11/01/07 (B377) L’HUMANITE : Enquête sur un crime d’État (Info lectrice).

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Journal l’Humanité
Rubrique Tribune libre
Article paru dans l’édition du 8 janvier 2007.

Toujours
pas élucidé, l’assassinat du juge Borrel, il y a onze
ans, pointe les zones troubles de la coopération franco-djiboutienne.

Un
juge assassiné,

Élisabeth
Borrel, Éditions Flammarion, 2006, 380 pages, 21 euros.

Ce livre
rédigé avec le concours de Bernard Nicolas, journaliste à
Canal Plus, raconte une interminable et toujours inachevée quête
de la vérité.

Celle
menée par Élisabeth Borrel, épouse du juge Bernard Borrel,
dont le corps calciné avait été découvert

le 19
octobre 1995 dans un lieu désertique et rocailleux à 80 kilomètres
de Djibouti. Le magistrat coopérait depuis un an au ministère
de la Justice de Djibouti. Avant même que le corps ne soit examiné,
l’ambassade de France diffusait un communiqué catégorique
: « Bernard Borrel s’est donné la mort. » Une thèse
commune aux autorités des deux pays, qui perdurera jusqu’en 2002.

Quelques
jours plus tard, la famille regagne Toulouse. Le corps est rapatrié
deux semaines après et enterré le 4 novembre. Élisabeth
Borrel sort progressivement de son hébétude et commence à
poser des questions. Les réponses font sursauter cette magistrate ;
débute alors son parcours de combattante, qui fait la trame de cet
ouvrage. Une certitude s’en dégage, celle de la collusion flagrante
des autorités djiboutienne et française pour entraver toute
enquête digne de ce nom. Et une interrogation toujours sans réponse
aujourd’hui : pourquoi un tel entêtement dans le refus de répondre
et le mensonge pur et simple ?

Plusieurs
hypothèses sont évoquées.

La plus
fréquemment retenue est que Bernard Borrel, de par ses charges, aurait
recueilli des informations gênantes pour l’actuel président
Guelleh sur l’attentat commis en septembre 1990 au Café de Paris
(un mort et onze blessés), lieu traditionnel de rendez-vous de la diaspora
française. Attentat qui avait servi de prétexte à de
véritables rafles décimant l’opposition politique.

Il
est aussi question de trafic d’armes, dont Djibouti est une plaque tournante.
Élisabeth Borrel évoque un autre trafic, celui de l’uranium,
qui impliquerait des lobbies africains et des sociétés européennes.
Rien n’interdit de penser que ces motifs ne se contredisent pas, mais
ont pu au contraire s’additionner.

Jean
Chatain