27/06/07 (B401) JEUNE AFRIQUE / Selon le président djiboutien, « l’opinion française cherche un bouc émissaire africain ». Après Paris-Match et Europe1 (contrainte de faire machine arrière ensuite), c’est Jeune Afrique qui monte au créneau pour permettre à Guelleh de désinformer une fois de plus … (C’est qu’il a des sous, le père Guelleh ! et les media pourraient avoir certaines tentations …)

Ismaïl Omar Guelleh, le président de la République de Djibouti, ne se sent pas directement concerné par l’Affaire Borrel. Au contraire, il accuse l’opinion française de vouloir faire de lui un "bouc émissaire". C’est du moins ce qui ressort de l’interview qu’il a accordée le 21 juin à l’hebdomadaire Jeune Afrique, et qui sera retranscrite dans son intégralité dans le prochain numéro du magazine.

Dans cette interview, le président djiboutien réfute toute implication dans la mort du juge français Bernard Borrel, retrouvé en octobre 1995, le corps à demi-calciné au pied d’un ravin, à Djibouti.

Après avoir conclu à un suicide, l’enquête française s’est dernièrement orienté vers la thèse de l’homicide. Pour le chef de l’Etat djiboutien, mis en cause par plusieurs témoignages qui l’accusent d’avoir commandité l’assassinat du magistrat, "il s’agit d’une affaire franco-française. Les Français ont avancé la thèse du suicide, puis celle de l’assassinat, cela les regarde, ce sont eux qui mènent la danse (…) Dans cette affaire, l’opinion française cherche un bouc émissaire africain, un dirigeant de préférence".

Ismaïl Omar Guelleh rappelle qu’il n’a pour habitude "ni de tuer [ses] invités, ni de perpétrer des assassinats politiques". Il estime en outre qu’il "n’y a pas le moindre début de mobile crédible", l’affaire reposant sur "les déclarations de soi-disant témoins qui se sont emparés de cette histoire pour raconter des fables et obtenir de la Belgique l’asile politique auquel ils n’avaient pas droit".

La visite rendue par Elisabeth Borrel le 19 juin à l’Elysée ne semble pas avoir inquiété outre mesure Ismaïl Omar Guelleh, qui estime simplement que Nicolas Sarkozy "voulait peut-être faire plaisir à l’une de ses compatriotes qui se plaignait de n’avoir jamais été reçue par son prédécesseur et se disait victime d’un déni de justice".

Elisabeth Borrel, la veuve du juge Borrel, est convaincue que les autorités djiboutiennes sont impliquées dans la mort de son mari et que l’ex-président français Jacques Chirac a voulu étouffer le scandale au nom de la raison d’Etat. Lors de sa visite à l’Elysée, elle a demandé à Nicolas Sarkozy de faire en sorte que l’indépendance de la justice soit respectée dans l’enquête sur les circonstances du décès de son mari.

Aux allégations selon lesquelles l’Etat français aurait le premier suggéré à Djibouti d’attaquer la France en justice pour faire plier la juge en charge de l’enquête, Ismaïl Omar Guelleh rétorque simplement : "Comme si nous étions des enfants ou des mineurs qui avions besoin qu’un Blanc nous tienne par la main !"

Pourtant, des pièces saisies lors des perquisitions du mois d’avril aux ministères français de la Justice et des Affaires étrangères tendent à prouver que les autorités françaises auraient bel et bien suggéré à Djibouti de déposer un recours devant la Cour internationale de justice afin de contraindre la juge Sophie Clément à transmettre le dossier d’instruction à la justice djiboutienne.

Quoi qu’il en soit, selon le président djiboutien, l’affaire Borrel ne risque nullement – du moins à l’heure actuelle – d’entacher "la relation particulière" qui existe entre Djibouti et la France.