22/06/07 (B400) AFRIK.COM Le juge Borrel a bel et bien été assassiné (Info lectrice)

Le procureur de la République
a annoncé, mardi, à Paris, que la thèse du suicide ne
tenait plus

La femme du juge Bernard Borrel a enfin obtenu satisfaction : l’Etat français
a reconnu que la mort de son mari, en 1995, à Djibouti, était
consécutive à un assassinat et non un suicide. Les investigations
vont se poursuivre pour trouver les responsables de ce crime, dans lequel
serait notamment impliqué le président du petit pays est-africain.

 » Le procureur de la République de Paris (…) précise
que si la thèse du suicide a pu un temps être privilégiée,
les éléments recueillis notamment depuis 2002 militent en faveur
d’un acte criminel « , a annoncé, mardi, dans un communiqué,
le procureur Jean-Claude Marin. Cela faisait douze ans qu’Elisabeth Borrel
attendait une telle reconnaissance pour son défunt époux, le
juge Bernard Borrel, dont le corps avait été retrouvé
à moitié calciné au fond d’un ravin à Djibouti,
le 19 octobre 1995.

 » Lésions osseuses sur le crâne « 

Ce qui a poussé la France à explorer un autre scénario,
ce sont  » les expertises anthropologiques, médico-légales
et de police scientifique « , annonce le procureur. Elles  » concluent
à l’existence de lésions osseuses sur le crâne et sur
l’avant-bras gauche, faites à l’aide d’un objet contondant, et à
la découverte de deux produits inflammables de nature distincte versés
sur le corps « , précise-t-il, en soulignant que la victime était
couchée lorsque les liquides ont été déversés
sur elle.

Ces précisions arrivent près d’une semaine après que
la vice-présidente chargée de l’instruction de l’affaire Borrel
a demandé au procureur que soient rendus publics ces conclusions. Objectif
de Sophie Clément : éviter  » la propagation d’informations
inexactes « . Le président français a promis de faire la
lumière sur ce retard de communication lors d’un entretien avec Elisabeth
Borrel, mardi, à l’Elysée.

Recherche pour  » identifier les auteurs « 

Cet entretien avec Nicolas Sarkozy a ragaillardi l’auteure de Un juge assassiné
(Flammarion).  » Je voulais le remercier car c’est le seul qui m’ait reçue
depuis douze ans, je n’ai jamais été reçue par qui que
ce soit, aucun ministre, aucun garde des Sceaux auparavant, dans une affaire
qui concerne pourtant l’assassinat d’un magistrat. C’est vrai qu’il m’a un
peu, sur ce plan-là, réconciliée avec mon pays « ,
a-t-elle déclaré. Il faut dire que l’affaire Borrel est un sujet
sensible, à cause duquel diverses pressions politiques et médiatiques
auraient été exercées. Des soupçons indiquent
en effet que le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, et
une partie de son entourage sont impliqués dans l’assassinat. Or, la
France dispose dans ce petit pays est-africain d’une base militaire stratégique…

Le communiqué du procureur n’établit pas de responsabilités.
 » En l’état, l’instruction vise à compléter ces
éléments par des auditions et de nouvelles expertises afin,
notamment, d’identifier les auteurs et de connaître leurs mobiles « ,
souligne son communiqué.  » Le président Sarkozy va également
demander à ce que l’on fasse des recherches pour savoir pour quelles
raisons des documents classés secret défense de 1995 à
1997 n’ont pas été retrouvés « , a précisé
Me Olivier Morice, avocat de la veuve, à l’AFP. L’affaire Borrel semble
prendre une autre dimension.