28/08/07 (B410) LE MONDE Deux hauts responsables djiboutiens en correctionnelle dans l’affaire Borrel

Deux hauts responsables djiboutiens, proches du président Ismaël Omar Guelleh, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Versailles pour "subornation de témoins" dans le dossier de l’assassinat du juge Borrel en 1995 à Djibouti, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Le procureur général de Djibouti Djama Souleiman et le chef des services secrets Hassan Saïd sont renvoyés en correctionnelle par une ordonnance, datée du 20 août, du juge Magali Tabareau chargée de l’information judiciaire ouverte pour "subornation de témoins" le 5 mai 2003, a-t-on précisé de même source.

Des mandats d’arrêt avaient été délivrés le 27 septembre 2006 par la justice française contre ces deux responsables, soupçonnés d’avoir exercé des pressions et des menaces sur deux témoins djiboutiens dans l’affaire Borrel.

Des témoins ont en effet mis en cause dans la mort du juge Borrel le président et des dignitaires du régime de Djibouti. Le corps en partie carbonisé du juge Bernard Borrel avait été retrouvé le 19 octobre 1995 en contrebas d’un ravin à 80 km de Djibouti. Il travaillait auprès du ministre de la Justice de Djibouti à la réforme du code pénal.

Le premier témoin, visé par ces pressions, est un ex-membre de la garde présidentielle djiboutienne, Mohamed Saleh Alhoumekani, exilé en Belgique. Il avait affirmé en décembre 1996 avoir entendu, le jour de la mort du juge, cinq hommes déclarer à l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, alors directeur de cabinet de son prédécesseur, que le "juge fouineur est mort" et qu’"il n’y a pas de trace".

Le second témoin, menacé de représailles sur sa famille, est Ali Iftin, l’ex-chef de la garde présidentielle. Egalement réfugié à Bruxelles, il avait affirmé que le chef des services secrets djiboutiens l’avait obligé à mentir.

Ce dossier de subornation de témoins est l’un des volets de l’affaire Borrel. Le dossier d’assassinat est instruit par la juge parisienne Sophie Clément.