10/07/06 (B403) Nouvel Obs : Chronologie de l’affaire Borrel (Info lectrice)

Voici les principales étapes de l’enquête sur la mort du juge Borrel :



1995
18 octobre : Bernard Borrel, magistrat français détaché comme conseiller du ministre de la Justice djiboutien, retire à la banque l’équivalent de 32.800 euros qu’il laisse à son domicile. Une lettre donne des instructions à sa femme Elisabeth pour le paiement de quelques dettes.
19 octobre : Le cadavre du juge, à demi carbonisé, est découvert à 80 km de Djibouti-ville.
2 novembre :L’enquête djiboutienne conclut au suicide.
décembre : Une instruction est ouverte à Toulouse pour « recherches des causes de la mort ».



1996
6 février : Les faits sont requalifiés en assassinat.
15 février : Selon l’autopsie, le corps a été brûlé après la mort.



1997
8 juillet : Une étude médico-légale française affirme que le rapport d’autopsie djiboutien est « truffé d’erreurs et de contradictions ».

octobre : Le dossier est transféré à Paris.



1999

décembre : Un ex-membre de la garde présidentielle djiboutienne, Mohamed Saleh Alhoumekani, exilé en Belgique, affirme avoir entendu, le jour de la mort du juge, cinq hommes déclarer à l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, directeur de cabinet de son prédécesseur, que le « juge fouineur est mort » et qu' »il n’y a pas de trace ».



2002

juin : Deuxième exhumation du corps et expertises toxicologiques françaises qui jugent en novembre le suicide « peu plausible ».

19 novembre : Plainte d’Elisabeth Borrel pour « subornation de témoin » après les révélations d’Ali Iftin, un ancien officier djiboutien réfugié à Bruxelles qui affirme que Hassan Saïd, chef des services secrets djiboutiens, l’a obligé à mentir.



2004
20 octobre : Huit ans après avoir conclu à un suicide, la justice de Djibouti nomme un juge d’instruction qui réclame la communication du dossier français. Refus le 8 février 2005.



2005
7 février : Mme Borrel porte plainte pour pressions sur la justice, critiquant des interventions du Quai d’Orsay.

17 mai : Le président Guelleh, de passage à Paris, est vainement convoqué comme témoin.



2006
28 juin : L’avocat de Mme Borrel annonce la découverte d’empreintes génétiques sur le short du juge.

1er octobre : Mandats d’arrêt contre le procureur et le chef des services secrets de Djibouti, Djama Souleiman et Hassan Saïd, pour « subornation de témoins ».

19 octobre : Mandats d’arrêt contre Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani, possibles exécutants de l’assassinat.



2007
14 février : Le président Guelleh, en visite en France, est encore convoqué en vain.
19-20 avril : Perquisitions au Quai d’Orsay et au ministère de la Justice faisant suite à la plainte de Mme Borrel du 7 février 2005.
2 mai : Les juges tentent une perquisition à l’Elysée mais les gendarmes leur en interdisent l’accès.
6 mai : Le Journal du Dimanche publie le récit des juges lors du refus de perquisition à l’Elysée.
13 mai : Christian George, 37 ans, un ressortissant français affirmant détenir des informations sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, a été récemment incarcéré dans la capitale africaine par les autorités judiciaires djiboutiennes, annonce un membre de sa famille. Il serait accusé d’espionnage par les autorités djiboutiennes.
15 mai : Le procureur général de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali, nie qu’un ressortissant français actuellement incarcéré dans ce pays africain ait affirmé détenir des informations sur la mort en 1995 à Djibouti du juge français Bernard Borrel.
3 juin : L’affaire Borrel est passée au crible sur Canal+ dans l’émission « Lundi investigation », qui relate les pressions pour accréditer la thèse du suicide du juge. « A l’époque, il fallait accréditer la thèse du suicide pour ne pas gêner les relations entre la France et Djbouti qui étaient déjà bien malades, donc tout le monde a épousé cette thèse, y compris les militaires », explique Louis Vernay, ex-officier du 2ème Bureau (services de renseignements) à Djibouti.
9 juin : Le ministère de la Justice s’est secrètement engagé, dès 2004, à remettre l’enquête sur le juge Borrel aux autorités de Djibouti. Le procureur Laurent Le Mesle, à l’époque directeur de cabinet du garde des Sceaux, affirme « qu’il n’a jamais exercé de pression sur la justice ».
11 juin : Des documents saisis au Quai d’Orsay suggèrent un soutien du président Jacques Chirac à son homologue de Djibouti pour accéder au dossier judiciaire sur la mort du juge Borrel, où des responsables djiboutiens sont mis en cause.
13 juin : Elisabeth Borrel, veuve du juge Michel Borrel, lance à Paris un appel au président Sarkozy pour qu’il fasse respecter l’indépendance de la justice dans l’enquête sur les circonstances du décès de son mari.
15 juin : La juge Sophie Clément, chargée de l’enquête sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, demande au procureur de Paris de rendre publics les éléments du dossier prouvant la piste criminelle pour éviter « la propagation d’informations inexactes ».
16 juin : Un prélèvement d’ADN est pratiqué sur un Tunisien suspecté d’être impliqué dans la mort du juge français Bernard Borrel, à la demande de la justice française.
18 juin : Une note diplomatique suggère que Djibouti a demandé en 2005 la mise à l’écart d’un journaliste de RFI travaillant sur le dossier Borrel, la direction de RFI assurant de son côté n’avoir subi aucune pression.19 juin : Le procureur de la République, Jean-Claude Marin, confirme dans un communiqué l’origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel.
20 juin : L’engagement du président Nicolas Sarkozy au côté de la veuve du juge Bernard Borrel pourrait imprimer un tournant dans l’enquête sur cette affaire d’Etat, après dix années de blocages politico-judiciaires.
21 juin : Le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman, estime que la justice française « n’est plus indépendante » dans l’affaire de la mort du juge Bernard Borrel.
23 juin : La mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti est « une affaire franco-française », affirme le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique, affirmant qu’il n’y a « aucun mobile crédible » pour accuser des responsables djiboutiens.
6 juillet : Le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh va réclamer à la France la communication « des éléments médico-légaux » du dossier d’instruction de l’affaire Borrel pour permettre à Djibouti « d’établir si crime il y a eu », a annoncé le président djiboutien dans une interview au Monde.