04/03/07 (B385-A) Rapt en Ethiopie : sans nouvelle des Européens, 5 Ethiopiens retrouvés

Par Emmanuel GOUJON

ADDIS ABEBA (AFP) – Les
recherches se poursuivaient dimanche pour retrouver les cinq touristes européens
et plusieurs Ethiopiens capturés jeudi par des hommes armés
dans le nord-est de l’Ethiopie, alors que cinq des Ethiopiens enlevés
ont été retrouvés selon l’agence éthiopienne ENA.

L’affaire a pris une dimension régionale samedi soir lorsqu’un responsable
local éthiopien a accusé des « soldats érythréens »
d’être les ravisseurs, ce qu’Asmara a immédiatement démenti.
Le gouvernement éthiopien n’avait toujours pas réagi dimanche
à cette affirmation.

Cinq des 13 Ethiopiens kidnappés ont été retrouvés
par les forces éthiopiennes de sécurité, selon l’agence
d’information ENA (officielle), qui n’a précisé ni l’identité
ni la nationalité des kidnappeurs. « Les otages éthiopiens
ont marché trois à quatre heures depuis Hamed Ela (où
ils avaient été enlevés) vers la frontière érythréenne
avant de revenir », ajoute ENA qui cite un responsable de la sécurité
fédérale s’exprimant sous couvert d’anonymat. L’agence ne précise
s’ils se sont enfuis ou s’ils ont été libérés.

Le groupe de touristes a été attaqué jeudi à l’aube
à Hamed Ela, localité située à une cinquantaine
de km de la frontière érythréenne, selon la police éthiopienne.

Leurs véhicules ont été retrouvés détruits,
et les passagers ont été emmenés par les ravisseurs,
selon des sources concordantes.

Les cinq Européens – deux femmes et trois hommes – sont tous liés
à l’ambassade britannique à Addis Abeba. Londres a dépêché
samedi en Ethiopie une équipe pour aider à retrouver le groupe.
L’une des touristes a la double nationalité britannique et italienne,
selon le ministère italien des Affaires étrangères. L’autre
pourrait être de nationalité française, alors que les
trois hommes sont britanniques, selon des sources proches de l’enquête.

« Nous continuons de vérifier qu’aucun (…) Français ne
se trouve dans la zone concernée », a déclaré dimanche
le ministre français des Affaires étrangères, Philippe
Douste-Blazy. Les Ethiopiens sont des chauffeurs, guides, cuisiniers et policiers,
ainsi que des officiels du gouvernement de la région Afar (nord-est),
selon des sources concordantes. Le groupe visitait cette région réputée
pour ses lacs de sel et ses volcans, situés non loin de la frontière
avec l’Erythrée.

Samedi, le président de la région Afar, Ismael Ali Sero, avait
déclaré à l’AFP que les touristes avaient été
kidnappés « par des soldats érythréens et emmenés
en Erythrée ». Asmara, qui entretient des relations très
tendues avec Addis Abeba depuis leur guerre frontalière (1998-2000),
a démenti cette affirmation la qualifiant d' »absurde » et
rappelant que des soldats de la Mission des Nations unies en Ethiopie et en
Erythrée (Minuee) patrouillent le long de la frontière entre
les deux pays.

La Minuee n’était pas joignable dimanche.

La région où l’enlèvement a eu lieu est « un désert
isolé, mais l’Erythrée est un petit pays (121.000 km2) avec
une importante armée (environ 200.000). Elle sait ce qui se passe »
sur son territoire, a expliqué un analyste occidental basé en
Erythrée, notant que « la discipline de l’armée (érythréenne)
est absolue ».

A Asmara, la population faisait part dimanche de son incrédulité
mais aussi de son inquiétude. « Je ne comprends pas qui est responsable
(de l’enlèvement). Mais on sait que l’Ethiopie cherche un prétexte
pour attaquer » l’Erythrée, a affirmé un jeune Erythréen
qui a participé à la guerre contre l’Ethiopie.

Par ailleurs, la France a levé définitivement
l’incertitude qui planait sur le sort de sept touristes français qui
voyageaient aussi dans le nord-est de l’Ethiopie. Ce groupe a pu rencontrer
dimanche à Mekele (nord-est) un représentant de l’ambassade
de France.