01/01/07 (B376) Nouvel Obs (avec AP) : La loi martiale en vigueur à Mogadiscio.

Le
Premier ministre somalien s’est rendu vendredi dans la capitale et a promis
le retour de la paix et de la stabilité.

Le
Premier ministre somalien Ali Gedi est entré vendredi 29 décembre
à Mogadiscio, au lendemain du départ des forces islamistes de
la ville, promettant à plusieurs milliers d’habitants en liesse le
retour de la paix et de la stabilité. De leur côté, les
Tribunaux islamiques ont fait part de leur intention de poursuivre le combat.

La
loi martiale devait être imposée à partir de samedi par
le Parlement.

"Aujourd’hui,
c’est le début d’une nouvelle vie, d’une nouvelle stabilisation et
d’un nouvel avenir pour la Somalie", a lancé Ali Mohamed Gedi
à son arrivée dans la capitale somalienne, censée symboliser
la victoire du gouvernement.

Le chef
du gouvernement est entré dans Mogadiscio à bord d’un convoi
escorté par 22 véhicules lourdement armés. Des camions
équipés de haut-parleurs ont sillonné la ville, diffusant
de la musique patriotique pour saluer l’arrivée de M. Gedi.

"La
tache difficile de reconstruire le pays débute maintenant", a-t-il
déclaré à un journaliste de l’Associated Press qui l’accompagnait.
"Nous voulons rétablir l’ordre. Je veux désarmer toute
la population civile du pays", a-t-il ajouté.

"Notre
peuple en a assez de la guerre civile et de l’instabilité." Il
a toutefois exclu l’éventualité de pourparlers dans un avenir
proche. "Nous ne pouvons pas parler de paix après tout ce bain
de sang."

Quinze
années de guerre civile

Même
avant l’arrivée des islamistes, le gouvernement somalien était
tenu à l’écart de Mogadiscio par les violences entre clans.
Le Premier ministre avait échappé à une tentative d’attentat
lors d’une rare visite dans la ville en novembre 2005.

Sous haute
sécurité avec des tireurs d’élite postés sur les
toits, Gedi a appelé à la reconstruction d’un pays ruiné
par quinze années de guerre civile et de combats. Il a également
exhorté les soldats de maintien de la paix à prévenir
de nouvelles violences. Le président a décrété
un cessez-le-feu pour l’Aïd el-Kébir, de même qu’Addis Abeba,
selon les médias éthiopiens.

Malgré
leur retrait la veille de Mogadiscio, les combattants islamiques semblent
déterminés à poursuivre le combat contre l’Ethiopie,
qui a aidé les forces loyalistes à reprendre la capitale. "Nous
ne quitterons pas la Somalie", a déclaré à l’Associated
Press Cheikh Charik Cheikh Ahmed, chef des Tribunaux islamiques. "Nous
ne fuirons pas devant nos ennemis". Il s’exprimait depuis la ville côtière
de Kismayo, à environ 300km au sud de la capitale, où ses forces
sont réfugiées depuis jeudi.

Vols
humanitaires

Le président
somalien Abdullahi Youssouf a indiqué vendredi qu’il entendait traquer
les forces islamistes jusqu’à Kismayo. "Nous allons aller là-bas
et les affronter", a-t-il déclaré à des journalistes,
s’engageant à se rendre à Mogadiscio, qu’il a visitée
pour la dernière fois en 1977. Il a également affirmé
que les troupes éthiopiennes resteraient dans le pays jusqu’à
nouvel ordre car "le gouvernement n’est pas en mesure de reprendre l’intégralité
du pays en une nuit".

Les combattants
islamistes avaient pris le contrôle de la capitale en juin, avant de
s’emparer d’une grande partie du sud de la Somalie. A l’époque, les
fondamentalistes avaient été accueillis avec soulagement, compte
tenu de la guerre des clans. Mais ils se sont effondrés face au soutien
apporté par l’armée éthiopienne aux forces du gouvernement
somalien, reconnu par la communauté internationale.

Après
la reprise de Mogadiscio, les Nations unies ont annoncé qu’elles reprendraient
leurs vols humanitaires vers la Somalie ce week-end. Les combats avaient contraint
l’ONU à évacuer son personnel de Somalie et à suspendre
l’assistance qu’elle apportait à deux millions de personnes affectées
par le conflit et de récentes inondations. (AP)