29/08/07 (B410) AFP : Borrel / refus catégorique d’un procureur djiboutien de comparaître en France.

PARIS, 29 août 2007 (AFP) – Le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman, renvoyé devant la justice française pour "subornation de témoins" dans le cadre de l’affaire du juge Borrel, a affirmé qu’il était "hors de question" de comparaître en France, indique mercredi le quotidien Le Monde.

Il a été renvoyé, en compagnie du chef des services secrets, Hassan Saïd, par une ordonnance du 20 août devant le tribunal correctionnel de Versailles, à l’ouest de Paris, pour "subornation de témoins" dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du juge français Bernard Borrel à Djibouti en 1995.

Ils sont soupçonnés d’avoir fait pression et menacé deux témoins qui ont mis en cause directement le président actuel djiboutien Ismaël Omar Guelleh.

"Il est hors de question que l’on aille devant la justice française, a déclaré M. Souleiman au Monde. "On nous a traités par le mépris, nous allons répondre par le mépris. Sur le plan juridique, ce renvoi ne tient pas la route, puisqu’il concerne des citoyens djiboutiens installés hors du territoire français", a-t-il ajouté.

Deux témoins, l’ex-chef de la garde présidentielle Ali Iftin et un ex-membre de cette garde, Mohamed Saleh Alhoumekani, exilés en Belgique, ont mis en cause durant l’enquête l’actuel président djiboutien M. Guelleh et des dignitaires du régime de Djibouti.

M. Alhoumekani avait affirmé en décembre 1996 avoir entendu, le jour de la mort du juge, cinq hommes déclarer à Ismaël Omar Guelleh, alors directeur de cabinet de son prédécesseur: le "juge fouineur est mort" et "il n’y a pas de trace".

"Tout cela n’est qu’un montage, ce sont Mme Borrel et ses avocats qui devraient être renvoyés devant le tribunal", s’est insurgé M. Souleiman. "Il a été prouvé que la réunion de ces cinq personnes ne pouvait matériellement avoir eu lieu", a-t-il ajouté.

La veuve du juge Borrel affirme que son mari a pu être assassiné car il enquêtait sur des trafics d’armes dans lesquels était impliqué le régime djiboutien. Cette affaire empoisonne les relations entre la France et Djibouti, ex-colonie française qui abrite la principale base militaire française en dehors du territoire national.