30/04/07 (B393) AFP PARIS (AFP) – Affaire Borrel : refus de perquisitionner des gendarmes, protestations des magistrats (Info lectrice)

Les
gendarmes ont refusé à la mi-avril de perquisitionner au Quai
d’Orsay et à la Chancellerie dans le cadre de l’enquête sur d’éventuelles
pressions sur la justice dans l’affaire Borrel en raison des élections
présidentielles, suscitant l’indignation des magistrats.

La Direction générale de la gendarmerie nationale et une source
judiciaire ont confirmé lundi le contenu d’une lettre révélée
par Le Monde du 2 mai.

Dans ce courrier, le lieutenant-colonel Jean-Philippe Guérin, commandant
de la section de recherches (SR) de Paris, explique aux juges d’instruction
que ses services ne perquisitionneront pas ces ministères « compte
tenu du contexte politique actuel de période électorale ».

Les perquisitions ont finalement été menées le 19 avril
au ministère des Affaires étrangères et le lendemain
à celui de la Justice par la police judiciaire de Nanterre.

Dans cette lettre datée du 18 avril, l’officier affirme que « ce
type d’intervention prendrait nécessairement un sens politique, médiatiquement
exploité », selon Le Monde, leur proposant une intervention après
le second tour.

Lundi, le syndicat de la magistrature (SM, gauche) a jugé « scandaleux »
que des policiers ou des gendarmes aient pu « dire non à un juge
d’instruction » à qui ils sont « censés obéir ».

« Les motifs évoqués ne sont pas recevables (…)
et toute opposition est une atteinte claire à l’indépendance
de la magistrature », a estimé Christophe Regnard, secrétaire
national de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

Les deux syndicats réitèrent leur demande d’un rattachement
de la police judiciaire au ministère de la Justice au lieu de celui
de l’Intérieur.

L’un des avocats de la partie civile dans ce dossier, Elizabeth Borrel, Me
Olivier Morice, a pour sa part déclaré à l’AFP qu’il
s’était « indigné » oralement auprès du parquet
de Paris de ce « comportement » de la gendarmerie.

« Le parquet de Paris a eu connaissance a posteriori des objections des
gendarmes aux perquisitions à la date » fixée, a déclaré
à l’AFP le parquet, selon lequel Me Morice « n’a formulé
aucune demande ».

Le juge Bernard Borrel avait été retrouvé mort en 1995
à Djibouti, le corps à demi-calciné. Djibouti a conclu
à un suicide mais l’enquête française privilégie
la thèse d’un assassinat.

En plus de cette instruction sur la mort du juge Borrel, une autre instruction
est ouverte, une « affaire dans l’affaire », sur laquelle portaient
les perquisitions du 19 avril.

Cette affaire avait éclaté début 2005, après une
déclaration officielle très inhabituelle du ministère
des Affaires étrangères.

Le Quai d’Orsay y assurait qu’une copie du dossier d’instruction relatif au
décès du juge Borrel serait « prochainement transmise à
la justice djiboutienne » qui en avait fait la demande.

Or, ce communiqué intervenait avant même que la juge d’instruction
Sophie Clément, seule habilitée pour accepter de transmettre
son dossier, se prononce.

Quelques jours plus tard, elle s’y était opposée.

Pour sa part, la veuve du juge Borrel, Elisabeth, avait déposé
une plainte pour « pressions sur la justice ».

Une source judiciaire a confirmé lundi
que Pierre Vimont, directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères,
a été entendu comme « témoin assisté »
dans ce volet du dossier, comme le révèle Le Monde.

Selon le journal, M. Vimont a affirmé que le communiqué au centre
de cette affaire a été « publié » après
« accord de Laurent Le Mesle (alors directeur du cabinet du garde des
Sceaux à l’époque des faits) et de Michel de Bonnecorse (responsable
de la cellule Afrique de l’Elysée) ».

Des déclarations prouvant des « pressions » sur la justice,
selon Me Morice.