07/05/07 (B394) Somalie : la responsable des opérations de l’UNHCR choquée par les conditions de vie des Somaliens ayant fui Mogadiscio (Info lectrice)

Emetteur:
UNHCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

Une responsable de l’UNHCR, Judy Cheng-Hopkins, a déclaré
à la fin d’une visite de quatre jours en Somalie qu’elle était
choquée par les conditions dans lesquelles vivent les personnes déplacées
après avoir dû fuir les récents combats à Mogadiscio,
la capitale somalienne.

La Haut Commissaire assistante de l’UNHCR en charge des opérations
s’est rendue par avion en Somalie lundi, où elle a visité des
personnes déplacées à Baidoa et à Galkayo avant
de se rendre à Nairobi, Kenya, jeudi.

A Baidoa, ville située à quelque 230 kilomètres de Mogadiscio
où près de 19 000 civils déplacés sont récemment
arrivés, Judy Cheng-Hopkins a visité plusieurs bidonvilles de
personnes déplacées qui sont surpeuplés après
les arrivées récentes. Ceux-ci vivent dans des abris misérables
faits de tissus attachés sur des branches d’arbres. Certaines familles
n’ont pas réussi à se fournir suffisamment de tissu pour couvrir
tout leur abri, et l’absence de bâches en plastique les expose aux lourdes
pluies qui se déversent la nuit.

Nourtou, qui s’occupe de ses trois enfants ainsi que de ses cinq neveux orphelins,
a déclaré à Judy Cheng-Hopkins depuis le fragile abri
qu’elle a construit à Baidoa qu’elle avait fui Mogadiscio le 15 avril.
« Je n’arrive pas à dormir la nuit, j’ai trop peur que mes enfants
soient trempés par la pluie et tombent malades, surtout qu’ils n’ont
pas assez à manger. »

Comme la plupart des personnes récemment déplacées, Nourtou
affirme vouloir rentrer à Mogadiscio, mais pas dans l’immédiat.
« Même si le Gouvernement fédéral de transition
a déclaré que la paix régnait à nouveau dans la
ville et a appelé les personnes déplacées à revenir,
il ne s’agit que de belles paroles », explique-t-elle. « Je crains
toujours que les combats reprennent. »

Choukri, âgée de 15 ans, a fui Mogadiscio avec ses parents et
ses soeurs il y a quelques semaines, pour trouver refuge chez des membres
de sa famille qui habitent Baidoa, veut également rentrer chez elle.
« Mogadiscio est une grande ville où il est plus agréable
de vivre », explique Choukri en bon anglais, ajoutant que l’école
lui manque.

Quelque 394 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis début février.
Bien que certaines, qui s’étaient installées dans des zones
proches de la ville, commencent doucement à prendre le chemin du retour,
beaucoup – comme Nourtou et Choukri – attendent de voir si la sécurité
se maintient dans la capitale. Certaines personnes déplacées
savent que leurs maisons ont été détruites, d’autres
ne peuvent pas se payer le voyage de retour.

Les personnes qui vivaient dans des bidonvilles installés à
l’intérieur d’anciens bâtiments publics à Mogadiscio craignent
de ne pas être autorisées à y retourner par le Gouvernement
fédéral de transition, qui a déclaré son intention
de les expulser afin que ces bâtiments puissent à nouveau fonctionner.
L’UNHCR négocie avec le Gouvernement afin de s’assurer que ces personnes
seront réinstallées sur un terrain situé dans la ville
qui soit économiquement viable et qui dispose de suffisamment d’infrastructures
et de services.

Après avoir visité Baidoa, Judy Cheng-Hopkins a visité
des bidonvilles de personnes déplacées à Galkayo, au
Puntland, à quelque 700 kilomètres au nord de Mogadiscio, où
plus de 10 000 personnes sont récemment arrivées, alourdissant
la charge supportée par une ville qui comptait déjà environ
28 000 personnes déplacées par les précédents
conflits. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés est présente
à Galkayo depuis janvier, et elle y a distribué des articles
de secours tels que des bâches en plastique et des matelas.

La Haut Commissaire assistante de l’UNHCR a déclaré que la priorité
de l’UNHCR devrait être de venir en aide en premier à ceux qui
ne reçoivent aucun soutien de la part de membres de leur famille ou
de leur clan. Elle a estimé que l’agence des Nations Unies pour les
réfugiés devait se concentrer sur les personnes déplacées,
sans pour autant exclure les communautés qui les accueillent et qui
sont tout aussi nécessiteuses. « En Somalie, tant de personnes
sont pauvres qu’il est parfois difficile de faire la distinction entre les
personnes déplacées et les résidents locaux pauvres,
dans la mesure où tous vivent dans des bidonvilles », a-t-elle
expliqué.

Judy Cheng-Hopkins a ajouté que l’UNHCR entendait accroître ses
efforts dans des villes telles que Baidoa et Galkayo. Dans cette dernière,
elle a rencontré une jeune mère qui craignait que son fragile
abri laisse passer non seulement la pluie mais aussi les serpents et les hyènes
qui rôdent autour du bidonville la nuit.

Judy Cheng-Hopkins a également rencontré des ministres du Gouvernement
fédéral de transition et visité plusieurs hôpitaux
qui manquent cruellement de matériel médical. Elle a estimé
que l’accès aux personnes déplacées constituait la clé
des efforts humanitaires en Somalie. L’insécurité continue à
poser problème et on craint que des inondations restreignent l’accès
à Afgooye, une ville située à 30 kilomètres au
nord-ouest de Mogadiscio et où plus de 43 000 personnes se sont installées
après avoir fui la capitale. L’UNHCR et ses partenaires ont distribué
de l’aide à quelque 50 000 personnes à Afgooye et dans les environs.

D’autres articles de secours ont récemment été acheminés
en Somalie par l’UNHCR en vue d’une prochaine distribution. L’agence prévoit
également d’acheminer par avion d’autres articles de secours dans les
semaines qui viennent, en utilisant l’aéroport de K50, à 50
kilomètres de Mogadiscio, qui a récemment rouvert.

L’agence va appeler les donateurs à fournir rapidement davantage de
fonds afin de venir en aide aux Somaliens déplacés dans leur
propre pays ou réfugiés dans des pays voisins. L’UNHCR dispose
actuellement d’un budget de 5,7 millions de dollars pour la Somalie, mais
ce budget avait été établi avant l’exode massif hors
de Mogadiscio.

L’UNHCR estime que les combats qui ont dévasté Mogadiscio ont
causé la fuite de pratiquement 400 000 personnes depuis février,
selon des données fournies par un réseau d’agences humanitaires
et compilés par l’UNHCR. Environ 152 000 personnes ont fui vers les
provinces voisines des Shabelle (84 000 en Bas Shabelle et 68 000 en Moyen
Shabelle). 109 000 autres se sont rendues dans la région de Galgaduud
; 44 000 dans celle d’Hiran ; 40 000 en Mudug ; 28 000 en Bay.

Le nombre de civils fuyant la capitale somalienne s’est effondré depuis
que les combats ont diminué.