01/02/07 (B380) REUTERS : L’Union africaine en quête de troupes pour la Somalie (Info lectrice)

ADDIS-ABEBA
(Reuters) – Les dirigeants africains réunis à Addis-Abeba s’emploient
à boucler la force de maintien de la paix régionale appelée
à remplacer le corps expéditionnaire éthiopien, qui a
chassé de Mogadiscio les milices islamiques en y installant le gouvernement
transitoire internationalement reconnu.

L’Ethiopie,
qui considère sa mission accomplie, aura achevé son retrait
d’ici la mi-février et, pour conjurer le spectre d’un vide sécuritaire
propice à un retour à l’anarchie dans l’ancienne colonie italienne,
l’UA projette d’y déployer quelque 8.000 hommes, mais il lui en manque
encore aujourd’hui la moitié.

Au siège
de l’UA, dans la capitale éthiopienne, on souligne que le financement
est la clé de cette opération, pour laquelle l’Union européenne
a annoncé dans la journée avoir débloqué une enveloppe
de 15 millions d’euros, alors que le Premier ministre éthiopien Meles
Zenawi reprochait aux Occidentaux de tarder à concrétiser leurs
promesses d’aide.

L’Ouganda,
le Nigeria, le Malawi ont promis des contingents. Le Ghana, nouveau président
de l’UA en lieu et place d’un Soudan désavoué pour son attitude
au Darfour, s’est joint à eux. Le Bénin, le Mozambique, la Tanzanie
et la Zambie pourraient suivre. Et l’Algérie a promis une douzaine
de gros porteurs pour mettre en place le pont aérien nécessaire.

La future
force semble donc devoir s’étoffer, mais nombre de pays répugnent
à envoyer des troupes en Somalie, l’un des pays les plus dangereux
du monde, qui peine à émerger de 15 ans de chaos, d’anarchie
et de règne sanglant des chefs de guerre et de clans armés –
auxquels les milices islamistes avaient mis fin il y a six mois.

MISE
EN GARDE ISLAMISTE ET PROCESSUS DE RECONCILIATION

Sur un
site islamiste somalien est d’ailleurs apparu mardi un message censé
émaner d’un "Mouvement de résistance populaire" avertissant
les soldats qui participeront à la force de l’UA en ces termes: "La
Somalie n’est pas un lieu où on peut venir gagner un salaire. C’est
un lieu ou vous risquez de mourir. Le salaire que vous venez y chercher passera
dans le rapatriement de votre cercueil."

Un responsable
de la sécurité somalienne a minimisé cette mise en garde:
"Je ne crois pas que ce groupe existe. Ils rêvent tout éveillés.
Les islamistes ont été totalement écrasés. Ils
ne peuvent plus resurgir." La secrétaire d’Etat américaine
adjointe aux Affaires africaines, Jendayiu Frazer, a jugé pour sa part
que le message ne visait qu’à intimider l’UA et la communauté
internationale pour qu’elles délaissent la Somalie.

Le président
somalien Abdoullahi Youssouf a annoncé mardi au sommet de l’UA qu’il
allait prochainement organiser une conférence de réconciliation
auxquels chefs de clans, notables religieux et leaders politiques seraient
conviés pour discuter de l’avenir du pays.

Encouragé
par les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Ethiopie et le secrétaire
général de l’Onu Ban Ki-moon à bannir tout sentiment
de revanche et de triomphalisme et à prendre une telle initiative sans
en exclure les islamistes modérés, Youssouf a assuré:
"Quiconque souhaite la paix est citoyen de chez nous et nous sommes prêts
à coopérer avec lui."

Louis
Michel, commissaire européen au Développement et à l’Aide
humanitaire, qui avait conditionné l’aide européenne à
une ouverture vers les islamistes et autres adversaires des institutions fédérales
transitoires, s’est dit "impressionné" par la détermination
de Youssouf à oeuvrer à la réconciliation en Somalie.

Jean-Marie
Guéhenno, chef des opérations de maintien de la paix de l’Onu,
qui assiste lui aussi au sommet africain a confié pour sa part à
Reuters que "la vigueur du processus politique" en Somalie serait
la clé de sa stabilisation. "Toute force, pour être tenable,
doit être acceptée par une large gamme de Somaliens, donc elle
doit être solidement soutenue par un bon processus politique global."