18/06/07 (B400) UN NOUVEAU SCANDALE QUI SE TROUVE EXPLICITE PAR L’ACTION DES JUGES – ROMANDIE NEWS : Borrel / Djibouti a demandé la mise à l’écart d’un journaliste de RFI

PARIS
– Une note diplomatique, que l’AFP a pu consulter, indique que Djibouti a
demandé en 2005 la mise à l’écart d’un journaliste de
RFI travaillant sur le dossier Borrel, un magistrat retrouvé mort en
1995, la direction de la radio assurant de son côté n’avoir subi
aucune pression.

La veuve du juge Bernard Borrel, tué en 1995 à Djibouti, avait
expliqué le 13 juin que des pressions avaient été exercées
sur la justice française, mais également sur la presse, en citant
le cas d’un journaliste de RFI (Radio France International).

"Pourquoi RFI laisse-t-elle systématiquement l’un de ses journalistes
attaquer Djibouti et son président à l’antenne?", interroge
le ministre des Affaires étrangères djiboutien, Ali Abdi Farah,
cité dans une note diplomatique de l’ambassadeur de France à
Djibouti, Philippe Selz, du 24 janvier 2005, saisie par la justice au Quai
d’Orsay et que l’AFP a pu consulter.

"Tout cela est connu et se répète à longueur de
temps. On sait, vous savez que ce journaliste de RFI, toujours le même,
prend systématiquement fait et cause pour la veuve Borrel. Ne pouvez-vous
demander à RFI, et obtenir, qu’il ne s’occupe plus de Djibouti",
demande le ministre.

Interrogé par l’AFP, le directeur de la communication de RFI, André
Sarfati, a affirmé que "les autorités de RFI" n’avaient
jamais subi "de pression ou d’intervention" politique, notamment
du quai d’Orsay, dans cette affaire.

Entré en 1996 à RFI, le journaliste
mis en cause, David Servenay, a travaillé à partir de 2002 sur
le dossier Borrel. "Il a beaucoup écrit, s’est beaucoup impliqué
dans ce dossier et l’a toujours fait dans les meilleurs conditions",
a dit M. Sarfati.

Le journaliste s’est vu progressivement retirer la couverture du dossier à
partir d’octobre 2005 avant de quitter définitivement l’entreprise
en mai 2007, a-t-on appris de source syndicale à RFI.

"Je ne souhaite pas faire de commentaire sur le conflit qui m’a opposé
à RFI ces dernières années. Je réserve mes déclarations
à la justice si elle souhaite m’interroger sur cette affaire",
a pour sa part déclaré le journaliste à l’AFP.

Interrogé par l’AFP, le Quai d’Orsay s’est refusé à tout
commentaire.

"On avait expliqué à David qu’il n’y avait pas de place
sur RFI pour un journaliste qui ne ferait que de l’investigation. Mais lui
ne voulait faire que cela.

Je pense que c’est pour cette raison qu’il a souhaité quitter l’entreprise",
a expliqué à l’AFP Dominique Burg, directrice de la rédaction
à RFI.

"Je n’ai personnellement jamais subi la moindre pression, jamais reçu
de coup de fil des Djiboutiens ou du Quai d’Orsay. Je suis affirmative",
a-t-elle ajouté.

Le traitement de l’affaire Borrel par RFI, financée à 60% par
le Quai d’Orsay, avait provoqué en janvier 2005 les foudres de Djibouti
qui avait coupé l’émetteur local.

En interne, le retrait d’un reportage de David
Servenay sur Mme Borrel et d’un article sur le site de RFI avait été
dénoncé le 19 mai 2005 par le personnel comme "un cas de
censure".

Le reportage et le sujet internet ont finalement été diffusés,
"après l’introduction du point de vue de Djibouti", pour
le premier, et "la suppression de passages qui pouvaient être diffamatoires",
pour le second, explique Dominique Burg.

"On se souvient qu’à l’époque, la direction avait
affirmé que c’était pour des raisons éditoriales que
ce journaliste était relevé du dossier Borrel. Mais s’il existe
un lien entre la note diplomatique et la décision, c’est proprement
scandaleux", a estimé Marc Thiebault, délégué
CFDT à RFI.