19/02/07 (B383) Nouvel Obs : Affaire Borrel : le président djiboutien convoqué

La juge
chargée de l’enquête sur la mort du magistrat français
a demandé à entendre comme témoin, vendredi à
Paris, le président Ismail Omar Guelleh. La Chancellerie rappelle qu’il
est protégé par l’immunité.

La juge
d’instruction parisienne chargée de l’enquête sur la mort du
magistrat français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti a convoqué
comme témoin le président de ce pays africain, Ismaël Omar
Guelleh, attendu à Cannes pour le sommet France-Afrique jeudi et vendredi,
a-t-on appris mercredi 14 février de sources judiciaires.

La
magistrate Sophie Clément a convoqué le président djiboutien
pour vendredi, a-t-on précisé de mêmes sources. Il est
peu vraisemblable que l’intéressé se rende à la convocation,
d’autant plus qu’il est protégé par l’immunité dont bénéficient
tous les chefs d’Etat en exercice.

Le ministère
français de la Justice a souligné mercredi dans un communiqué
"qu’au regard de la coutume internationale et de la loi, les chefs d’Etat
disposent des mêmes immunités que les diplomates et en conséquence
ne peuvent être contraints de témoigner dans le cadre d’une procédure
judiciaire française". La Chancellerie rappelle également
que les demandes adressées aux chefs d’Etat "doivent obéir
aux formes particulières prévues par la loi".

Plainte
pour assassinat

Sur
les 53 pays africains, 39 seront représentés par leur chef d’Etat
ou de gouvernement au 24e sommet France-Afrique jeudi et vendredi.

En octobre
2006, la juge Clément a lancé deux mandants d’arrêt internationaux
contre deux Djiboutiens soupçonnés d’être impliqués
dans l’éventuel assassinat de Bernard Borrel. Elle souhaite notamment
recueillir les ADN de ces hommes pour les comparer aux traces découvertes
récemment sur le short que portait le magistrat le jour de son décès.

Bernard
Borrel, magistrat français détaché à Djibouti,
a été retrouvé mort et brûlé le 19 octobre
1995 à 80km de la capitale djiboutienne. Ce dossier empoisonne les
relations entre Paris et Djibouti, qui accueille une importante base militaire
française.

La
veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, accuse en effet le président
Ismaël Omar Guelleh d’être le commanditaire de l’assassinat de
son mari, ce que conteste Djibouti.

Elisabeth
Borrel a déposé plainte pour assassinat. L’enquête, instruite
à Paris depuis 1997, a vu se succéder quatre juges d’instruction.
Les premiers avaient conclu au suicide de M. Borrel mais depuis, des expertises
nouvelles réalisées sur le corps exhumé rendent une mort
brutale plus vraisemblable. (AP)