08/03/07 (B385-B) Sans nouvelle des cinq otages européens disparus en Ethiopie, les autorités lancent une véritable chasse et se concentrent sur plusieurs pistes, en particulier les piste « ERYTHREENNE » et « AFAR ». (3 dépêches – Info lectrice)

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1 – AFP

Ethiopie
: cinq Européens otages depuis une semaine, deux pistes privilégiées

Par Emmanuel GOUJON

ADDIS ABEBA (AFP) – Une semaine après le rapt de cinq Européens
en Ethiopie dans une des régions les plus hostiles au monde, plusieurs
pistes, érythréenne et afar, sont évoquées, alors
qu’aucune revendication n’a été formulée dans cette affaire
mystérieuse où les autorités restent quasi muettes.

Les Européens sont trois hommes de nationalité britannique qui
étaient accompagnés de deux femmes, une Française et
une Italo-britannique. Ils travaillent tous dans des services de l’ambassade
de Grande-Bretagne à Addis Abeba, à l’exception de la ressortissante
italienne qui est l’épouse du directeur du British Council dans la
capitale éthiopienne.

Ils ont été enlevés avec une dizaine d’Ethiopiens le
1er mars à l’aube dans le village d’Hamed Ela (nord-est), à
une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Erythrée,
un marché du sel servant de base aux tours opérateurs qui font
visiter la région Afar à des milliers de touristes chaque année.

Cette région semi-désertique est réputée pour
ses mines et lacs de sel situés en-dessous du niveau de la mer, ainsi
que ses zones volcaniques, où la température dépasse
parfois les 50 degrés.

"Plus le temps passe et plus on est inquiet sur leur état de santé",
reconnaît une porte-parole du Foreign Office qui a envoyé une
équipe d’une dizaine de personnes enquêter sur le terrain, dont
un expert en kidnapping selon BBC.

Aucune revendication ou rançon n’a encore été formulée
publiquement pour cet enlèvement conduit, selon la police éthiopienne,
par "des hommes armés".

La thèse du banditisme semble peu crédible dans la mesure où
les trois véhicules dans lesquels voyageaient les otages ont été
abandonnés à Hamed Ela et retrouvés avec des impacts
de balle.

Deux autres hypothèses sont avancées: la piste érythréenne
et la piste afar.

Les otages "sont retenus dans la zone de We’ima en Erythrée",
à une vingtaine de kilomètres de la frontière éthiopienne,
a rapporté mercredi soir l’agence éthiopienne de presse ENA
(officiel), en citant des témoins.

Une thèse qu’avait déjà avancée la semaine dernière
le président de la région Afar, Ismail Ali Sero, accusant les
ravisseurs d’être des "soldats érythréens" et
d’avoir emmené les otages en Erythrée.

De son côté, le gouvernement fédéral éthiopien,
qui a dépêché des militaires et des policiers dans la
région Afar, avait affirmé lundi qu’il ne pouvait "accuser
personne".

L’Erythrée, qui entretient des relations très tendues avec Addis
Abeba depuis leur guerre frontalière (1998-2000), a démenti
vigoureusement et à plusieurs reprises être impliquée
dans l’affaire: cette accusation est un "mensonge flagrant", selon
le ministère des Affaires étrangères à Asmara.

Une autre thèse a été avancée mercredi dans la
journée, cette fois par la Grande-Bretagne, jusqu’à présent
presque muette. "Les indications portent à croire qu’il est probable
que ce soit un problème régional Afar", a déclaré
à l’AFP la porte-parole du ministère britannique des Affaires
étrangères, ajoutant n’écarter "aucune piste".

Les Afars, musulmans sunnites en majorité, sont répartis entre
trois pays de la Corne de l’Afrique, l’Ethiopie, Djibouti et l’Erythrée.
Une rébellion de basse intensité est présente dans cette
zone, revendiquant l’indépendance pour les Afars, notamment contre
l’Ethiopie où vivent 1,4 million des 1,8 millions d’Afars.

En 1995, neuf touristes italiens avaient été enlevés
par des tribus afars dans la zone frontalière entre l’Erythrée
et l’Ethiopie, avant d’être libérés après deux
semaines.

________________________________ 2 – AFP

Rapt d’Européens en Ethiopie : la Grande-Bretagne sur la piste afar

ADDIS ABEBA (AFP) – La Grande-Bretagne a estimé mercredi "probable"
que l’enlèvement de cinq Européens dans le nord-est de l’Ethiopie
soit lié au "problème régional Afar", du nom
de la région où ils ont été capturés, frontalière
avec l’Erythrée.

"Nous n’écartons aucune piste. On ne peut pas être catégorique,
mais les indications portent à croire qu’il est probable que ce soit
un problème régional Afar", a déclaré une
porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères
à Addis Abeba.

"Nous sommes en train de restreindre le nombre d’options. Je ne peux
pas entrer dans les détails, ce serait irresponsable", a-t-elle
ajouté, évoquant la sécurité des touristes capturés
le 1er mars à Hamed Ela (région Afar).

Les enquêteurs britanniques, arrivés vendredi en Ethiopie, semblent
donc écarter de plus en plus la thèse du président de
la région Afar, Ismail Ali Sero, qui avait accusé la semaine
dernière les ravisseurs d’être "des soldats érythréens"
et d’avoir emmené les otages en Erythrée.

De son côté, le gouvernement éthiopien a affirmé
qu’il ne pouvait "accuser personne", et l’Erythrée, qui entretient
des relations très tendues avec Addis Abeba depuis leur guerre frontalière
(1998-2000), a démenti à plusieurs reprises être impliquée
dans cette affaire.

Les touristes enlevés sont quatre Britanniques et une Française.
L’un des otages britanniques, une femme, a aussi la nationalité italienne.

Les Afars sont répartis entre trois pays de la Corne de l’Afrique,
l’Ethiopie, Djibouti et l’Erythrée. Une rébellion de basse intensité
est présente dans cette zone, revendiquant l’indépendance pour
les Afars, notamment contre l’Ethiopie.

Mardi soir à Addis Abeba, l’ambassade britannique en Ethiopie a organisé
pour la presse un briefing sur la région Afar et ses "complexités",
semblant confirmer l’orientation de l’enquête. "La région
Afar d’Ethiopie est l’une des plus pauvres du pays, avec le plus bas niveau
d’infrastructures et d’équipements", a expliqué lors de
cette rencontre Paul Ackroyd, chef du Département pour le développement
international (DFID) de l’ambassade britannique à Addis Abeba.

Certains des touristes disparus travaillaient pour ce département de
l’ambassade à Addis Abeba. La région Afar est "une région
qui émerge après avoir été longtemps marginalisée",
a ajouté M. Ackroyd, notant qu’elle compte "environ 1,4 million
de personnes sur 75 millions d’Ethiopiens". "La majorité
de la population est nomade, c’est une zone où il y a beaucoup de conflits",
a-t-il ajouté, précisant que le DFID "tente de faire entendre
(la voix de ces populations) et subventionne un programme pour réduire
la pauvreté".

________________________________ 3 – AFP

Ethiopie : toujours sans nouvelles des otages
européens, dont une Française


Par Aaron MAASHO

MEKELE (AFP) – Six jours après l’enlèvement en Ethiopie
de touristes européens, dont une Française, les autorités
britanniques et éthiopiennes étaient toujours officiellement
sans nouvelles des otages kidnappés par des hommes armés dans
une région inhospitalière du nord du pays.

Paris a annoncé mardi qu’une Française était au nombre
des cinq Européens, qui travaillent pour l’ambassade du Royaume Uni
à Addis Abeba. Trois autres sont britanniques selon des sources proches
de l’enquête et la quatrième a la double nationalité britannique
et italienne.

Lors d’un point de presse mardi soir à Addis Abeba, une porte-parole
du ministère britannique des Affaires étrangères a précisé
que pour le Foreign Office, ces touristes étaient "portés
disparus" et non "kidnappés".

"Nous ne pensons pas qu’il y a une raison particulière derrière
cette affaire. Ils sont portés disparus, nous ne disons pas qu’ils
ont été kidnappés parce que personne n’a jusqu’à
présent revendiqué une responsabilité, il n’y a pas eu
de demande particulière", a-t-elle dit sous couvert d’anonymat.

Elle a par ailleurs exclu que les touristes se soient trouvés dans
leurs véhicules – retrouvés dans la localité de Hamed
Ela (nord-est) où l’enlèvement a eu lieu le 1er mars à
l’aube – quand ceux-ci ont été criblés de balles. "Nous
ne pensons pas que les gens étaient dans les véhicules quand
ils ont été visés par des tirs", a-t-elle dit.

Une équipe d’experts du Foreign office qui a enquêté lundi
à Hamed Ela, est rentrée mardi à Mekele, la ville la
plus importante à proximité du lieu du rapt.

Elle n’a fait aucun commentaire à la presse sur les constatations effectuées
sur les trois véhicules tout-terrain qui transportaient les personnes
enlevées. L’un était endommagé par une explosion et les
deux autres portaient de nombreux impacts de balles.

Une dizaine d’Ethiopiens ont également été enlevés
lors de cette attaque. Selon des sources concordantes, les prisonniers ont
été emmenés par des hommes armés. Aucune revendication
n’a pour le moment été rendue publique.

A Paris, le ministre français des affaires étrangères,
Philippe Douste-Blazy, a indiqué que "cinq personnes travaillant
pour l’ambassade britannique à Addis Abeba ont été enlevées
dans le nord de l’Ethiopie. L’une de ces personnes est une ressortissante
française".

La région Afar, où les touristes ont été enlevés,
est proche de l’Erythrée, qui entretient des relations très
tendues avec l’Ethiopie depuis leur guerre frontalière (1998-2000).

Mis en cause par un responsable local éthiopien et une personne présentée
par les autorités comme un témoin, le gouvernement érythréen
a formellement démenti toute implication alors que le gouvernement
éthiopien a assuré ne pas être en mesure d’accuser quiconque.

La région Afar, réputée l’une des plus chaudes du monde
et appréciée des touristes pour ses paysages désertiques
et volcaniques et ses lacs de sel, est considérée comme peu
sûre en raison notamment de la présence d’au moins trois groupes
armés autonomistes afars.

Interrogé par l’AFP, le Foreign Office à Londres a indiqué
mardi ne pas disposer de nouvelles informations et travailler en contact étroit
avec les gouvernements érythréen et éthiopien, ainsi
qu’avec ses partenaires européens.
Selon la presse britannique, des commandos sont en état d’alerte pour
lancer une éventuelle opération de sauvetage.

A Addis Abeba, le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires
étrangères, Solomon Abebe, a indiqué mardi "ne pas
avoir de nouvelles informations" sur l’affaire.

De son côté, la Mission de l’ONU en Ethiopie et en Erythrée
(Minuee), chargée de surveiller la frontière entre les deux
pays après leur conflit frontalier, a assuré mardi à
Asmara ne pas avoir de nouvelles informations, mais s’est dite être
à apporter "une aide médicale et logistique" si besoin.