15/01/07 (B378) REUTERS : L’UE « préoccupée » par les opérations américaines en Somalie.

BRUXELLES
(Reuters) – La Commission européenne s’est déclarée lundi
"préoccupée" par les opérations militaires
américaines en Somalie au moment où la priorité est selon
elle la réconciliation nationale d’un pays ravagé par la guerre.

"Quelles
que soient leurs motivations, ces attaques militaires sont préoccupantes",
a dit le commissaire européen au Développement, Louis Michel,
après avoir rencontré le président du parlement transitoire
somalien, Sharif Hassan Sheikh Aden.

Les Etats-Unis
ont attaqué la semaine dernière dans le Sud de la Somalie des
campements qui seraient liés à Al Qaïda après la
déroute des tribunaux islamiques défaits fin décembre
par les forces armées éthiopiennes et le gouvernement somalien.

Selon
l’ONG britannique Oxfam, ces attaques aériennes lancées contre
les islamistes en fuite ont fait des victimes civiles, dont 70 bergers nomades
tués par erreur. Washington et Addis-Abeba ont démenti avoir
visé des populations civiles.

Pour Louis
Michel, la préoccupation est partagée par l’Onu, l’Italie, la
Suède et la Ligue arabe: outre les victimes civiles, ils craignent
une "escalade militaire dans le Sud".

"Bien
sûr, nous ne croyons pas aux actions militaires, nous ne croyons pas
aux bombardements", a ajouté Michel qui a déclaré
ne pas avoir "d’informations confirmées sur la présence
dans ce pays d’éléments d’Al Qaïda".

Même
son de cloche du côté somalien.

"Nous
ne savons pas", a expliqué Hassen Scheikh Aden tout en admettant
que son pays, où aucune autorité centrale ne s’exerce depuis
15 ans, a pu être infiltré par des "djihadistes".

"Les
forces militaires ne peuvent résoudre les problèmes en Somalie",
a-t-il ajouté aux côtés du commissaire.

CONTRE
LA LOI MARTIALE

Louis
Michel s’est toutefois dit d’accord sur l’essentiel avec les Américains
sur la priorité à privilégier.

"Nous
pensons que la seule manière est de soutenir la réconciliation",
a-t-il dit lors d’un point de presse.

Il ne
s’est pas privé de critiquer fortement l’état d’urgence décrété
samedi dernier pour une période de trois mois par les autorités
somaliennes, ce qui a pour effet de suspendre la reconstruction des institutions
démocratiques.

En dépit
de ses succès militaires, le gouvernement, qui tente de s’établir
dans la capitale, Mogadiscio, doit en effet relever le défi du rétablissement
de la paix et de la sécurité dans ce pays sans pouvoir central
depuis 1991.

"Je
comprends les préoccupations de sécurité, mais la mise
entre parenthèses de l’ordre constitutionnel est porteur de grand risque",
a estimé le commissaire européen. "Tous les partenaires
veulent un processus inclusif. Comment peut-on mettre en oeuvre un processus
inclusif si on met le parlement de côté?"

L’UE,
qui s’est déclaré prête à libérer immédiatement
des fonds, a appelé au départ rapide des troupes éthiopiennes
et au déploiement d’une force internationale de paix.

Mais les
incidents qui ont éclaté vendredi à Mogadiscio, au moment
où des chefs de guerre négociaient avec le gouvernement provisoire
leur ralliement au sein d’une nouvelle armée nationale, illustrent
l’ampleur de la tâche à accomplir.

Pour l’heure,
les efforts entrepris par le gouvernement pour collecter les armes en circulation
dans la capitale n’ont guère produit de résultat et la population
locale s’interroge sur sa capacité à maintenir la stabilité
relative qui y régnait sous la coupe des tribunaux islamiques.

L’IGAD,
autorité intergouvernementale réunissant plusieurs pays d’Afrique
de l’Est, ainsi que l’Union africaine ont donné un accord de principe
à l’envoi d’une force de 8.000 soldats chargés du maintien de
la paix.