29/03/07 (B388-B) REUTERS / Offensive contre les insurgés à Mogadiscio (Info lectrice)

MOGADISCIO
(Reuters) – L’armée somalienne et ses alliés éthiopiens
ont lancé une opération d’envergure contre les insurgés,
jeudi à Mogadiscio, où des hélicoptères pilonnaient
des positions rebelles tandis que des chars sillonnaient la ville.

Une radio privée a fait état de onze personnes tuées.

Des hélicoptères de combat éthiopiens ont procédé
à des tirs de roquettes pour la première fois dans les combats
qui gagnent en intensité depuis quelques mois à Mogadiscio.

« Je n’ai jamais rien vu de pareil », a dit un habitant terrifié,
Hussein Haji. « Dès que les Ethiopiens font usage de leurs gros
canons, toutes mes fenêtres et mes portes se mettent à vibrer. »

Rompant un fragile cessez-le-feu observé depuis le week-end, les soldats
ont déclenché des attaques dans le quartier de Ramadan, bastion
de l’insurrection dans le nord de la ville, et autour du principal stade de
football de la ville.

Les islamistes, chassés de la capitale il y a trois mois par les gouvernementaux
avec l’appui du corps expéditionnaire éthiopien, sont tenus
pour responsables de l’insurrection qui ensanglante Mogadiscio. Selon des
habitants, des clans locaux se sont ralliés à leur cause.

« En début de matinée, les forces gouvernementales et éthiopiennes
nous ont attaqués à l’hôtel Ramadan », a déclaré
à Reuters par téléphone un milicien islamiste engagé
dans les combats.

La station de radio privée Shabelle a rapporté que onze personnes,
en majorité des civils, avaient été tuées jeudi
par des balles perdues. Elle a fait état de deux chars détruits.

DES MILLIERS D’HABITANTS ONT FUI MOGADISCIO

« Les forces éthiopiennes, qui rencontrent maintenant
une forte résistance, continuent à pilonner des objectifs sélectionnés
chez les insurgés, a-t-elle dit.

Deux hélicoptères de combat se sont mis à bombarder des
positions tenues par les rebelles dans la capitale. »

Les hôpitaux ont signalé de très nombreux blessés.


« Des patients arrivent toutes les minutes, c’est trop! Je ne peux pas
vous donner de chiffre pour le moment, nous sommes trop occupés »,
a dit un médecin de l’hôpital Madina.

« On voit la fumée des explosions. Il y a des hélicoptères
qui passent. Nous n’avions pas encore vu ça jusqu’ici », a rapporté
Farah Roble, cameraman de Reuters, ajoutant que les combats l’empêchaient
de quitter son bureau.

Selon un habitant qui s’est identifié sous le prénom de Mohamed,
un hélicoptère a ouvert le feu sur le secteur d’Iveco, tenu
par des partisans des islamistes dans le centre-sud de Mogadiscio.

Les forces éthiopiennes avaient négocié le week-end dernier
un cessez-le-feu avec le clan Hawiye, majoritaire dans la capitale, après
une semaine durant laquelle une vingtaine de personnes ont été
tuées. Des corps de soldats ont été traînés
dans les rues et un avion, apparemment touché par un missile, s’est
écrasé.

Ces combats étaient les plus violents depuis l’éviction de l’Union
des tribunaux islamiques (UTI) de Mogadiscio, qui a permis de transférer
dans la capitale le gouvernement intérimaire du président Abdullahi
Yusuf.

Il s’agit de la 14e tentative de rétablissement
d’un pouvoir central en Somalie depuis 1991.

L’Union africaine a dépêché 1.200 « casques
verts » dans le pays, mais ce contingent a aussi été pris
pour cible par les insurgés. Le Haut Commissariat des Nations unies
pour les réfugiés a estimé jeudi à 57.000 le nombre
de personnes qui ont fui Mogadiscio depuis février, dont 12.000 la
semaine dernière.