25/04/07 (B392-B) L’HUMANITE : Journal l’Humanité – Les civils somaliens piégés par les combats.

Mogadiscio
. Après six jours de guerre avec les insurgés, le gouvernement,
soutenu par l’armée éthiopienne, persiste sur la voie
militaire.

« Je dois
fuir parce qu’il n’y a aucun espoir si on reste en ville »,
a expliqué hier Hassan Mohamed, un habitant de la capitale somalienne
interrogé par l’AFP.

Comme lui, ils sont des milliers à profiter de la moindre accalmie
pour quitter Mogadiscio où, selon une ONG locale, au moins 230 personnes
ont perdu la vie ces six derniers jours, en raison d’une reprise des
combats entre le gouvernement et ses opposants. Hier, l’armée
éthiopienne, alliée du gouvernement, a continué à
pilonner les positions des insurgés, une coalition hétéroclite
d’anciens islamistes, de nationalistes en lutte contre l’ingérence
d’Addis-Abeba et de chefs traditionnels appartenant notamment au clan
Hawiye.

Selon les témoignages, les deux camps échangeaient des tirs
d’armes lourdes et les habitants ne parvenaient plus à rejoindre
les deux hôpitaux de la ville, déjà submergés de
blessés. Cette vague d’affrontements, qui a débuté
mercredi, est la deuxième depuis que l’armée éthiopienne
est entrée en Somalie fin décembre afin d’y mettre le
gouvernement transitoire au pouvoir et d’en chasser l’Union des
tribunaux islamiques, qui s’étaient emparés du territoire
en juin 2006. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés
(HCR), ces violences ont depuis le début février fait fuir un
tiers de la population de Mogadiscio. Quant à la force de l’Union
africaine censée imposer la paix, elle n’a reçu que 1
500 des 8 000 hommes prévus.

« Les combats se poursuivront tant que les terroristes ne seront pas
rayés de la carte », a déclaré dimanche Ali Mohamed
Gedi, premier ministre somalien. Le gouvernement fédéral transitoire,
une institution créée en 2004 sous les auspices de la communauté
internationale et qui, jusqu’à l’intervention éthiopienne,
n’était jamais parvenue à exercer le pouvoir, continue
de présenter les insurgés comme des « terroristes liés
à al Qaeda ». Une généralisation qui lui permet
de ne pas s’atteler à la question centrale de la politique somalienne,
celle du partage du pouvoir entre les clans qui structurent la société.

La recherche d’une solution militaire sera « vraisemblablement
contre-productive », avait pourtant estimé à la mi-avril
le secrétaire général de l’ONU.

L’organisation milite pour la tenue de la réunion de réconciliation
nationale, qui a déjà été repoussée d’un
mois le 16 avril dernier. Mais compte tenu des conditions de sécurité,
rien ne garantit qu’elle aura lieu à la mi-mai. D’autant
que la stratégie militaire de l’Éthiopie en Somalie bénéficie
du soutien actif des États-Unis, qui ont été jusqu’à
autoriser, début avril, Addis-Abeba à violer une résolution
onusienne pour acheter des armes à la Corée du Nord. Washington
exerce aussi une forte influence sur au moins trois des sept pays de l’IGAD,
l’instance régionale en charge du dossier, qui a exprimé,
il y a deux semaines, son soutien à la politique éthiopienne.

Une prise de position qu’a invoquée l’Érythrée,
grande ennemie de l’Éthiopie depuis qu’une guerre a opposé
les deux pays entre 1998 et 2000, pour annoncer dimanche son retrait temporaire
de l’IGAD.

Camille
Bauer