08/06/07 (B399) RSF SOMALIE / Reporters sans frontières appelle le gouvernement à expliquer la fermeture de trois radios privées.

Reporters sans frontières
demande au gouvernement fédéral de transition somalien d’expliquer
publiquement les raisons de la fermeture, le 6 juin 2007, de trois radios
privées de Mogadiscio, et notamment de traiter les accusations
portées contre la station privée HornAfrik avec la plus
grande prudence.

« L’hostilité du gouvernement envers ces médias est
notoire. Jusqu’à aujourd’hui, malgré les mises en garde,
il n’est pas parvenu à nouer un dialogue constructif avec elles.
Fermer des radios et mener des perquisitions dans leurs locaux en les
accusant d’être complices du terrorisme sont des actes graves. Si
des éléments sérieux venaient à être
retenus contre elles, il faut que les autorités fassent preuve
d’une grande transparence et d’un esprit d’équité, en prenant
notamment en compte le sort des journalistes, que les accusations qui
leur sont portées précarisent davantage et exposent à
la violence politique qui règne dans le pays. Dans le cas contraire,
ces radios doivent pouvoir reprendre leurs émissions au plus vite »,
a déclaré l’organisation.

Le ministre de l’Information, Madobe Nounow Mohamuda, a adressé
une lettre aux stations privées HornAfrik, Shabelle et Quran Kariim
(Coran sacré), leur ordonnant de cesser d’émettre. Dans
son courrier, le ministre affirme que ces médias sont « créateurs
d’hostilité, soutiennent le terrorisme, violent la liberté
de la presse, sèment la confusion dans la population et mobilisent
des forces antigouvernementales ». Il spécifie par ailleurs
que « leurs propriétaires sont responsables des actions mentionnées
ci-dessus et devront en rendre compte », signifiant qu’ils pourraient
être poursuivis. Après avoir reçu ce courrier, dans
la journée du 6 juin, les trois radios ont stoppé leur diffusion.

La direction de HornAfrik estime que les accusations du gouvernement sont
infondées et qu’il s’agit de la « tendance habituelle du gouvernement
à s’en prendre à la liberté d’expression ». De
son côté, le gouverneur adjoint de la région de Banadir,
chargé des affaires politiques et sécuritaires, Abdifatah
Ibrahim Shawey, cité par le site dayniile.com, a affirmé
que, lors d’une opération sécuritaire à Mogadiscio,
la police avait découvert un « important arsenal de divers
types d’armes », chargé sur un véhicule 4×4 Mitsubishi
N3 caché dans le bâtiment de la radio. Le gouvernement n’a
pas donné d’informations supplémentaires concernant la fermeture
des autres radios, mais a fait procéder, le 7 juin dans la matinée,
à une perquisition dans les locaux de Shabelle.

Cibles fréquentes de l’hostilité du gouvernement de transition,
les trois radios sont accusées de traiter l’actualité de
manière partisane, en faveur de la mouvance islamiste somalienne.
Elle avaient déjà été fermées 24 heures
en janvier 2007, après la diffusion d’informations contestées
sur la situation sécuritaire dans la capitale. Le 21 avril, alors
que des combats se déroulaient à Mogadiscio, les bureaux
de HornAfrik avaient été touchés par sept obus, blessant
deux employés.