06/05/07 (B394) JEUNE AFRIQUE : Somalie: le gouvernement tente de sécuriser Mogadiscio, les civils sceptiques.

Campagne de désarmement,
traque des combattants islamistes, quadrillage militaire de Mogadiscio: le
gouvernement somalien et ses alliés éthiopiens ont engagé
une campagne ultra-sécuritaire pour stabiliser la capitale qui laisse
sceptique nombre d’habitants.

« Le gouvernement a pris le contrôle de la ville entière
(…). Nous menons des fouilles maison par maison (…). Chaque jour nous
trouvons des bombes, des mines terrestres », depuis la fin des combats
ayant opposé les forces gouvernementales et l’armée éthiopienne
à des insurgés du 17 au 26 avril, commente Hussein Mohamed,
porte-parole du président somalien Adbullahi Yusuf Ahmed.

L’armée éthiopienne a pris position dans les anciens bastions
insurgés, coalition hétéroclite de combattants islamistes
et de miliciens de clans. Les forces gouvernementales ont elles multiplié
les barrages à travers la ville en partie détruite. Certains
quartiers sont toujours interdits à la circulation, a constaté
samedi un journaliste de l’AFP.

Lors des derniers combats à l’artillerie, « beaucoup (d’insurgés)
ont été tués », selon le porte-parole qui se refuse
à communiquer un bilan. « Les autres se cachent. Ils ont changé
leur stratégie. Ils veulent utiliser des voitures piégées,
des mines », affirme-t-il.

Selon une organisation somalienne des droits de l’Homme, environ
400 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées
lors des derniers affrontements, qui visaient à écraser l’insurrection
née après la chute des tribunaux islamiques somaliens, défaits
il y a quatre mois par l’armée éthiopienne et les troupes somaliennes.

Ces tribunaux ont perdu le contrôle des régions somaliennes qu’ils
administraient depuis des mois.

Le capitaine Paddy Ankunda, porte-parole du contingent ougandais de la force
africaine de paix en Somalie (Amisom), confirme qu' »il y a pas mal de
bombes et de mines en ville ».

Lors des opérations de fouille menées ces derniers jours,
« plus de 200 personnes ont été arrêtées »,
selon M. Mohamed. Ces arrestations s’accompagnent d’une reprise du désarmement
de la ville, livrée au chaos depuis le début de la guerre civile
en 1991.

Le gouvernement vise notamment les forces des hommes d’affaires de
la capitale, constituées au fil des ans pour protéger leurs
activités et soutenir leurs alliés.

Habitués à ne plus payer aucun impôt depuis seize ans,
certains chefs d’entreprise, issus majoritairement du puissant clan Hawiye,
dominant à Mogadiscio et proche des insurgés, « ne veulent
d’aucun gouvernement » qui restaurerait une administration fiscale, accuse
M. Mohamed.

Depuis la défaite des insurgés, les chefs de clan Hawiye se
retranchent dans le silence. Mais la politique sécuritaire du gouvernement
suscite nombre d’interrogations dans la ville.

« Rien ne sera réglé par la force. C’est impossible
de gouverner par la force (…). Nous sommes sur un volcan », commente
Ali Mohali Mohamed, administrateur de l’hôpital Medina à Mogadiscio.

« Il y a des gens qui veulent se venger (…). La paix derrière
les chars n’est pas une vraie paix (…). Nous avons besoin de négociations »,
ajoute-t-il, reprenant une opinion largement répandue à Mogadiscio.

Le gouvernement rétorque que la paix
passe d’abord par l’élimination des agents du réseau Al-Qaïda
qui se cachent, selon lui, avec les insurgés.

« Les civils veulent la paix, le gouvernement veut la
paix. Si le gouvernement et la population travaillent ensemble, ils (les éléments
d’Al-Qaïda) ne pourront plus se cacher », insiste le porte-parole
du président Yusuf.

Selon lui, après seulement viendra l’heure de la « conférence
de réconciliation nationale », prévue mi-juin, après
deux reports.