30/04/07 (B393) AFP : Ethiopie : les rebelles de l’Ogaden libèrent leurs sept otages chinois

Par
Emmanuel GOUJON

ADDIS ABEBA (AFP) – Les sept otages chinois détenus depuis
le 24 avril par un groupe séparatiste éthiopien dans l’Ogaden
(est de l’Ethiopie) ont été libérés dimanche sous
les auspices du Comité international de la Croix-rouge (CICR), ont
indiqué le gouvernement éthiopien et les ravisseurs.

« Sept Chinois et deux Ethiopiens travaillant dans l’exploration pétrolière,
qui avaient été kidnappés par l’auto-proclamé
Front national de libération de l’Ogaden (ONLF), ont été
libérés aujourd’hui (dimanche) dans l’après-midi »,
a indiqué le ministère éthiopien de l’Information dans
un communiqué.

Un porte-parole de l’ONLF contacté à Londres, Abderahmane
Mahdi, avait auparavant annoncé à l’AFP que les neufs otages
avaient été remis au CICR.

« Les sept Chinois, ainsi qu’un Somali de la région de l’Ogaden
et un Ethiopien qui travaillaient pour les Chinois, ont été
remis au CICR. Ils sont en bonne santé », avait déclaré
par téléphone M. Mahdi.

Les neuf civils « ont été libérés à
14h30 heure locale (11h30 GMT) sous les auspices du CICR », a indiqué
le Comité international de la Croix-rouge dans un communiqué.
Ils « se portent bien vu les circonstances », a précisé
le porte-parole du CICR à Addis Abeba, Patrick Mégevand.

Ils avaient été capturés lors de l’attaque meurtrière
mardi à l’aube d’une installation pétrolière opérée
par la compagnie pétrolière Zhongyuan Petroleum Exploration
Bureau, une filiale de la China Petroleum and Chemical Corp (Sinopec).

L’ONLF avait immédiatement revendiqué cette attaque contre ce
site d’exploration pétrolière qui a coûté la vie
à neuf employés chinois et à 68 ouvriers éthiopiens.

Le CICR a expliqué que les otages lui avaient été remis
« dans le sud-ouest de l’Ethiopie par l’ONLF ». « Le CICR a facilité
la libération et le retour en toute sécurité de ces personnes
jusqu’à Degabur (principale ville de la région, ndlr) où
elles ont été reçues par des représentants des
autorités éthiopiennes et où elles doivent passer la
nuit », a ajouté l’organisation.

« Demain (elles) se rendront avec des représentants des autorités
éthiopiennes et chinoises à Addis Abeba », conclut le communiqué
du CICR.

C’est « à la demande des autorités éthiopiennes,
chinoises et des séparatistes que nous avons facilité la libération
de ces personnes », a précisé à l’AFP M. Mégevand.

Addis Abeba avait auparavant expliqué que la libération
des otages avait été « obtenue par les efforts conjoints
d’autorités traditionnelles de l’éthnie Somali et du CICR ».

« Un cessez-le-feu a été mis
en place entre nous et l’armée éthiopienne depuis hier (samedi)
minuit jusqu’à aujourd’hui (dimanche) minuit pour faciliter la libération »
des otages, a indiqué de son côté le porte-parole de l’ONLF
confirmant que le CICR avait « fait la médiation entre toutes les
parties ».

Vendredi, un haut responsable éthiopien avait affirmé
que l’armée éthiopienne encerclait trois caches présumées
des rebelles séparatistes. Ceux-ci avaient prévenu qu’il « résisteraient »
à toute tentative de libération par la force.

Dans des communiqués envoyés après l’attaque de mardi,
l’ONLF avait dit souhaiter remettre « le plus vite possible » les
travailleurs chinois au CICR « sans contrepartie ».

Dans une « lettre ouverte » adressée aux autorités chinoises,
l’ONLF avait aussi affirmé que « les citoyens chinois n’étaient
pas la cible de (leur) attaque ».

Les rebelles ont appelé Pékin « à cesser
toute coopération avec le gouvernement éthiopien dans la région
en matière de prospection pétrolière, jusqu’à
ce qu’il y ait une forme de gouvernement autonome légitime en Ogaden ».


L’ONLF refuse que des compagnies pétrolières s’installent dans
l’Ogaden et demande, depuis sa création en 1984, l’autonomie de cette
région située le long de la frontière avec la Somalie,
pays en guerre civile depuis seize ans où l’armée éthiopienne
intervient depuis fin 2006.