11/07/07 (B403) L’Armée française savait déjà que le Juge Borrel était mort … plusieurs heures avant que l’on ne découvre son corps sans vie … (Plusieurs articles – Info lectrice)

_____________________________ Afrik.com (Antoine Ganne)

Révélations dans l’affaire Borrel : l’armée française en eau trouble

Elle était la première informée de l’assassinat du juge français

L’armée française était au courant de la mort du Magistrat français deux heures avant que son corps ne soit découvert. Cette information, révélée par Le Figaro et confirmée à l’AFP par une « source » proche du dossier, relance l’enquête et confirme la thèse d’un assassinat politique.

Mieux vaut tard que jamais, douze ans après l’assassinat du juge Bernard Borrel, à Djibouti, les langues semblent se délier. Sophie Clément, la juge d’instruction en charge de l’affaire a demandé, lundi, la levée du secret défense concernant une série de documents relevant du ministère de la Défense. Selon ses informations, l’armée française, basée à Djibouti, aurait été au courant dès 5h30 du matin de la mort du juge français alors qu’officiellement, d’après les procès-verbaux, la découverte du corps par les gendarmes d’Arta a eu lieu à 7h20, soit près de deux heures plus tard.

Toujours selon Le Figaro, c’est en reprenant les comptes-rendus d’auditions que cette nouvelle chronologie est apparue à la juge d’instruction. Sophie Clément recherche maintenant l’informateur de l’armée française. Deux pistes sont avancées. Celle des services secrets djiboutiens d’une part, alors dirigés par Ismaël Omar Guelleh, aujourd’hui Président de Djibouti, qui auraient ainsi décidé d’envoyer un message d’intimidation à la France, ce qui confirmerait que le juge Borrel était bien sur la piste de vastes trafics au sommet de l’Etat djiboutien. Celle de l’armée française d’autre part, qui aurait pu découvrir le corps lors de manœuvres effectuées dans les environs. Pourquoi l’armée aurait-elle alors caché cette découverte et jusqu’où l’information était elle remontée ?

C’est pour savoir laquelle de ces deux pistes suivre que la juge a demandé la levée du secret défense sur des documents relatifs au mouvement des troupes françaises ce 19 octobre 1995. Une chose est certaine, Nicolas Sarkozy comme il s’y était engagé, semble bien faire primer la justice sur la raison d’Etat. Et c’est une bonne nouvelle.

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Radinrue.com (Karl Mègue)

Borrel : l’armée savait qu’il "était" mort avant que l’on ne découvre qu’il l’était !

L’armée française à Djibouti recevait l’information de la mort du juge Borrel avant même les gendarmes, or cette information est en contradiction avec tous les PV. Le Figaro écrit que c’est suite à la reprise des auditions que le juge d’instruction apprend ce troublant détail.

C’est en 1995, à Djibouti que le juge français Bernard Borrel disparaissait, l’enquête reprend actuellement au travers d’auditions, et ces dernières apportent de curieuses révélations ; selon Le Figaro, l’armée française à Djibouti était au courant de la mort du juge deux heures avant la découverte officielle de son corps par des gendarmes de la prévôté d’Arta comme l’ont toujours indiqué les procès-verbaux. Alors qu’en contrebas de la route, la gendarmerie découvre le corps calciné du juge à 7h20, Le Figaro affirme que l’armée savait dès 5h30 que le juge était mort.

Informé en premier, c’est un membre de la direction de la protection sécurité publique, qui va alerter les responsables du deuxième bureau de l’état-major chargé des services secrets militaires. Le chef d’état-major des forces françaises stationné à Djibouti apprend la nouvelle 30 minutes après.

Pendant ce temps, personne ne sait que le Juge Bernard Borrel est mort ; ce sera 1 heure et 20 minutes après que l’information soit connue au sein de l’armée, pour que la Gendarmerie découvrant le corps officialise le drame.

Actuellement, devant la tournure du dossier, la juge qui a repris les auditions, cherche à savoir qui a informé l’armée française. Les services secrets djiboutiens peuvent-ils être en cause ? L’armée peut-elle avoir découvert le corps avant les gendarmes lors d’opérations dans la zone ?

Le secret défense entoure les documents du 19 octobre 1995, la juge veut qu’ils soient levés pour analyser les "mouvements des troupes françaises" ce jour là.

_______________________________ Jeune Afrique

L’armée française aurait été la première informée de la mort du juge

Nouveau rebondissement dans l’affaire de la disparition du juge Bernard Borrel. Selon des informations révélées ce matin par Le Figaro, l’armée française stationnée à Djibouti aurait été la première informée de la mort du magistrat.

Contrairement à ce qui est écrit dans tous les procès-verbaux faisant référence à l’affaire, les gendarmes de la prévôté d’Arta ne seraient donc pas les premiers à avoir découvert le corps du juge français, retrouvé le 19 octobre 1995 à demi-calciné au pied d’un ravin.

Il semblerait que la nouvelle de son décès circulait déjà au sein de l’armée française dès 5h30 du matin, soit deux heures avant que les deux gendarmes ne découvrent officiellement son corps.

Premier informé : un membre de la direction de la protection sécurité publique, qui s’empresse de faire remonter l’information jusqu’aux responsables du deuxième bureau de l’état-major chargé du renseignement militaire. Dans la demi-heure qui suit, le colonel Patrice Sartre, chef d’état-major des forces françaises stationnées à Djibouti, est à son tour averti de la situation par le colonel Godron, attaché de défense auprès de l’ambassade de France.

Il faudra attendre une heure vingt de plus avant que la gendarmerie ne découvre « officiellement » la disparition du juge.

Cette information a été révélée par Sophie Clément, la juge d’instruction en charge de l’affaire. Après avoir auditionné à nouveau des représentants de l’armée et de la gendarmerie, cette dernière est parvenue à cette nouvelle chronologie de l’affaire.
Reste désormais à découvrir qui a informé l’armée française. Il pourrait s’agir des services secrets djiboutiens. A moins que ce ne soit l’armée française elle-même qui ait découvert le corps du juge Borrel au cours d’une opération militaire effectuée dans cette zone…

Afin de faire toute la lumière sur les circonstances de la disparition du juge Borrel, la juge a demandé la levée du "secret défense" sur les documents relatifs aux mouvements des troupes françaises stationnées à Djibouti ce 19 octobre 1995.

___________________________________ Le Monde (Gérard Davet)

Un trouble jeu diplomatique

Dans un communiqué rendu public le 20 juin, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, avait confirmé l’origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel, dont le cadavre fut retrouvé en octobre 1995 dans un ravin à Djibouti. Il précisait que "si la thèse du suicide a pu un temps être privilégiée, les éléments recueillis, notamment depuis 2002, militent en faveur d’un acte criminel (…). Les expertises anthropologiques, médico-légales, de la police scientifique concluent à l’existence de lésions osseuses sur le crâne".

Quelques heures plus tôt, la veuve du juge Borrel avait été reçue à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Selon Mme Borrel, M. Sarkozy aurait pris l’engagement de s’adresser à la Cour internationale de justice afin qu’elle soit entendue comme témoin. Cette Cour est saisie depuis janvier 2006 d’une plainte de la République de Djibouti contre la France qui refuse de lui transmettre le dossier dans lequel des témoignages mettent en cause l’entourage direct du président Ismaël Omar Guelleh.

Des documents, saisis lors de perquisitions, tendent à montrer que la France a pu jouer un trouble jeu diplomatique (Le Monde du 11 juin). Dans un télégramme diplomatique daté du 25 juin 2005, l’ambassadeur de France à Djibouti, Philippe Selz, relate ainsi un entretien avec le ministre djiboutien des affaires étrangères : "Il m’a dit qu’il réfléchissait à notre idée de recours à la CIJ."

La France a-t-elle voulu venir en aide à Djibouti, quitte à se heurter à un juge d’instruction ?