05/03/07 (B385-A) AFP / Rapt en Ethiopie : un touriste français « arrivé après la bataille » raconte.

Par
Aaron MAASHO

MEKELE (AFP) – « Nous sommes arrivés après la bataille »,
raconte à l’AFP Patrick Dudescu, un touriste français arrivé
à Hamed Ela peu après l’enlèvement, jeudi dans ce village
du nord-est de l’Ethiopie, de cinq touristes européens et d’une dizaine
d’Ethiopiens.

Il est l’un des sept touristes – quatre Français, un Suisse et de deux
Monégasques – dont on a été sans nouvelles durant plusieurs
jours. Ces sept touristes voyageaient dans la région Afar (nord-est)
où ont été kidnappés cinq européens – travaillant
pour l’ambassade britannique à Addis Abeba ou proches des membres du
personnel de l’ambassade- et plusieurs Ethiopiens.

« On a pu voir plusieurs voitures brûlées, une qui
portait des impacts de balles. Le site était entouré d’hommes
armés », explique ce Parisien.

Selon des sources concordantes, les véhicules des touristes kidnappés
ont été détruits, avant que le groupe ne soit emmené
par leurs ravisseurs.

« A nous, il n’est absolument rien arrivé. A aucun moment nous
ne nous sommes sentis en insécurité », assure Patrick Dudescu,
rentré sain et sauf dimanche dans la ville de Mekele (nord-est) avec
ses six compagnons français de voyage.

Il faisait partie d’un groupe de touristes français qui voyageaient
dans le nord-est de l’Ethiopie, et dont on a été sans nouvelles
pendant plusieurs jours jusqu’à samedi à cause de problèmes
de communications.

« On est arrivé jeudi après-midi à Hamed Ela, juste
après l’enlèvement des Britanniques. On a vu arriver des hommes
armés de Kalachnikov qui nous ont arrêtés et nous ont
dit qu’il y avait eu un incident », poursuit-il.

« L’armée éthiopienne nous a protégés. On
a été mis dans une cave à Hamed Ela par les autorités
pour nous protéger. Nous y avons passé une nuit en pensant que
nous pourrions aller à Dallol (lac de lave dans la région),
mais le lendemain, l’armée nous a dit d’évacuer, alors on est
rentré », explique-t-il.

Selon lui, les habitants du village de Hamed Ela, un marché du sel
qui sert aussi de base aux agences de voyage pour visiter la région
Afar, une zone volcanique connue pour ses lacs et lacs de sel, « étaient
très tendus ».

« Ils ne savaient pas qui les avaient attaqués en pleine nuit,
s’il s’agissait d’une autre tribu ou de brigands. Beaucoup portaient des armes,
ils n’étaient pas contents », se rappelle Patrick Dudescu, passionné
de vulcanologie.

« Nous n’avons pas vu ou entendu d’hélicoptères, mais il
y avait quelques véhicules militaires. Cela dit, dans cette région,
les camions ne passent pas, il n’y a que les chameaux ou les pieds »,
raconte-t-il.

Les autorités éthiopiennes ont déployé
des forces de sécurité dans la région pour tenter de
retrouver les personnes kidnappées.

Dimanche, l’agence éthiopienne d’information (ENA, officielle)
a annoncé que « cinq des 13 Ethiopiens » enlevés avaient
été retrouvés par les forces de sécurité.

Le président de la région Afar, Ismail Ali Sero, a affirmé
samedi à l’AFP que les ravisseurs étaient des « soldats
érythréens qui ont emmené les touristes en Erythrée ».
Mais cette thèse n’a pas été confirmée de source
indépendante, ni par le gouvernement éthiopien. Asmara a démenti.

« Notre guide nous a expliqué que des gens avaient été
enlevés, des Anglais. Là on a compris et on s’est dit qu’on
avait eu beaucoup de chance », conclut le touriste français.