05/03/07 (B385-A) REUTERS / L’Erythrée pointe du doigt l’Ethiopie sur les disparitions.

ADDIS-ABEBA
(Reuters) – L’Erythrée a dénoncé dimanche les « accusations
sans fondement » lancées par un responsable éthiopien sur
l’implication de soldats érythréens dans l’enlèvements
d’un groupe de touristes, comprenant des Britanniques et des Ethiopiens, dans
le nord-est de l’Ethiopie.

Cinq Britanniques, parmi lesquels figureraient des diplomates de l’ambassade
à Addis-Abeba, ont été disparu cette semaine en même
temps que 13 Ethiopiens, chauffeurs et traducteurs dans la région inhospitalière
de l’Afar.

Ismaël Ali Sero, qui dirige la région administrative éthiopienne
de l’Afar, a accusé samedi l’armée érythréenne
d’avoir enlevé les touristes. Selon lui, les soldats venaient du camp
militaire d’Arat, en Erythrée, et ont incendié quatre véhicules
et deux maisons avant de regagner leur pays en emmenant leurs otages.

Le ministre érythréen de l’Information, Ali Abdou, a démenti
toute implication d’Asmara et a accusé l’Ethiopie d’avoir orchestré
l’enlèvement pour servir ses propres intérêts dans le
cadre du conflit qui l’oppose depuis des années à l’Erythrée.

« C’est une pure invention, c’est sans fondement. L’Erythrée n’a
rien à voir là-dedans. Ça s’est passé à
l’intérieur du territoire éthiopien », a déclaré
Abdou par téléphone à Reuters.

« Le régime éthiopien essaie d’exploiter cette affaire à
des fins politiques. Ils font sauter des bombes et accusent ensuite l’Erythrée.
C’est une mise en scène éthiopienne », a-t-il ajouté.

L’Ethiopie et l’Erythrée se sont livré une guerre entre 1998
et 2000 en raison d’un différend frontalier, qui perdure malgré
les efforts de paix internationaux.

Selon l’agence de presse éthiopienne ENA, cinq des 13 Ethiopiens ont
été retrouvés samedi par une patrouille éthiopienne
près de la frontière de l’Erythrée.

Elle n’a pas dit si ces cinq personnes avaient été relâchées
par leurs ravisseurs ou si elles avaient réussi à s’échapper.

ENA, qui cite un responsable des forces de sécurité, précise
que les recherches ont été intensifiées pour retrouver
les autres disparus.

LES SEPT TOURISTES FRANÇAIS RETROUVÉS

« Selon ce responsable, cinq des 13 Ethiopiens enlevés par des
hommes armés jeudi ont rejoint les forces de sécurité
éthiopiennes dans le secteur après avoir atteint la frontière
érythréenne en venant de Hamedala, à trois ou quatre
heures de marche », ajoute ENA.

Hamedala est la ville éthiopienne où les touristes ont été
enlevés en pleine nuit jeudi dernier, selon le directeur de la région
de l’Afar.

Le gouvernement britannique s’est refusé à tout commentaire
sur les accusations formulées par l’Ethiopie à l’encontre de
l’Erythrée mais il a précisé qu’il avait dépêché
une équipe constituée de responsables du Foreign Office pour
participer aux efforts diplomatiques en vue de la libération des touristes.

« C’est un sujet de grande importance pour le Foreign Office, comme ça
le serait pour tout autre touriste britannique », a déclaré
le ministre des Affaires européennes, Geoff Hoon, sur la chaîne
de télévision britannique ITV 1.

« Mais évidemment le personnel du Foreign Office est particulièrement
impliqué parce qu’il s’agit de leurs collègues, de leurs familles
et d’importants efforts sont menés pour permettre leur libération »,
a-t-il ajouté.

Une petite équipe, composée de membres de l’ambassade de Grande-Bretagne,
s’est rendue à Mekele, la plus grande ville de la région. Les
forces de sécurité éthiopiennes ont également
entrepris des recherches dans cette zone.

L’Afar, région située aux confins de l’Ethiopie, de l’Erythrée
et de Djibouti, est peuplée principalement de bergers. Elle a été
le théâtre dans les années 1990 d’une guérilla
séparatiste.

Sept touristes français dont on était sans nouvelles dans la
même région ont par ailleurs été retrouvés
dimanche.

« Nous étions jusqu’ici dans l’incertitude sur le groupe de sept
touristes français. Ils sont désormais à Mekele où
un représentant de notre ambassade a pu les rencontrer », a précisé
dans un communiqué le ministre français des Affaires étrangères,
Philippe Douste-Blazy.