22/06/07 (B400) LIBERATION / Elisabeth Borrel: «Il n’y aura plus les obstructions qu’on a connues» (Info lectrice)

Reçue mardi matin
par Nicolas Sarkozy, Elisabeth Borrel, veuve du juge français retrouvé
mort à Djibouti en 1995, dit avoir constaté un «vrai changement
de ton» dans la manière d’aborder le dossier.

Elisabeth Borrel, qui avait demandé une audience au chef de l’Etat
pour qu’il lui garantisse que l’enquête sur la mort de son mari serait
menée à bien, a été reçue mardi matin à
l’Elysée.

«Je voulais remercier (Nicolas Sarkozy) car c’est le seul qui m’ait
reçue depuis douze ans, je n’ai jamais été reçue
par qui que ce soit, aucun ministre, aucun garde des Sceaux auparavant, dans
une affaire qui concerne pourtant l’assassinat d’un magistrat. C’est vrai
qu’il m’a un peu, sur ce plan-là, réconciliée avec mon
pays», a-t-elle déclaré à la presse à sa
sortie de l’Elysée.

Elisabeth Borrel a expliqué avoir constaté chez le chef de l’Etat
«un vrai changement de ton sur le fond et sur la forme» dans la
manière d’aborder le dossier. «J’ai ressenti la parole libre
d’un homme chaleureux», a-t-elle confié, ajoutant: «Il
n’y aura plus les obstructions qu’on a connues. Il s’y est engagé.»

Après la mort du juge Borrel, en 1995 à Djibouti, l’enquête
française a privilégié dans un premier temps la thèse
du suicide avant de retenir celle d’un assassinat après de nouvelles
expertises. Des témoignages mettent directement en cause le président
djiboutien Ismaël Omar Guelleh et son entourage.

Elisabeth Borrel avait dénoncé le 13 juin devant la presse «des
pressions politiques incontestables» de l’Etat français dans
cette enquête, mettant notamment en cause le rôle joué
par Jacques Chirac.

Nicolas Sarkozy «a pris l’engagement de demander à ce que Mme
Borrel soit entendue en tant que témoin par la Cour internationale
de justice (CIJ) de La Haye, ce que seul un Etat peut demander», a précisé
à l’AFP Me Olivier Morice, avocat de Mme Borrel, qui l’accompagnait
à l’Elysée.

La CIJ a été saisi le 12 janvier 2006 d’une plainte de Djibouti
contre la France à laquelle l’Etat africain reproche d’avoir manqué
à ses devoirs d’entraide judiciaire en refusant de lui transmettre
une copie du dossier français sur la mort du magistrat. La juge Sophie
Clément a demandé jeudi au procureur de Paris de rendre publics
les éléments du dossier prouvant la piste criminelle afin d’éviter
«la propagation d’informations inexactes». Le 9 mai, les avocats
d’Elisabeth Borrel avaient déjà formulé la même
demande.