26/06/07 (B401) REUTERS : Le président de Djibouti pas concerné par l’affaire Borrel. (Info lectrice)

PARIS (Reuters) – Le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh estime que son pays n’est pas concerné par l’enquête sur la mort, en 1995 à Djibouti, du diplomate français Bernard Borrel, qu’il juge être une affaire "franco-française".

"Je l’ai dit et le répète, il s’agit d’une affaire franco-française. Les Français ont avancé la thèse du suicide, puis celle de l’assassinat, cela les regarde, ce sont eux qui mènent la danse", déclare-t-il dans une interview à paraître lundi dans Jeune Afrique.

La justice française a retenu mardi la thèse d’un homicide et non plus celle du suicide dans l’enquête sur la mort du magistrat français, qui a provoqué de vives tensions diplomatiques entre Paris et son ancienne colonie de la Corne de l’Afrique.

"C’est leur procès, leur pays, leurs histoires, cela ne nous intéresse et ne nous regarde pas", ajoute le président djiboutien en accusant l’opinion publique française de chercher "un bouc émissaire africain, un dirigeant de préférence".

Elizabeth Borrel, veuve du magistrat, qui met en cause les autorités de Djibouti, a été reçue mardi à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Son prédécesseur Jacques Chirac lui avait toujours refusé audience.

Le corps carbonisé du coopérant français et conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien a été retrouvé en octobre 1995. L’hypothèse du suicide avait d’abord été retenue mais, après des expertises médico-légales, le scénario d’un assassinat est retenu par la justice.

Elisabeth Borrel et ses avocats soutiennent la thèse d’un meurtre commandité par le pouvoir djiboutien et son président actuel, Ismaël Omar Guelleh, qui nie toute implication.

Dans le dossier, cette thèse repose sur le témoignage d’un Djiboutien, qui dit avoir entendu Ismaël Omar Guelleh parler de l’assassinat avec d’autres hommes le soir des faits. Ce témoignage est contesté et certains de ses éléments semblent incohérents, souligne la défense du président djiboutien.

L’affaire empoisonne depuis une dizaine d’années les relations entre Paris et ce pays qui abrite sa principale base militaire en Afrique. Des mandats d’arrêt visant deux exécutants supposés ont été délivrés, ainsi que deux autres visant le procureur général de Djibouti et le chef de ses services secrets, soupçonnés de "subornation de témoins".