03/01/07 (B376) AFP Somalie: le gouvernement assure contrôler tous les ex-territoires islamistes

Par
Mustafa HAJI ABDINUR


MOGADISCIO (AFP) – Le gouvernement somalien a affirmé mardi avoir repris
le contrôle de toutes les régions tenues par les islamistes depuis
des mois, mais aucun milicien n’a rendu ses armes malgré l’appel pressant
des autorités à un désarmement volontaire dans Mogadiscio.

Pour sa
part, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a affirmé que
l’armée éthiopienne, qui a défait les islamistes, "pourrait"
se retirer "dans deux semaines" de Somalie.

Mais
mardi deux soldats éthiopiens ont été tués et
un de leurs officiers blessé par un combattant islamiste somalien,
qui a été ensuite tué, dans une attaque dans la ville
de Jilib, située à 100 km au nord de Kismayo (sud), selon un
chef local et des habitants.

Les forces
éthiopiennes, engagées dans la poursuite des miliciens islamistes
chassés de leurs derniers bastions, ont tiré par erreur plusieurs
missiles mardi sur un poste-frontière kényan.

Quatre
hélicoptères éthiopiens qui visaient la ville somalienne
de Dhobley, à environ trois kilomètres de la frontière
kényane, ont raté leur cible et tiré au cours de deux
passages six missiles sur le poste-frontière de Har Har, a indiqué
à l’AFP un haut responsable policier kényan sous couvert de
l’anonymat.

"Nous
avons envoyé nos avions de chasse sur place", a-t-il ajouté,
sans préciser si ces bombardements avaient fait des victimes.

M. Zenawi
a en outre demandé instamment au gouvernement somalien "d’empêcher
le retour au pouvoir des chefs de guerre", après la défaite
des tribunaux islamiques.

Les chefs
de guerre ont régenté la capitale somalienne du début
de la guerre civile en 1991, jusqu’à leur défaite à Mogadiscio
face aux milices islamistes en juin-juillet 2006. Ces dernières ont
été défaites par l’armée éthiopienne et
les forces somaliennes en douze jours de combats meurtriers, qui ont débuté
le 20 décembre.

Le
gouvernement somalien a ainsi affirmé mardi contrôler "le
sud et le centre de la Somalie", à savoir toutes les régions
tenues depuis des mois par les islamistes.

Ce qu’a
confirmé le président somalien Abdulahi Yusuf Ahmed à
son homologue kényan Mwai Kibaki, qui l’a reçu dans l’après-midi
dans sa résidence de Mombasa, sur la côte de l’océan Indien.
M. Kibaki a appelé "toutes les parties somaliennes à reprendre
le dialogue".

Signe
d’apaisement, le trafic aérien pour "tous types d’appareils, commerciaux
et humanitaires" sera de nouveau autorisé à partir de mercredi
à l’aéroport de Mogadiscio, a annoncé le gouvernement
qui avait fermé toutes les frontières du pays le 25 décembre.

Mais
dans la capitale, le désarmement, qui devait commencer mardi sur une
base volontaire, n’a pas débuté: aucun milicien ne s’est présenté
pour rendre ses armes dans les deux centres mis en place par le gouvernement.

Seuls
des soldats éthiopiens étaient présents avec des chars
d’assaut dans le premier centre, situé dans la Villa Baïdoa, dans
le sud de la ville. Quant au deuxième centre situé dans l’ancien
port, dans le nord, il était occupé par des enfants jouant au
football.

Le Premier
ministre Ali Mohamed Gedi a donné trois jours aux miliciens pour désarmer
volontairement, de mardi à jeudi. Passé ce délai, il
a menacé de "faire usage de la force".

De nombreux
habitants de Mogadiscio sont très réticents à rendre
leurs armes. Le gouvernement n’a pas prévu de compensation financière
pour les personnes qui accepteraient de rendre leurs armes, mais a promis
de les intégrer dans les forces de sécurité et de leur
donner des formations professionnelles si ils le souhaitent.

Le Premier
ministre somalien a par ailleurs affirmé mardi que onze combattants
islamistes, parmi lesquels des Erythréens, avaient été
arrêtés par les autorités kényanes alors qu’ils
tentaient d’entrer au Kenya.

Le
Kenya a confirmé détenir huit hommes – dont des Erythréens
– soupçonnés d’avoir combattu aux côtés des islamistes
en Somalie. Ils ont été arrêtés à la frontière
entre la Somalie et le Kenya, à Liboi (550 km au nord-est de Nairobi).

Les combattants
islamistes ont fui en direction du Kenya, et se cacheraient dans une forêt
au niveau de Ras Kamboni, à la frontière entre les deux pays.

Enfin,
environ 4.000 Somaliens, qui ont fui les combats, sont bloqués à
Dhobley, à la frontière avec le Kenya qui refuse de les laisser
entrer pour des raisons de sécurité.