03/05/07 (B393-B) L’HUMANITE : Journal l’Humanité / Refus de perquisition pour « raisons électorales .
Affaire
Borrel .
Malgré la demande des juges, les gendarmes ont refusé
de se rendre à la chancellerie et au Quai dOrsay, révèle
le Monde.
Les gendarmes ont refusé à la mi-avril de perquisitionner au
Quai dOrsay et à la chancellerie dans le cadre de lenquête
sur déventuelles pressions sur la justice dans laffaire
Borrel (lire lHumanité du 23 avril dernier).
Le contenu dune lettre révélée par le
Monde daté daujourdhui invoque des raisons « électorales
» : le lieutenant-colonel Jean-Philippe Guérin, commandant de
la section de recherches (SR) de Paris, explique aux juges dinstruction
que ses services ne perquisitionneront pas ces ministères « compte
tenu du contexte politique actuel de période électorale ».
Dans son courrier, daté du 18 avril, lofficier affirme que «
ce type dintervention prendrait nécessairement un sens politique,
médiatiquement exploité », selon le Monde, et propose
une intervention après le second tour.
Les perquisitions ont finalement été menées les 19 et
20 avril par la police judiciaire de Nanterre.
Les syndicats de magistrats ont immédiatement réagi
à cette révélation.
Il est « scandaleux » que des policiers ou des gendarmes aient
pu « dire non à un juge dinstruction » à
qui ils sont « censés obéir », a pesté le
Syndicat de la magistrature. « Toute opposition est une atteinte claire
à lindépendance de la magistrature », a renchéri
lUnion syndicale des magistrats.
Et les syndicats de réclamer unanimement
une énième fois le rattachement de la police judiciaire au ministère
de la Justice en place de celui de lIntérieur.
Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge, Elizabeth Borrel, a pour sa
part déclaré quil sétait « indigné
» oralement auprès du parquet de Paris de ce « comportement
» de la gendarmerie. Réponse laconique dudit parquet, qui veut
se dédouaner : il na eu « connaissance qua posteriori
des objections » des gendarmes.
Chez ces derniers, même velléité à se
mettre à labri :
dans un communiqué, la gendarmerie nationale a estimé que les
« raisons dopportunité » soulevées par le
commandant de section ne relèvent « en aucune façon dun
refus dexécuter des réquisitions judiciaires ».
Il sagit, toujours selon elle, dune « démarche,
effectuée en toute transparence par un chef de service au titre dun
dialogue habituel en pareilles circonstances ».
Le juge Bernard Borrel avait été retrouvé mort en 1995
à Djibouti, le corps à demi calciné. Les autorités
locales ont très rapidement conclu à un suicide mais lenquête
française privilégie la thèse dun assassinat.
Parallèlement à lenquête sur la mort du magistrat,
une autre instruction est ouverte, une « affaire dans laffaire
», sur déventuelles pressions exercées sur la justice.
Cest dans ce cadre quont eu lieu les perquisitions à
la chancellerie et au Quai dOrsay.
Sophie
Bouniot