04/04/07 (B389) TRIBUNE DE GENEVE / Somalie: armée éthiopienne et insurgés face à face dans Mogadiscio

Armée éthiopienne et insurgés
étaient face à face et renforçaient leurs positions mardi
dans Mogadiscio, faisant craindre à la population somalienne une reprise
des combats meutriers, en dépit des tractations des autorités
traditionnelles pour un cessez-le-feu.

De son côté, le Groupe de contact international sur la Somalie
– formé à l’initiative des Etats-Unis et rassemblant également
Européens, Africains et Arabes – a jugé au Caire que le premier
objectif était de parvenir à un cessez-le-feu dans la capitale
somalienne, Européens et Arabes estimant en outre que l’armée
éthiopienne devait se retirer de Somalie.Après les combats meurtriers
de la semaine dernière, Mogadiscio a vécu une journée
de calme précaire mardi.

Mais les habitants vivent dans la hantise de nouvelles violences, et des familles
continuaient mardi de fuir la capitale, où des corps gisaient encore
dans les rues. Depuis février, près de 100.000 personnes ont
déserté Mogadiscio, peuplée d’environ un million d’habitants,
selon l’ONU.

"Nous voyons des insurgés se renforcer
et les troupes éthiopiennes qui tiennent toujours leurs positions.
On a peur qu’il y ait de nouveaux affrontements", a déclaré
un habitant de Mogadiscio, Sabumo Haji Mumin.

L’armée éthiopienne patrouillait dans le sud
de la ville, théâtre des combats passés, notamment dans
le quartier Ali Kamin, où quatre civils ont été tués
lundi par des soldats d’Addis Abeba.

Devant cette présence militaire, des habitants refusaient de sortir
de leur maison. "Les Ethiopiens tirent sur tous ceux qui les approchent",
a affirmé l’un d’eux, Sheikh Dahir Ali.

L’Union européenne a réclamé mardi un cessez-le-feu immédiat,
alors que des chefs traditionnels du puissant clan Hawiye, opposé au
gouvernement, ont rencontré des officiers éthiopiens, selon
un chef coutumier Hawiye, Hussein Aden Korgab. "Nous avons convenu que
mercredi les morts seront enterrés", a-t-il déclaré,
précisant que les deux parties se retrouveraient jeudi pour discuter.

L’armée éthiopienne, qui soutient le gouvernement somalien,
a lancé le 29 mars à Mogadiscio une offensive terrestre et aérienne
contre les insurgés, qui y mènent des attaques régulières
depuis la chute des tribunaux islamiques il y a trois mois.

De très violents combats entre soldats éthiopiens et
insurgés ont secoué Mogadiscio pendant quatre jours. Lundi,
les affrontements avaient très nettement baissé d’intensité.

Le bilan reste difficile à évaluer. Selon le Comité international
de la Croix-Rouge (CICR), ils ont fait des dizaines de morts et des centaines
de blessés, essentiellement des civils.

La principale organisation somalienne des droits de l’Homme, Osmail
Jumale Human Rights Organization, a pour sa part indiqué que plus de
120 personnes avaient été tuées et des centaines blessées.
Une autre organisation somalienne, Elman Peace and Human Rights Orgnaization,
a elle avancé le chiffre de 381 morts et de 565 blessés.

La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique et voisin de l’Ethiopie,
est en guerre civile depuis 1991. L’armée éthiopienne y est
intervenue, officiellement en décembre 2006, pour défaire les
tribunaux islamiques qui avaient déclaré la guerre sainte contre
le régime d’Addis Abeba.

Selon des experts, les insurgés de Mogadiscio sont un groupe hétéroclite
de miliciens islamistes, de chefs de guerre et de chefs traditionnels, notamment
du clan Hawiye.

Enfin, l’Erythrée, qui a soutenu, selon l’ONU, les tribunaux
islamiques somaliens, a demandé mardi à l’Ouganda de retirer
ses soldats de Somalie où ils fournissent la totalité des troupes
d’une force africaine de paix.