10/01/07 (B377) NouvelObs (/AP) Les Etats-Unis de retour en Somalie, avec des objectifs plus limités.

De
retour en Somalie, les Etats-Unis gardent un très mauvais souvenir
de leur intervention manquée dans ce pays d’Afrique de l’Est, qui s’était
soldée en 1993 par la mort de 18 GI’s. Leurs objectifs apparaissent
cette fois plus limités.

L’aviation
américaine a bombardé lundi et mardi des objectifs dans le sud
de la Somalie, visant des combattants islamistes soupçonnés
d’avoir participé aux attentats contre les ambassades des Etats-Unis
au Kenya et en Tanzanie (225 morts) en 1998.

Les Etats-Unis étaient intervenus en
Somalie il y a 14 ans dans le cadre d’une vaste opération humanitaire
sous l’égide des Nations unies, pour aider des milliers de civils en
proie à la famine, dans un pays déchiré par les affrontements
entre clans. Les premiers soldats américains sont arrivés en
décembre 1992.

Leur mission, assurer le maintien de la paix
et s’opposer à un des principaux chefs de guerre locaux, tournera vite
au cauchemar -dépeint dans le film « La Chute du Faucon Noir ».
En octobre 1993, des miliciens abattent un hélicoptère Blackhawk:
18 soldats américains meurent dans le crash et l’opération de
secours engagée après l’attaque. Les images des cadavres américains,
traînés par les miliciens, feront le tour du monde.

Bill Clinton, alors à la Maison Blanche,
promet de ne jamais plus déployer de troupes si les intérêts
américains ne sont pas clairement mis en jeu. Les derniers soldats
américains quittent la Somalie en mars 1994, un an avant le départ
des Casques bleus de l’ONUSOM.

Pendant longtemps, les Etats-Unis suivront
de loin la situation en Somalie. Les attentats du 11 septembre 2001 changent
la donne et Washington s’intéresse de nouveau à cette partie
du monde, redoutant que la Somalie ne se transforme en base arrière
du mouvement terroriste Al-Qaïda.

Des Marines sont déployés en
2002 à Djibouti, tandis qu’une Force conjointe d’environ 1.800 hommes
est chargée de tâches de renseignement et de formation pour les
militaires des pays voisins -notamment les garde-côtes au Yémen
et au Kénya. La CIA a parallèlement poursuivi ses activités
de renseignement, traquant en particulier le cerveau présumé
des attentats de 1998, le Comorien Fazul Abdullah Mohammed.

D’après le secrétaire général
de la présidence somalienne Abdirizak Hassan, cet homme de 32 ans a
été tué lundi lors d’un raid américain dans le
sud de la Somalie -information non confirmée à Washington.

Au cours des dernières semaines, le
Conseil des tribunaux islamiques qui contrôlait une grande partie de
la Somalie depuis l’été a été renversé
avec l’aide des forces éthiopiennes, intervenues après des mois
de consultations avec les principaux responsables militaires et diplomatiques
américains. Des bâtiments américains ont également
été déployés au large de la Somalie, pour empêcher
la fuite ou l’infiltration de combattants islamistes et militants étrangers.

Les Etats-Unis demandent à présent
la mise en place d’une force de maintien de la paix pour soutenir le gouvernement
de transition, internationalement reconnu, du président somalien Abdullahi
Youssouf. Cette force serait d’abord composée de soldats africains,
puis de casques bleus, a déclaré mardi le haut représentant
de l’UE pour la politique étrangère, Javier Solana.

Le secrétaire général
des Nations unies Ban Ki-moon s’est de son côté déclaré
« préoccupé » des risques d' »escalade » en
Somalie après les bombardements américains en Somalie, « en
dépit des motifs de cette action militaire ». AP