29/12/06 (B375) Lutte Ouvrière n°2004 du 29 décembre 2006 / Somalie – Une guerre civile sans fin, héritage des ambitions impérialistes (Info lecteur)

Comme
le reste de l’Afrique, le territoire peuplé par l’ethnie
somalie a été la proie du colonialisme. En 1839, les troupes
anglaises s’y découpèrent le Somaliland. À la fin
du 19ème siècle, ce furent les troupes italiennes qui s’octroyèrent
une «Somalia», tandis que les Français s’emparait
d’une «Côte française des Somalis» (Djibouti
aujourd’hui). En 1936, la Somalie italienne, l’Erythrée
et l’Ethiopie conquise par Mussolini, formèrent l’Afrique
Orientale Italienne. En 1947, l’Italie y renonçait, mais fut
ensuite chargée par l’ONU de «veiller» sur son ex-colonie
somalienne. En juillet 1960, cette Somalie devenue indépendante fusionnait
avec le Somaliland. Mais certaines des régions peuplées par
des Somalis étaient laissées à ses voisins l’Ethiopie
ou le Kenya.

Depuis
toujours, les grandes puissances ont exacerbé les rivalités
existant entre les différents clans somaliens pour renforcer leur domination
dans une région qui les intéressait pour des raisons surtout
stratégiques. La base française de Djibouti, par exemple, était
le pendant de la base anglaise d’Aden dans cette zone charnière
entre l’océan Indien et la mer Rouge.

De 1969
à 1991, la Somalie fut sous la coupe d’un militaire, Siyad Barré.
À sa chute, le pays bascula dans une guerre civile où, depuis,
les grands clans, les chefs de guerre et les islamistes se disputent le pouvoir.

En 1992,
les États-Unis se firent mandater par l’ONU pour une intervention
qui se prétendait humanitaire. Le gouvernement français, alors
socialiste, fit tout pour y participer. Il s’agissait de ne pas laisser
Washington seul à «s’arroger le droit de faire le gendarme»,
selon un mot du ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas.

Sous prétexte
d’apporter des vivres dans une région ravagée par la famine,
les États-Unis entendaient rétablir l’ordre en appuyant
une des factions rivales. Tandis que les troupes US débarquaient, on
vit le ministre français Kouchner porter devant les caméras
un sac de riz pour la Somalie. Mais l’opération tourna court
et les États-Unis, pour ne pas s’y enliser, quittèrent
précipitamment le pays. Ils passèrent le relais aux troupes
de l’ONU qui quittèrent les lieux à leur tour en 1995.

On avait
prétendu «restaurer l’espoir», mais cette intervention
impérialiste enfonça encore plus la population dans le chaos
d’une guerre civile qui en quinze ans a tué au moins 300000 personnes
et peut-être 500000, et fait fuir le sixième d’une population
évaluée à 8 millions de personnes.

J.F.