21/04/07 (B392-A) RFI – La chancellerie française et l’affaire Borrel (Info lectrice)

Dans
le cadre de l’affaire du juge français, Bernard Borrel, retrouvé
mort à Djibouti en 1995, deux magistrates, vice-présidentes
du tribunal de Paris, ont perquisitionné les ministères des
Affaires étrangères et de la Justice à Paris, les 19
et 20 avril.

Le ministère des Affaires étrangères a reçu en
premier, le 19 avril, la visite des juges en charge d’enquêter
désormais sur les éventuelles pressions exercées par
le ministère de la Justice dans le dossier du juge Bernard Borrel retrouvé
mort à Djibouti en 1995. Les deux magistrates, Fabienne Pous et Michèle
Ganascia étaient accompagnées de deux experts en informatique
et de quelques policiers et greffiers.

En présence aussi des avocats de la veuve du juge Borrel, plusieurs
bureaux ont été perquisitionnés dont celui de Pierre
Vimont, directeur de cabinet du ministre. Au bout de la journée de
perquisition, les juges sont reparties avec de nombreux documents.

Le lendemain, 20 avril, les deux juges se sont rendues au ministère
de la Justice pour les mêmes raisons. Récupérer des documents
qui pourraient éventuellement étayer la thèse selon laquelle
des pressions auraient été exercées par le ministère
français de la Justice dans cette affaire. En effet, Elisabeth Borrel,
l’épouse du juge mort à Djibouti, a déposé
une plainte pour «pressions sur la justice» contre le porte-parole
du ministère des Affaires étrangères d’alors, Hervé
Ladsous, aujourd’hui ambassadeur de France en Chine.

Il avait déclaré en janvier 2005, qu’une copie du dossier
d’instruction sur la mort du juge Borrel serait «prochainement
transmise à la justice djiboutienne». Mais la juge chargée
de l’enquête, Sophie Clément, s’y était opposée
en soulignant que la demande des autorités judiciaires djiboutiennes
avait «pour unique but de prendre connaissance des pièces mettant
en cause le procureur de Djibouti».

Le meurtre n’est toujours pas élucidé

M. Ladsous, mis en cause, se défend en rejetant les supposés
torts sur le cabinet du ministre de la Justice d’alors, Dominique Perben,
dont il aurait simplement repris un communiqué. Il faut rappeler que
dans la suite de l’instruction du dossier, la juge Sophie Clément
avait délivré, en octobre 2006, des mandats d’arrêt
contre le procureur et le chef des services secrets de Djibouti pour une éventuelle
«subornation de témoin».

Le juge Bernard Borrel, en mission de coopération à Djibouti,
était conseiller du ministre de la Justice de ce pays. Le 19 octobre
1995, son corps à moitié calciné avait été
retrouvé au pied d’une falaise à quelque 80 km de la capitale.
Les enquêtes préliminaires avaient conclu à un suicide
par immolation, mais très vite des investigations poussées ont
démontré que le juge français aurait plutôt été
assassiné.

L’entourage de l’actuel président de la République,
Ismaël Omar Guelleh, alors chef des services secrets de son pays, était
mis en cause.

Depuis la mort de son mari, Elisabeth Borrel, elle-même magistrate,
se bat pour la recherche de la vérité sur sa mort, dans un pays
qui abrite la plus importante base militaire française à l’étranger.


par Didier Samson