prélude
possible à l’élargissement d’un conflit qui menace toute la
Corne de l’Afrique.

Le ministre
éthiopien de l’Information, Berhan Hailu, a dit que l’opération
visait plusieurs secteurs, dont ceux de Dinsoor, Bandiradley et Baladwayne
ainsi que la ville de Buurhakaba, proche du siège gouvernemental de
Baïdoa, dans le Sud.

C’est
la première fois que sont signalés des raids aériens
et que l’Ethiopie reconnaît publiquement son engagement militaire en
Somalie, dont le gouvernement de transition est encerclé par des combattants
de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) qui a pris le contrôle de
Mogadiscio en juin dernier.

« Après
une trop longue patience, le gouvernement éthiopien a pris des mesures
d’autodéfense et entrepris de contre-attaquer face aux forces extrémistes
agressives des Tribunaux islamiques et des groupes terroristes étrangers »,
a dit Berhan à Reuters.

Les diplomates
redoutent que l’implication de l’Ethiopie en Somalie ne confirme le scénario
redouté d’un nouveau conflit entre ce pays et l’Erythrée, ancienne
province éthiopienne ayant acquis son indépendance en 1993.
Conflit auquel pourraient aussi se mêler des « djihadistes »
étrangers susceptibles de provoquer des attentats suicides en Afrique
orientale.

Berhan
n’a pas fourni de précisions, mais des témoins somaliens ont
dit que des avions éthiopiens avaient largué des bombes et tiré
des missiles sur deux zones tandis que, pour la sixième journée
consécutive, des combats faisaient rage entre forces gouvernementales
et islamistes.

Ali Dahir
Horow, habitant de Baladwayne, à 300 km de Mogadiscio, a rapporté
qu’un raid aérien avait fait deux morts. « Les gens se sont enfuis
quand les avions ont ouvert le feu sur la ville », a-t-il dit, ajoutant
que des missiles avaient touché le secteur de Ceel Jaale, où
beaucoup de personnes s’étaient réfugiées après
de fortes inondations le mois dernier.

Selon
un autre témoin, Farah Osman, deux avions ont tiré des missiles
près de Bandiradley, à 700 km au nord de la capitale.

EFFORTS
HUMANITAIRES

Le Programme
alimentaire mondial (PAM) a dit avoir largué 14 tonnes de fournitures
dans des villages touchés par les inondations dans le Sud, peu après
l’annonce des raids aériens. Une autre agence de l’Onu a noté
que le conflit risquait d’avoir des effets désastreux sur l’action
humanitaire en faveur de 1,4 million d’habitants touchés par les inondations.

L’ambassadeur
de Somalie en Ethiopie, Abdikaran Farah, a affirmé dimanche à
Addis-Abeba que les forces gouvernementales somaliennes avaient tué
500 islamistes, en majorité érythréens, en deux jours
de combats. Il a ajouté que les islamistes avaient tué dix soldats
gouvernementaux et en avaient blessé treize. Il a aussi fait état
de 280 combattants ennemis capturés, dont certains venaient du Pakistan,
d’Afghanistan et du Soudan.

Chaque
camp affirme avoir fait des centaines de morts dans les rangs adverses depuis
que les combats ont éclaté mardi. Les agences humanitaires parlent
quant à elles de dizaines de morts.

L’UTI
a engagé samedi les musulmans à se joindre à sa « guerre
sainte » contre l’Ethiopie. Le gouvernement transitoire installé
à Baïdoa est censé stabiliser un pays privé de pouvoir
central depuis le renversement de Mohamed Siad Barre en 1991.

Selon
des témoins, les adversaires ont commencé à s’affronter
dimanche à l’aube sur quatre fronts à l’arme lourde, au mortier
et à la mitrailleuse.

Dans le
port de Kismayo, sous contrôle islamiste, des centaines de femmes et
d’enfants ont dit adieu à un millier d’hommes qui s’étaient
portés volontaires pour le front. Vêtus de treillis en lambeaux,
ces derniers montaient à bord de camions militaires en scandant « la
victoire est à nous ». Des stations de radio diffusaient des chants
patriotiques.

Matt Bryden,
spécialiste de la Somalie qui travaille en indépendant, a déclaré
à Reuters qu’il ne s’attendait à voir aucun camp l’emporter
de façon décisive. « Les Ethiopiens essaient de frapper
les islamistes assez durement pour qu’ils viennent à la table de négociation »,
a-t-il dit. « Mais ils s’exposent au risque d’une guerre prolongée
et ingagnable. »

Les experts
militaires estiment que l’Ethiopie a déployé de 15.000 à
20.000 soldats en Somalie et que l’Erythrée fournit environ 2.000 hommes
aux islamistes, ce qu’Asmara dément. Addis-Abeba reconnaissait précédemment
avoir envoyé quelques centaines d’instructeurs militaires à
Baïdoa.