30/08/07 (B410) (AFP) – Somalie : fin de la conférence de réconciliation, après des débats marathon. Selon de nombreux observateurs, cette conférence, tenue en dépit des menaces et des attentats multiples n’aurait pas permis de résoudre les problèmes.

Une conférence de réconciliation nationale en Somalie, qui réunit à Mogadiscio les représentants d’une myriade de clans mais en l’absence des Tribunaux islamiques, devait s’achever jeudi après six semaines de discussions marathon, troublées par d’incessantes violences.

"C’était la première fois qu’un si grand nombre de délégués somaliens partisans de la paix se réunissaient, a déclaré un "ancien" d’un clan, Bile Mohamud Qabowsade, assurant que "pour cette simple raison, cette conférence est une base pour notre unité future".

La conférence, convoquée par le gouvernement sous pression de la communauté internationale, a toutefois été boycottée par les islamistes, principaux acteurs de l’opposition armée, et par une grande partie des membres du clan Hawiye, le plus puissant de Mogadiscio.

De l’avis des observateurs, toute conférence de réconciliation somalienne devra rassembler plus largement, et aborder la question du départ de Somalie des troupes éthiopiennes si elle veut aboutir.

Les islamistes et d’autres représentants de l’opposition tiendront leur propre conférence dans la capitale érythréenne, Asmara, à partir du 1er septembre, pour exiger notamment le départ des troupes éthiopiennes.

A Mogadiscio, depuis le 15 juillet, plus d’un millier de délégués, issus de nombreux clans et sous-clans, ont abordé les questions du partage du pouvoir et des ressources, les plus cruciales dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

"La conférence s’achève mais la réconciliation reste ouverte", a estimé un autre "ancien", Mohamud Haji Mohamed. "Cela ne veut pas dire que nous avons tout résolu mais les résultats que nous avons obtenus montrent que la conférence est une pierre sur le chemin de la paix", a-t-il ajouté.

Pendant les six semaines de conférence, les violences se sont pourtant intensifiées dans la capitale. Le gouvernement a attribué les attaques quasi-quotidiennes aux membres des Tribunaux islamiques, qui avaient contrôlé en 2006 la quasi-totalité du sud et du centre du pays durant plusieurs mois, avant d’être chassés du pouvoir par l’armée éthiopienne, soutien des forces officielles somaliennes.

Placée sous très haute surveillance en raison des menaces de mort visant les participants, la conférence a dû être suspendue à plusieurs reprises après des tirs d’obus.

La semaine dernière, un important chef de clan, Moalim Harun Moalim Yusuf, a été abattu par des hommes armés, et trois autres délégués ont été blessés dans des attaques à la grenade contre leurs hôtels.

A Mogadiscio, certains ont ironisé sur l’utilité d’une telle réunion, la dernière d’une liste de tentatives similaires pour mettre un terme aux violences meurtrières ininterrompues depuis la chute du dictateur Mohammed Siad Barre, en 1991.

"La conférence a commencé, les anciens ont pris le café dans une grande salle (…) mais personne ne semble capable d’expliquer le véritable résultat. Je crois que ce congrès était surtout une semaine de vacances pour des anciens venus de régions éloignées", a commenté Haji Adan Mohamed, du clan Hawiye.

"Mogadiscio, qui accueille la conférence, est en flammes, et il faudrait trouver un moyen de rassembler toutes les parties prenantes, y compris les insurgés", a estimé Amino Hasan Warsame, l’une des rares femmes à participer à la conférence.

Ces derniers mois, les forces gouvernementales et les troupes éthiopiennes ont été la cible d’attaques quasi-quotidiennes à Mogadiscio, qui ont fait des dizaines de morts chaque semaine.

Les civils paient le plus lourd tribut: depuis la chute des Tribunaux islamiques, début janvier 2007, les combats ont fait des centaines de morts, et poussé à la fuite des milliers d’habitants de la capitale.