10/07/07 (B403) L’AFFAIRE BORREL / Nouveau rebondissement ? par Sylvie Veran, journaliste au Nouvel Observateur (par Sylvie Véran) (Info lectrice)

UN NOUVEAU rebondissement dans l’affaire Borrel ?

La juge Sophie Clément en charge du dossier de l’assassinat du juge Bernard Borrel à Djibouti, le 19 octobre 1995, a pu établir que les autorités militaires de la base française étaient informées de la mort du magistrat avant la découverte du corps de celui-ci par les gendarmes de la prévôté ou police de l’armée. Cette information, jusque- là officieuse, a été confirmée entre le 25 et le 27 juin par plusieurs représentants de l’armée et de la gendarmerie déjà auditionnés par le prédécesseur de la juge Clément. Reste à savoir pourquoi les militaires français étaient au courant du décès du magistrat avant que l’on ne retrouve sa dépouille. Pour l’instant, cela reste un mystère.

"Par hasard"

Dans leur procès verbal de constatation, les gendarmes de la prévôté expliquent qu’ils passaient par hasard dans la région du Goubbet (à 80 kilomètres de Djibouti), lorsqu’ils ont été intrigués par la présence d’un 4X4 sur un parking qui domine le golfe du Goubbet- al Kharab. Or, nous précisait déjà, un ancien collègue du juge Borrel interviewé dans le cadre d’un article sur l’affaire paru en novembre 2006 (NO n°2194) : "Cette région est en pays Afar. Elle était alors encore en proie à une rébellion des Afars contre le pouvoir central détenu par l’ethnie Issa [NRDL : après trois ans de guerre civile 1991-1994]. Il y avait encore des éléments armés qui traînaient dans cette zone d’affrontements. Hormis l’armée djiboutienne, personne n’allait là-bas. Si les gendarmes français s’y sont rendus, c’est parce qu’ils savaient que le corps du juge Borrel s’y trouvait".

"Aucune Pression"

Pour tenter d’éclaircir la présence de la prévôté au Goubbet, Sophie Clément a demandé la levée du secret-défense concernant des documents relatifs aux mouvements des troupes françaises les 18 et 19 octobre 1995. La magistrate a par ailleurs écrit aux juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia, en charge d’un dossier connexe de "subornation de témoins". Elle souhaite en effet être entendue comme témoin alors que la veuve du juge Borrel affirme qu’il y a eu des "pressions politiques incontestables". A ce propos, Sophie Clément déclare au Nouvel observateur : "Je tiens à dire à mes collègues que je n’ai jamais reçu aucune pression. Ni de l’Elysée, ni du quai d’Orsay, ni de la chancellerie, du parquet général ou du parquet de Paris.

Les notes récemment découvertes par les juges Pous et Ganascia, lors de perquisitions aux ministères des affaires étrangères et de la justice, ne sont pour moi que l’expression de relations politiques et diplomatiques avec Djibouti qui n’ont eu aucune matérialisation concrète au sein du tribunal".

Sylvie Véran