06/07/07 (B403) France-Congo. Sassou NGuesso à lElysée : une « rupture tranquille »?
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4 juillet 2007
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Après avoir reçu le dictateur gabonais Omar Bongo (au pouvoir depuis 1967) à la fin du mois de mai dernier, le président français Nicolas Sarkozy reçoit à lElysée, le jeudi 5 juillet, Denis Sassou Nguesso (dictateur du Congo-Brazzaville de 1979 à 1991 et depuis 1997). Loin de rompre comme il lavait promis avec les réseaux de la Françafrique et de « mettre un terme » au « système de relations personnalisées » , Nicolas Sarkozy insulte par cette réception les nombreuses victimes du criminel Sassou.
Denis Sassou Nguesso, dictateur et criminel
Le président français ne peut ignorer la nature prédatrice et dictatoriale du régime congolais, qui est de notoriété publique.
Pour rappel, la justice française donnait raison, en 2002, à François-Xavier Verschave (alors président de Survie) auteur du livre Noir Silence (les Arènes, 2000) dans lequel il démontrait que Denis Sassou Nguesso était un dictateur auteur de crimes contre lhumanité.
En 2006, la justice américaine donnait raison aux fonds dinvestissement qui démontraient lampleur des détournements opérés par le régime Sassou sur les revenus pétroliers : environ 20% du budget parti se cacher, avec la complicité de banques et dentreprises françaises, dans les circuits opaques de la finance mondiale. Un mécanisme parfaitement huilé décrit avec talent par Xavier Harel dans Afrique, pillage à huis clos (Fayard, 2006).
Il y a deux semaines, le 19 juin 2007, le Parquet de Paris donnait raison aux associations Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD) qui accusent Sassou de profiter en France dargent détourné au Congo, en ouvrant une enquête préliminaire sur son patrimoine immobilier en Île-de-France. Quelques jours plus tard, lONG Global Witness mettait à jour les dépenses somptuaires, financées par le pétrole, du fils du dictateur, Denis Chrystel Sassou Nguesso.
Noublions pas laffaire dite des disparus du Beach, massacre perpétré en 2000 contre des civils congolais et pour lequel une instruction judicaire est en cour en France.
Une rupture avec la Françafrique qui se fait attendre
Manifestement, Nicolas Sarkozy se soucie peu de cet édifiant curriculum. Déjà, en novembre dernier, dans un entretien au journal Jeune Afrique (n° 2391), Nicolas Sarkozy avouait apprécier Denis Sassou Nguesso (en plus de déclarer son amitié pour Omar Bongo). Le voilà donc, moins de deux mois après son élection, qui sapprête à recevoir le tyran congolais.
Le discours que tient Sassou est simple : le Congo a besoin de laide internationale et des allègements de dette promis aux pays pauvres très endettés ; pour y avoir accès il lui faut redorer son blason auprès des institutions financières internationales comme le FMI, soucieux de la gestion des revenus pétroliers ; lenquête ouverte à Paris pour « recel de détournement dargent public » tombe donc au plus mal pour la « réputation » du régime. Et ce ne sont pas les conditions déplorables dans lesquelles sest déroulé le 1er tour des élections législatives au Congo le 22 juin dernier (une sombre mascarade entachée dirrégularités comme lont constaté les observateurs de lUA) qui permettront aux bailleurs de constater des progrès accomplis en matière de gouvernance démocratique
On peut sattendre à ce que le potentat vienne dire en substance à lhôte de lElysée que si la justice française continue à mettre son nez dans les « affaires » congolaises, les privilèges accordés aux entreprises françaises pourraient prendre fin. Avec le risque quil trouve une oreille attentive. Nos associations resteront donc vigilantes quant aux décisions prises à lissue de cette rencontre.
Estimant que le plus élémentaire respect des droits de lHomme exige que soit déclaré personna non grata dans notre pays tout dictateur arrivé et maintenu au pouvoir par la force et la fraude électorale, nos associations condamnent fermement cette visite .
Dans son projet pour 2007 lUMP affirmait que ses élus ne soutiendraient « ni les dictateurs ni les pays dirigés pars des régimes corrompus ».
En 2007, 30 associations de solidarité internationale regroupées dans la campagne « 2007 Etat durgence planétaire, votons pour une France solidaire ! » ont signé une fiche de revendications sur les relations France-Afrique adressée aux candidats aux élections françaises. Elles y dénonçaient le soutien de la France à des régimes contestés par leurs peuples et réclamaient le conditionnement de laide française au respect de lEtat de droit dans les pays concernés : www.etatdurgenceplanetaire.fr