23/02/07 (B383) L’HUMANITE : Afro-optimisme de façade – Sommet Afrique-France . Malgré les allusions aux crises, les intervenants de la cérémonie d’ouverture ont affiché leur confiance. (Info lectrice)

De
Cannes, envoyée spéciale de l’Humanité.

« On ne peut plus dire que l’Afrique est un continent
perdu », a martelé John Kufuor, président du Ghana et
actuel dirigeant de l’Union africaine. Croissance économique
supérieure à 5 %, nombre de plus en plus important de présidents
démocratiquement élus, et même, volonté accrue
de résoudre les conflits : les chefs d’État qui ont pris
la parole hier à Cannes, pour la séance d’ouverture du
24e Som- – met Afrique-France, ont tous mis l’accent sur l’amélioration
depuis dix ans de la situation en Afrique.

Interpellant les médias, Kufuor a estimé qu’il était
temps « que le monde reconnaisse les progrès accomplis par le
continent au niveau des droits de l’homme et de la bonne gouvernance
». Un discours qui prenait une saveur particulière devant l’aréopage
de présidents sagement assis derrière le pupitre de l’orateur
: le président gabonais Omar Bongo, qualifié de « cher
doyen » par le Malien Amadou Amani Touré, en raison de ses 40
années au pouvoir, Idriss Deby à la tête du Tchad depuis
un coup d’État en 1989 ou encore le Djiboutien Omar Gelleh, convoqué
vendredi par la justice française comme témoin dans l’enquête
sur l’assassinat en 1995 du juge Borrel dans son pays…

Pour son denier sommet parmi ses « amis » africains, Jacques Chirac
a aussi eu droit à un concert de louanges. Chacun a salué son
implication « personnelle » en faveur de l’Afrique, notamment
ses efforts pour faire entendre sa voix dans les instances internationales.
Le président français a tenu lui à répondre aux
critiques, assumant le caractère affectif de son attachement au continent,
justifiant les interventions militaires françaises au Tchad et en Centrafrique
et rappelant que « la France a doublé, depuis ces quatre dernières
années, son aide à l’Afrique ». S’exprimant
comme s’il ne faisait aucun doute que sa politique africaine serait
reprise par son successeur, il a assuré que la France « continuera
à respecter les accords de défense ».

Les crises africaines, objet majeur des discussions informelles, ont également
été évoquées. Devant un président soudanais
impassible, l’Allemande Angela Merkel actuelle présidente de
l’Union européenne et du G8, a rappelé la volonté
de l’UE, en collaboration avec l’UA et l’ONU, « d’améliorer
le sort des populations du Darfour ». En marge du sommet, une rencontre
autour de ce conflit et de ses conséquences régionales entre
les présidents soudanais, centrafricain, tchadien et égyptien,
en présence de John Kufuor devait finalement avoir lieu hier, après
des jours de tergiversation.

La situation au Zimbabwe a également fait l’objet de l’attention
de Merkel qui a lancé un appel au dialogue en Somalie. Le Malien Touré
et Kufuor ont insisté sur la nécessité de régler
rapidement la crise en Guinée, dont le président a décrété
lundi la loi martiale, après avoir fait tirer sur la foule qui demande
sa démission. En évoquant la Côte d’Ivoire, Chirac
s’est offert une dernière pique contre Gbagbo par une allusion
non voilée aux conditions « calamiteuses » d’élection
du président ivoirien, sous forme de référence aux crises
qui « prennent souvent naissance dans des scrutins discutab
les
».

C. B.