27/12/06 (B375) Les dépêches se multiplient concernant le conflit en Somalie et certaines sont contradictoires selon l’origine. (Info lectrice) – 3 Whashington soutient l’Ethiopie, mais demande de la retenue. L’Ethiopie tente de minimiser l’importance du conflit. Le Conseil de Sécurité réuni en urgence, impuissant à prendre une décision.

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20 minutes

Washington apporte son appui à Addis Abeba et demande de la retenue.

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Libération

A
Addis-Abeba, peu d’émoi après l’entrée en conflit. Le
gouvernement tente de minimiser la situation en promettant une fin d’intervention
rapide.

Par Virginie GOMEZ / Addis-Abeba de notre correspondante

A Little Mogadiscio, enclave peuplée de Somaliens au coeur
d’Addis-Abeba, la question de l’intervention éthiopienne en Somalie
crée un malaise certain. «On n’en pense rien, on n’a pas envie
d’en parler», grogne un commerçant. Ceux qui osent la critiquer
ne donnent pas leur nom. «Je ne pense pas que l’Ethiopie pourra apporter
la paix en Somalie, les deux pays se sont déjà affrontés,
il y a trop de rivalités.»

L’animosité
entre les deux pays ne date pas d’hier.

Dans les
années 70, les Somaliens avaient envahi l’Ogaden, région est
de l’Ethiopie, s’attirant une réponse musclée du camarade Mengistu,
le dictateur de l’époque, soutenu par le bloc soviétique. En
1996, l’Ethiopie est intervenue en Somalie contre des bases islamistes. A
l’époque, les islamistes entraînaient des groupes séparatistes
éthiopiens, et l’ombre d’Al-Qaeda planait ­ déjà
­ dans la région. L’Erythrée, entrée en conflit en
1998 avec l’Ethiopie, avait encouragé ces activités.

Une décennie
plus tard, ce sont des griefs similaires qui justifient l’intervention directe
de l’Ethiopie contre les Tribunaux islamiques somaliens. Le gouvernement d’Addis-Abeba
dénonce un front d’Asmara (Erythrée) à Mogadiscio, une
infiltration massive de dissidents éthiopiens à partir du territoire
somalien avec l’appui des Tribunaux, et l’afflux de terroristes internationaux.
Les Etats-Unis, dont l’Ethiopie est l’alliée principale dans la corne
de l’Afrique, affirment que des responsables d’Al-Qaeda sont à la tête
des Tribunaux. Selon les autorités américaines, les risques
d’attentats en Ethiopie ont augmenté.

Contre-attaque
officielle.

Depuis
plusieurs semaines, les Tribunaux islamiques accusaient l’Ethiopie d’avoir
déployé des troupes à Baidoa, le siège du fragile
gouvernement de transition somalien, soutenu par Addis-Abeba. Des sources
diplomatiques confirmaient cette présence, niée fermement par
l’Ethiopie jusqu’à dimanche. En pleine offensive des islamistes autour
de Baidoa, l’Ethiopie a annoncé une contre-attaque officielle, arguant
de menaces directes sur sa souveraineté nationale.

«L’Ethiopie
ne pouvait pas laisser tomber Baidoa», estime un diplomate africain,
qui suggère que la menace directe sur la ville constituait la ligne
rouge à ne pas franchir. «Le but de l’Ethiopie n’est pas d’imposer
un gouvernement en Somalie», a assuré le Premier ministre éthiopien,
Meles Zenawi. Selon lui, la voie du dialogue reste ouverte, et les soldats
éthiopiens quitteront la Somalie «sitôt leur mission achevée».
Une mission dont les contours restent flous.

L’entrée
en guerre officielle de l’Ethiopie contre les islamistes somaliens se traduit
par des moyens militaires accrus sur le terrain. L’aviation bombarde désormais
les aéroports pour couper les lignes d’approvisionnement. L’Ethiopie
dispose d’une des armées les plus puissantes d’Afrique. Depuis la guerre
froide jusqu’à la guerre contre la terreur, elle s’est constitué
un équipement en chars et en avions de combat qui lui assurent la supériorité
dans un conflit conventionnel. Une fois lancée, la machine de guerre
sera difficile à arrêter.

Diplomates
inquiets.

A Addis-Abeba,
où les messages sur la menace islamiste en Somalie s’étaient
multipliés, l’annonce de l’intervention militaire s’est faite sans
dramatisation. Des habitants de la capitale se disent rassurés d’avoir
entendu à la radio des communiqués officiels pronostiquant une
fin de conflit rapide. Les diplomates, eux, sont plus inquiets. Certains craignent
que l’Ethiopie ne s’enlise en Somalie.

D’autres
considèrent la possible apparition d’une internationale islamiste,
alors que les Tribunaux ont appelé les musulmans du monde entier à
participer à la guerre sainte contre l’Ethiopie, berceau de la chrétienté
en Afrique.

©
Libération

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Reuters

Afrique
: Pas d’accord sur la Somalie au Conseil de sécurité de l’Onu

Par Irwin Arieff

NATIONS
UNIES (Reuters) – Malgré un plaidoyer en ce sens du Guinéen
François Lonseny Fall, émissaire du secrétaire général
de l’Onu Kofi Annan en Somalie, le Conseil de sécurité s’est
séparé mardi sans parvenir à un accord sur un arrêt
immédiat des combats dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

Le Qatar,
seul pays arabe siégeant au Conseil, a en effet insisté pour
les Quinze lancent aussi un appel à un retrait immédiat de toutes
les forces étrangères, dont celles de l’Ethiopie, de Somalie.

Les autres
Etats membres ont quant à eux soutenu un texte appelant au retrait
des seules forces « non autorisées », une formulation ne s’appliquant
pas, selon eux, aux troupes d’Addis-Abeba présentes sur le sol somalien
à la demande du gouvernement provisoire de ce pays.

Après
plus de trois heures de discussions, les diplomates ont indiqué que
faute d’unanimité sur la question, leurs efforts étaient suspendus
à mercredi après-midi.

Dans le
même temps, la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale
pour le développement (Igad), qui avaient parrainé l’installation
en 2004 du fragile gouvernement provisoire somalien, devraient se consulter
mercredi à Addis-Abeba pour débattre de la situation, a annoncé
l’émissaire de Kofi Annan.

L’absence
de règlement politique grâce à une reprise des discussions
entre les islamistes somaliens et le gouvernement provisoire « serait
désastreuse pour le peuple de Somalie, qui souffre depuis longtemps,
et pourrait aussi avoir de graves conséquences pour la région
tout entière », avait plaidé le diplomate guinéen.

Il a fait
cette déclaration au Conseil de sécurité alors que l’Ethiopie
se disait « à mi-chemin » d’une victoire sur les islamistes.

NOUVEAUX
REFUGIES

Le représentant
de la Somalie à Addis-Abeba a déclaré que les forces
éthiopiennes se trouvaient à 70 km de Mogadiscio, bastion de
l’Union des Tribunaux islamiques (UTI), et qu’elles pourraient la prendre
d’ici 24 à 48 heures.

Fall a
fait état d’informations selon lesquelles les forces gouvernementales
progresseraient sur deux fronts en direction de la capitale. « Elles continuent
néanmoins de rencontrer dans plusieurs secteurs une forte résistance
des miliciens de l’Union des Tribunaux islamiques et de leurs alliés »,
a-t-il dit.

Il a ajouté
que les combats s’étendaient rapidement à des régions
jusqu’ici tenues par l’UTI et que le gouvernement provisoire prenait le contrôle
ou progressait vers de nombreuses villes en dehors de son bastion de Baïdoa.

Selon
Fall, de nombreux civils sont pris dans les combats qui, selon certaines informations,
ont fait de nombreux morts et blessés et ont contraint beaucoup d’habitants
à fuir leur domicile.

Sans pouvoir
donner de bilan détaillé, Fall a dit que le Comité international
de la Croix-Rouge avait recensé 760 blessés de guerre dans le
sud de la Somalie.

Le Kenya
accueille déjà 35.000 nouveaux réfugiés somaliens
et des jeunes gens fuyant Mogadiscio ont dit à des ONG que des enfants
étaient recrutés de force comme soldats.

Les combats
affectent aussi les dispositifs d’aide en faveur des deux millions de personnes
touchées par la guerre ou par des inondations dans le sud et le centre
de la Somalie, a noté Fall.

Tout le
personnel humanitaire de l’Onu et d’ONG internationales a été
évacué de la région, a-t-il dit.

Les agences
de l’Onu et les ONG vont tenter de reprendre leurs distributions d’aide grâce
à du personnel local, mais elles ne pourront le faire que si elles
peuvent accéder aux régions affectées et faire leur travail
dans la sécurité, a prévenu Fall.