01/06/07 (B397) Selon un communiqué d’Amnesty International, il y aurait de nouvelles déportations …. mais chez un voisin proche : le Kenya ! (Guelleh ferait-il école dans la région ? )(Info lectrice)

Kenya.
Des milliers de personnes sont expulsées des forêts kenyanes

Emetteur: Amnesty International

De 2004 à 2006, un programme important d’expulsions a été
mené dans des zones forestières du Kenya.

Des maisons, des écoles et des centres de soins ont été
détruits, et de nombreuses familles sont devenues sans abri. Selon
certaines estimations, plus de cent mille personnes ont été
expulsées dans six forêts seulement. Dans un certain nombre de
zones forestières, les expulsions se poursuivraient ; des associations
humanitaires ont exprimé une préoccupation croissante devant
la hausse du nombre de personnes déplacées à l’intérieur
de leur propre pays, expulsées de zones forestières kenyanes.
Le gouvernement du pays a indiqué par le passé que ces expulsions
continueraient.

Amnesty International, le Centre pour le droit au logement et contre les expulsions
(COHRE) basé à Genève, la fondation Hakijamii et la Kenya
Land Alliance ont mené une mission d’enquête en octobre 2006
dans deux zones du complexe de la forêt de Mau (forêts de Mau
masaï et Sururu) au Kenya, pour enquêter sur l’étendue des
expulsions et autres violations des droits humains liées à ce
phénomène. La Commission nationale kenyane des droits humains
a accompagné cette mission, dont la coalition publie les conclusions
dans le rapport Nowhere to go : Forced Evictions in Mau Forest, Kenya.

Aux termes du droit international relatif aux droits humains, il n’existe
aucune justification aux expulsions forcées. La coalition craint que,
même si la protection de la forêt constitue un but légitime,
les moyens utilisés par le gouvernement kenyan pour y parvenir ne le
soient pas. La coalition estime en outre que la manière appropriée
de réconcilier l’intérêt du gouvernement pour la protection
de l’environnement avec, d’un côté les obligations du Kenya en
terme de droits humains de faire respecter le droit à l’eau et à
un environnement sain d’un côté, et de l’autre côté,
de respecter, protéger et appliquer le droit à un logement décent
(notamment l’obligation d’éviter les expulsions forcées), consiste
à faire en sorte que les expulsions n’aient lieu qu’en dernier recours,
seulement lorsqu’elles s’avèrent nécessaires, et toujours dans
le respect du droit international relatif aux droits humains.

Selon la mission d’enquête, les affaires d’expulsions dans la forêt
de Mau révèlent que les autorités kenyanes n’ont pas
respecté le droit international relatif aux droits humains et ses normes
lors des expulsions. Le préavis était insuffisant et imprécis,
aucune consultation n’a été menée avec les résidents,
et aucun effort n’a été fait pour trouver une alternative à
leur expulsion de leurs domiciles. Aucune des expulsions n’a été
menée en se fondant sur une décision judiciaire ; au contraire,
une injonction du tribunal mettant fin aux expulsions a été
ignorée. Les expulsions forcées ont été menées
avec un recours excessif à la force et les autorités responsables
de l’application de la loi n’ont pas pris de mesures suffisantes pour empêcher
les excès ou enquêter sur les allégations de violations
des droits humains. De nombreuses personnes ont été privées
d’abri, de moyen de subsistance, ou ont perdu leurs biens.

La coalition déplore les expulsions de masse au Kenya qui continuent,
sans qu’un relogement décent soit octroyé aux personnes concernées.
La coalition exhorte le gouvernement kenyan à respecter ses obligations
internationales en termes de droits humains, à adopter des textes de
loi et des garanties pour réguler les expulsions, et à agir
immédiatement pour fournir un logement sûr et décent à
toutes les familles expulsées.

Amnesty International, le COHRE, Hakijamii, Kenya Land Alliance et la Commission
nationale kenyane des droits humains font les recommandations suivantes, entre
autres, au gouvernement kenyan :

  • cesser immédiatement la pratique des expulsions
    forcées des zones forestières, déclarer et appliquer
    un moratoire sur toutes les expulsions en masse jusqu’à ce que

    • (a) des normes et textes de loi soient mis en place
      pour s’assurer que toute expulsion se conforme aux normes internationales
      relatives aux droits humains ;
    • (b) une consultation approfondie soit menée
      avec les groupes concernés et les organisations qui les soutiennent,
      lorsque les expulsions prévues sont absolument nécessaires.
  • achever l’élaboration des normes et textes de loi
    nationaux actuellement menée par le ministère du Territoire,
    afin d’encadrer l’élaboration de plans et de textes de loi relatifs
    aux expulsions, notamment dans les zones forestières. Les normes
    nationales doivent aborder spécifiquement la question des expulsions
    dans les zones forestières.
  • faire en sorte que les victimes d’expulsions forcées
    dans le complexe de la forêt de Mau (Mau masaï et Sururu) et
    toutes les autres zones forestières reçoivent une aide, dans
    le respect des normes internationales relatives aux droits humains, notamment
    l’accès à des sites de relogement, avec un accès réel
    aux services essentiels et aux écoles.
  • mettre rapidement en place un plan exhaustif de relogement
    et d’indemnisation pour toute expulsion prévue, notamment dans les
    zones forestières. Ce plan de relogement doit respecter les normes
    internationales relatives aux droits humains.
  • faire en sorte que toute affaire d’octroi illégal
    ou irrégulier d’un terrain fasse l’objet d’une enquête distincte
    sur les origines de cette allocation, et établir un tribunal foncier
    à cet effet, comme l’a proposé la commission Ndungu.
  • coordonner les diverses activités des agences et
    ministères du gouvernement concernés par les forêts
    et/ou les expulsions, et donner des instructions à toutes les autorités
    compétentes pour que les expulsions ne puissent avoir lieu que dans
    le respect complet du droit international relatif aux droits humains et
    de ses normes.