17/06/07 (B400) SANAA (AFP) – Yémen : la rébellion accepte un cessez-le-feu, calme après 3 ans de guerre (Info lectrice)

La
décision prise par la rébellion chiite opérant dans le
nord du Yémen d’accepter une proposition gouvernementale de cessez-le-feu
devrait signifier la fin d’un conflit meurtrier qui empoisonne depuis 2004
ce pays à majorité sunnite de la péninsule arabique,
l’un des plus pauvres du monde.

"Les opérations militaires ont été suspendues samedi
à 20H00 locales (17H00 GMT) et il n’y a pas eu, jusqu’à présent,
de violation" du cessez-le feu dans la province de Saada (nord-ouest),
bastion de la rébellion, a déclaré dimanche à
l’AFP un haut responsable du parti du Congrès Populaire Général
(CPG), au pouvoir.

Le cessez-le-feu, dont l’acceptation par la rébellion a été
annoncée samedi soir par le ministère yéménite
de la Défense, est le fruit d’une médiation du Qatar, une riche
monarchie gazière du Golfe, dont l’émir, cheikh Hamad Ben Khalifa
Al-Thani, s’était rendu fin mai à Sanaa.

Pour sceller l’accord de cessez-le-feu, le Qatar s’est engagé à
accueillir sur son sol quatre dirigeants de la rébellion, qui partiront
en exil volontaire dans ce pays, et à financer un fonds de reconstruction
de la région de Saada, a indiqué un porte-parole du ministère
yéménite de l’Intérieur.

Ces quatre dirigeants sont: Abdel Malak, Yahia et Abdel Karim Al-Houti, frères
de Hussein Al-Houthi –fondateur du mouvement des "Jeunes croyants"
qui a lancé la rébellion–, tué en septembre 2004 par
les forces gouvernementales, et le chef de guerre du groupe rebelle, Abdallah
Rizami, selon le porte-parole.

Dans leur exil, ils seront tenus de ne pratiquer aucune activité politique
ou médiatique susceptible de nuire au Yémen, ni de quitter le
Qatar sans la permission du gouvernement yéménite, a affirmé
le porte-parole, cité par l’agence officielle Saba.

Les rebelles devront en outre remettre leurs armes au gouvernement, lequel
appliquera une amnistie, décrétée en septembre 2005 par
le chef de l’Etat et prévoyant la libération des rebelles "détenus,
à l’exception de ceux déférés devant le parquet
ou jugés par les tribunaux", selon l’accord cité par le
porte-parole.

"Un comité formé des différents partis politiques
dans le pays assure le suivi de l’application de l’accord" sur le cessez-le
feu, a indiqué à l’AFP le responsable du CPG, qui a requis l’anonymat.

Selon l’accord, le chef rebelle a exprimé son "respect du régime
républicain (du Yémen)" et son "adhésion à
la Constitution et aux lois" du pays.

Les rebelles rejetaient le régime actuel, jugé illégitime,
et appelaient au rétablissement de l’imamat zaïdite, renversé
par un coup d’Etat des forces républicaines en 1962.

"En réponse à l’appel du président Ali Abdallah
Saleh (…) nous confirmons notre volonté d’accepter de mettre fin
aux violences et à ne plus faire couler le sang", a affirmé
le chef des rebelles Abdel Malak Al-Houti, dans un communiqué publié
samedi soir par le ministère de la Défense.

L’agence Saba avait annoncé jeudi que le Yémen "arrêterait
immédiatement" ses opérations militaires contre les insurgés
s’ils acceptaient de mettre un terme à leur mouvement de rébellion.

"Nous espérons que (notre) médiation sera couronnée
de succès durant l’application de l’accord, car cet accord était
difficile (à conclure) et sa mise en oeuvre sera encore plus difficile",
a déclaré le Premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem
Al-Thani, à la télévision Al-Jazira.

La rébellion avait commencé en 2004 dans les environs de Saada,
une région montagneuse et pauvre habitée en grande majorité
par des zaïdites. Les combats contre les forces gouvernementales ont
fait, depuis, des milliers de tués.

Branche du chiisme, le zaïdisme est minoritaire au Yémen, pays
à majorité sunnite, mais majoritaire dans le nord.