14/08/07 (B408) Radio-Canada / Somalie : la mort et l’indifférence (Info lecteur)

Toutes les parties impliquées dans le conflit armé qui déchire la Somalie depuis quelques mois commettent de nombreux crimes de guerre au détriment des populations civiles de la région, conclut un rapport de Human Rights Watch (HRW).

L’organisme non gouvernemental presse le Conseil de sécurité des Nations unies d’accorder un mandat de protection particulièrement fort à une éventuelle mission de paix des Casques bleus. « L’indifférence du Conseil de sécurité des Nations unies à cette crise ne fait qu’ajouter à la tragédie », déplore le directeur général de HRW, Ken Roth.

L’enquête de HRW – la première effectuée sur le terrain grâce à des sources indépendantes, selon l’ONG – réitère que des centaines de civils ont été tués depuis les violents combats entre les insurgés et les troupes du gouvernement de transition, soutenues par l’armée éthiopienne. Environ 400 000 autres ont fui leur domicile, selon HRW.

Les exactions recensées dans le rapport sont nombreuses:

Les insurgés: tirs de mortiers au milieu de quartiers habités par des civils, déploiement de troupes dans ces mêmes quartiers, assassinats ciblés de membres du gouvernement de transition, exécutions sommaires et mutilation de combattants faits prisonniers.

L’armée éthiopienne: tirs de roquettes, de mortiers et d’artillerie sur des quartiers densément peuplés de Mogadiscio, tirs visant spécifiquement des hôpitaux, pillage de ces mêmes sites afin de mettre la main sur du matériel médical, exécutions sommaires de civils.

Forces du gouvernement de transition: Bien qu’elles jouent un rôle secondaire dans ce conflit, HRW les accuse de ne pas prévenir adéquatement les populations civiles dans les zones de combat, de pratiquer le pillage, d’entraver les efforts visant à venir en aide aux déplacés et de maltraiter des citoyens détenus à la suite d’arrestations massives.

La publication du rapport de 113 pages coïncide avec une nouvelle ronde de délibérations au sujet de la Somalie au Conseil de sécurité de l’ONU. Le Conseil doit discuter de la mission de l’Union africaine, forte de 1500 hommes, et de la possibilité de la transformer en mission des Nations unies.

Les troupes éthiopiennes sont intervenues en Somalie après que l’Union des tribunaux islamiques eut réussi à mettre le gouvernement de transition en déroute et à prendre le contrôle de Mogadiscio.

La Somalie, qui compte 8,3 millions d’habitants, fonctionne sans gouvernement central stable depuis la chute du dictateur Siad Barré en 1991. Pas moins de 14 initiatives de paix ont échoué au cours des 16 dernières années.