21/01/07 (B379) REUTERS : Le Kenya remet à la Somalie des islamistes présumés. (Info lectrice)

Par
Sahal Abdulle


MOGADISCIO (Reuters) – Le Kenya a remis à la Somalie une trentaine
d’islamistes présumés, capturés à sa frontière
après la récente offensive des forces gouvernementales somaliennes
appuyées par l’armée éthiopienne.

Les
détenus, menottés et les chevilles entravées, ont été
embarqués à bord d’un avion qui est arrivé samedi soir
à Mogadiscio. Ils ont été placés sous la garde
de soldats éthiopiens, a-t-on confirmé dimanche de source gouvernementale
somalienne.

Parmi
eux figurent plusieurs responsables de l’Union des tribunaux islamistes (UTI)
qui ont contrôlé Mogadiscio et le sud de la Somalie de juin à
décembre derniers, avant d’être chassés par les gouvernementaux
et les Ethiopiens, a affirmé le porte-parole du gouvernement somalien,
Abdirahman Dinari.

"Nous
remercions le gouvernement kenyan et les autres nations de la Corne de l’Afrique
pour leur remarquable coopération face au terrorisme", a-t-il
dit.

Les suspects,
a-t-il poursuivi, seront interrogés. "S’ils ont quelque chose
à se reprocher, ils seront jugés; sinon, ils retrouveront la
liberté."

"Ils
avaient des chaînes aux chevilles, des menottes aux poignets, les mains
derrière le dos. Comme à Guantanamo", a raconté
à Reuters à Nairobi un avocat kenyan, Harun Ndubi, représentant
des suspects, qui seraient d’après lui au total 34.

"L’Ethiopie
les considère comme des ennemis et je crains qu’ils ne subissent le
même sort que Saddam Hussein", a-t-il ajouté.

Des habitants
de Mogadiscio ont déclaré que les prisonniers avaient été
internés à la base militaire de Halane, près de l’aéroport
de la capitale somalienne, de sinistre réputation car c’est là
qu’avaient lieu les exécutions du temps de la dictature de Mohamed
Siad Barré, renversé en 1991.

UN
CANADIEN, TROIS ÉRYTHRÉENS

Harun
Ndubi a précisé que parmi les suspects figure un ressortissant
canadien, Bashir Ahmed Makhtat, originaire de l’Ogaden, région éthiopienne
dont la population est d’ethnie somali. Trois autres prisonniers se sont présentés
comme des commerçants érythréens.

Un homme
politique kenyan, Farah Maalim, représentant de certains des prisonniers,
a protesté contre leur expulsion vers Mogadiscio. "On m’a interdit
des les voir. J’ai vainement essayé d’entrer en contact avec eux",
a-t-il dit au journal kenyan Standard.

La remise
des islamistes présumés à Mogadiscio est intervenue après
de nouvelles violences dans la capitale somalienne en fin de semaine.

Samedi
matin, des soldats somaliens et éthiopiens ont été attaqués
sur un marché de la ville et quatre personnes ont été
tuées dans l’accrochage.
La veille au soir, des tirs de mortier avaient visé le palais présidentiel,
la Villa Somalia.

L’Union
africaine, qui a décidé vendredi d’envoyer une force africaine
de maintien de la paix en Somalie, a souligné que les violences de
Mogadiscio mettaient en évidence la nécessité d’un déploiement
rapide de ces troupes.

Le conseil
de paix et de sécurité de l’UA a approuvé vendredi soir,
peu avant l’attaque contre la Villa Somalia, l’envoi de 7.650 hommes pour
une durée de six mois dans le pays.

Seul l’Ouganda
a annoncé publiquement qu’il enverrait un contingent en Somalie. Mais
Saïd Djinnit, commissaire à la sécurité de l’UA,
a indiqué qu’un autre pays s’y était aussi engagé, ce
qui fait espérer que trois premiers bataillons de 850 hommes chacun
pourraient être sur place "dans quelques semaines".

L’UA souhaite
que les Nations unies prennent le relais ultérieurement.