30/11/98 (LIB 001) Interview du Président de la République djiboutienne : S.E. Hassan Gouled APTIDON

Radio
France International
Informations africaines du Lundi 30 novembre 98, 13 heures 45 Transcription
d’un extrait de la radiodiffusion
« Le Président djiboutien, Hassan Gouled Aptidon »

Philippe Leymarie l’a
rencontré
en marge du Sommet France-Afrique
XXè du genre, programmé du 26 au 28 novembre 98 à Paris.

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Philippe Leymarie
: Monsieur le Président, les relations avec la France sont-elles revenues
à la normale ?

Hassan Gouled
Aptidon
: Il y a des malentendus, parce que le changement de direction,
ça donne des inquiétudes à des uns et des autres.

Ph. L. Est-ce
que vous avez tenté d’empêcher alors cette réduction du dispositif militaire
français ?

H. G. A. Pour venir, on nous le consulte. Mais pour le départ,
pour les enlever, pour les diminutions des soldes, pour la question des comptes,
ceci cela, on nous le demande pas. Il y a des choses qui vont nous manquer.

Ph. L. Est-ce
que vous pensez obtenir des compensations, alors ?

H. G. A. Il y a compensation, et il y a des revendications de
certains droits que nous, nous en avons. Il y a les deux.

Ph L. En
quoi est-ce que vous avez besoin de la base française ? Pour des raisons économiques,
ou bien parce que tout de même, elle a un rôle militaire régional qui vous
intéresse ?

H. G. A : Nous avons créé une amitié. Nous parlons français
et les autres parlent en anglais. Quand il était la guerre dans la région,
vous croyez que les Français croisent les bras ? Il faut pas qu’on nous ment
! Ils font l’intervention à leur guise. Même certains moments sans nous le
demander.

Ph. L.
Il y a un jeu de bascule diplomatique, à nouveau, de vases communicants
qui continue dans votre région. Vous étiez en accord avec les Erythréens,
auparavant. Eh bien, vous venez de rompre. Délibérément.
H. G. A.
Vous dites Erythréens. Nous sommes toujours d’accord
avec les Erythréens. Mais nous sommes pas d’accord avec leur Chef d’Etat.
Il a parlé à Ouagadougou, en demandant à la commission et les présidents
Blaise Campaoré et Mugabé, de me faire sortir, et sortir de la réunion
les Djiboutiens. Il dit : vous êtes des espions de l’Ethiopie. Nous ne
faisons pas l’espionnage, nous faisons de commerce. Si les Erythréens
veulent passer par le port de Djibouti, ils sont bienvenus. Et jusqu’à
la date d’aujourd’hui, malgré la diplomatie à la gomme, nous renvoyons
leurs marchandises qui viennent à Djibouti. Ou ils le cherchent, et on
le donne.

Ph. L. Est-ce
que vous avez un parti pris, alors, pour l’Ethiopie ?
H. G. A.
Pourquoi ?! C’est nos voisins, c’est nos amis. C’est
nos amis plus anciens encore. Alors si aujourd’hui, s’ils sont pas d’accord
les deux cousins, alors, moi, qu’est-ce que j’en ai à foutre là-dans !

Ph. L. Quel
avenir alors pour le règlement de cette affaire ? Parce que, de nouveau, on
a l’impression que dans la Corne de l’Afrique, les problèmes s’accumulent
un petit peu.

H. G. A. La Corne de l’Afrique est malade, alors, il
faut la chercher des soins médicaux. Ils sont pas raisonnables. Nous nous
voulons embêter personne.

Ph. L. C’est
votre dernier mandat. Vous allez laisser une situation régionale compliquée
!

H. G. A. C’est pas moi qui a compliqué la situation. Je suis
pas le bon Dieu !

Ph. L. Est-ce
que vous estimez que chez vous à Djibouti, la situation politique intérieure,
maintenant, est à peu près stabilisée ?

H. G. A. Je crois que vous le savez, c’est stabilisé, c’est
réglé. IL y a un gouvernement d’union, et l’opposition ils ont été satisfaits.
Ils sont dans l’Armée, ils sont dans le Gouvernement, ils sont dans le Parlement.
Alors, c’était ça qu’ils demandaient.

Ph. L.
vous parlez du FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie).
Cela dit, il y a une fraction du FRUD qui relance un petit peu sa guérilla,
on dirait, ces derniers temps ?

H. G. A. Ce que les autres ils feront, ils vont le revendiquer.
Et ça c’est la faute de la France ! Avec leurs conneries de toujours !
Il faut pas protéger des gens, vraiment, qui n’ont rien à faire ici !
Pour insulter Djibouti, et revendiquer à tous les assassinats.

Ph. L.
Vous estimez que la France donne abri à des opposants armés, qu’elle
ne devrait pas accueillir ?

H. G. A. Exactement. Comme tu as dit, c’est « armés ». Est-ce
qu’on a donné aussi des armes, ici ? Si moi, demain, je m’installe à Paris,
et puis on se trouve nez à nez à l’opposition à la gomme qui sont ici, alors,
à ce moment-là, qu’est-ce que vous en penserez ? Qu’on se trouve aux Champs
Elysées, et puis le pétard claque ! Ca va être la faute de qui ?

Ph. L. Merci
Monsieur le Président.

Sans
commentaire aucun, nous vous laissons apprécier
la pensée et l’expression du Président djiboutien
Hassan Gouled Aptidon.

Transcription
ADD,
Association pour la Démocratie et le Développement.