09/10/07 (B416) La Nation persiste et signe dans un article provocateur : « La France pédophile » (Plusieurs lectrices et lecteurs)

_______________________________________ Note de l’ARDHD
Après un article « maladroit » qui tentait de démontrer contre toute logique et surtout contre les constatations, que le Juge Borrel s’était suicidé, La Nation repart à l’attaque cette semaine avec un nouveau titre qui pourrait laisser supposer que Guelleh accuse tous les Français d’être des pédophiles ….

La maladresse, à notre avis, est grande ! Si Guelleh avait tenu son cap, en affirmant que Djibouti n’avait rien à voir dans l’assassinat du Juge, pour quelles raisons, La Nation (qui est son porte-voix) aurait-elle besoin de le justifier et de tenter de détourner le problème, en lançant des pistes nouvelles à chaque numéro ?

Cette attaque en règle contre la France montre l’embarras des plus hautes autorités de la dictature. Personne ne vous dira qu’il n’y a pas de pédophiles en France, mais de là dire que c’est la France toute entière qui l’est ! il y avait un fossé à franchir.

De nombreux observateurs pensent que la relation qui a été faite dernièrement entre l’assassinat du Juge et ses découvertes sur des trafics de Guelleh (ce que tout le monde imaginait bien avant) a suscité un vent de panique à l’Escale et à Haramous.

Comme l’écrit l’un de nos correspondants, l’affaire Borrel est un typhon qui souffle sur le Palais présidentiel.

Mais que vient faire M Mouline dans cet article ? Est-ce La Nation qui le fait parler ou est-ce lui qui a accordé un interview à ce canard « boiteux » ?

En tout cas, l’article est scandaleux et il a choqué de nombreux lecteurs autant français que djiboutiens. Il va certainement provoqué des réactions qui vont affaiblir le dictateur, alors qu’il n’avait pas besoin de cela. IOG nous avait habitué à plus d’habileté dans la stratégie.

A-t-il atteint ses limites, son seuil d’incompétence ?
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La France pédophile 

Qu’avait-il donc en tête, Jean-Jacques Mouline, le Chef de la mission de Coopération à Djibouti ce Jeudi 19 Octobre 1995 à 9 heures du matin, deux heures seulement après la découverte, par des militaires français, du corps de Bernard Borrel au Ghoubet, quand il fit irruption dans le bureau de M. MOUMIN BAHDON FARAH, Ministre Djiboutien de la Justice ?

Démarche inaccoutumée de la part du Chef de la Mission qui débarqua de façon impromptue (sans rendez-vous et sans prendre la peine d’annoncer sa venue) dans le bureau du Ministre Djiboutien qu’il avait pourtant fini par détester !

N’avait-il pas lu, si souvent, ce  monsieur Mouline, les rapports rédigés par le conseiller technique qui accablaient le ministre Djiboutien et qui préconisaient même la suspension de la coopération judiciaire ?

N’avaient-ils pas régulièrement  » rouspété en privé  » avec l’Ambassadeur et le Consul Général contre ce Ministre djiboutien auquel ces autorités françaises, si frileuses, reprochaient surtout son rôle décisif et négatif dans la libération d’AWALEH GUELLEH et les auteurs de l’attentat anti-français du  » café de Paris  » ?

En tournant dans le petit bureau de la secrétaire du Ministre, Jean-Jacques Mouline ressassait dans sa tête le souvenir de Bernard Borrel… Il se rappela du dernier rapport de Bernard Borrel, un mois avant sa mort, qui lui écrivait : « je me sens inutile auprès de ce ministre, je suis insulté, je ne me suis jamais senti dans ma vie aussi dégradé… « .

Et puis surgissent dans sa mémoire les propos tenus, lors d’une réunion sécrète et tendue au domicile du Général Guéniot, Commandant des FFDJ, par un assistant social des Armées sur la moralité de Bernard Borrel, propos qui stupéfièrent l’assistance et qui continuaient un an plus tard de pétrifier ce pauvre Mouline.

Le Chef de la Mission se souvenait aussi que le conseiller technique, avant de mourir, l’avait imploré de lui trouver une autre affectation au plus vite et avant la rentrée judiciaire de Septembre 1995.

Il fut saisi d’une immense tristesse, Jean-Jacques Mouline, en se rappelant qu’il avait systématiquement refusé de recevoir Bernard Borrel depuis cette fameuse réunion…

Puis, il se ressaisit en repensant aux propos que l’Ambassadeur Momal lui avait lancé en présence du Général Guéniot et du Consul Guérin, une demi heure plus tôt, dans les bureaux de la Chancellerie, alors que Mouline était encore sous le choc de la réaction de Mme Borrel qui avait refusé, dès l’annonce de la mort de son mari, de le recevoir, alors même qu’il s’était déplacé avec le consul au domicile de celle-ci ;  » je vous conseille de faire vite Jacques, très vite avant que les Djiboutiens ne découvrent toutes ces histoires…et la  » foutue liste  » insista Momal…  » Et cette malheureuse veuve, j’ose espérer qu’elle sera rapatriée le plus rapidement avec ses enfants, je comprends qu’elle ne souhaite pas voir le corps de son mari, il parait qu’il n’est pas beau à voir, de toute façon ça serait encore pire pour Mme Borrel si elle apprenait ses fréquentations…cette histoire avec les garçons ! « 

Mais qu’était-il donc venu chercher Jacques Mouline auprès de ce Ministre Djiboutien qu’il avait coutume d’éviter !

Que pouvait-il annoncer de plus au Ministre de la Justice, puisque MOUMIN BAHDON savait depuis 8 heures du matin la mort de son Conseiller Technique et que d’ailleurs le procureur Général et le procureur de la République qui rentraient du Goubet par hélico étaient encore dan son bureau pour lui rendre compte de leur transport sur les lieux ?

Soudain, le bruit de la porte du Ministre qui s’est ouverte arracha Jacques Mouline à ses réflexions…

 » Bonjour M. le Ministre  » fit Mouline s’efforçant de sourire,  » bonjour M le Chef de Mission  » répondit le Ministre, surpris de voir débarquer l’homme qui le menaçait en privé de lui couper la petite enveloppe financière que la Mission mettait au profit de son Ministère pour venger son compatriote Borrel que ce  Ministre Djiboutien avait confiné dans des tâches insignifiantes et indignes d’un magistrat français, d’après Mouline.

Après une discussion convenue de quelques minutes sur la mort tragique du conseiller technique, Jean-Jacques Mouline lança au Ministre :  » il faut comprendre notre situation M. le Ministre, celle de la Mission, celle de l’Ambassade et celle de Paris ; il nous faut devancer la presse ; oui, il faut absolument que l’on fasse un communiqué disant que Bernard Borrel s’est suicidé avant que la presse ne s’empare de l’affaire ! « 

Le Ministre Djiboutien de la Justice observa ses deux procureurs stupéfaits par les propos tenus devant eux par le Chef de la Mission de Coopération.

Avant même que le Ministre et ses deux procureurs décomposés n’aient eu le temps de réagir, M. Mouline rajouta :  » je vous en prie M. le Ministre, cette affaire aura des conséquences très graves sur la Mission de Coopération, sur l’Ambassade et sur les Français de Djibouti si on ne devance pas la presse … vous savez mieux que moi que la presse française est malsaine, elle cherchera des problèmes là ou il y en a pas, parce que moi je  sais qu’il s’est suicid酠»

 » M. le Chef de Mission « , fit d’un ton cassant le Ministre Djiboutien,  » Bernard Borrel était mon conseiller technique et je ne sais pas encore les circonstances de sa mort ni pourquoi il s’est tué, si vous dites qu’il s’est suicidé, alors notre devoir à nous est de ne pas nous précipiter mais d’attendre les résultats de l’enquête sur sa mort « .

Jean-Jacques Mouline tenta de ne pas montrer sa crispation face à la réponse du Ministre à laquelle il s’était d’ailleurs préparé.

 » Nous avons saisi la Gendarmerie Djiboutienne et c’est le lieutenant Zakaria qui mène l’enquête ; je pense que l’on aura les résultats dans quelques jours ; il vaut peut-être mieux attendre avant de faire un quelconque communiqué  » ajouta le procureur de la République, M.ABDOURAHMAN CHEIK, confirmant les propos de son Ministre.  Dix ans plus tard, Emmanuel Hamelin, député du Rhône, écrira, sous la pression de l’association  » Survie Rhône « , à Mme Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, pour lui demander d’exclure le lieutenant-colonel Zakaria d’un stage au collège interarmées de défense et de le poursuivre devant la justice française.

Mais Jean-Jacques Mouline qui n’était pas un homme qui renonce aussi facilement revint à la charge « je pense que l’enquête démontera que Bernard s’est suicidé ; il m’a dit, il y a quelques temps qu’il ne se plaisait pas à Djibouti et qu’il voulait partir…, je pense qu’il était un peu déprimé ces derniers temps alors je suis sûr comme sa femme qui l’a d’ailleurs expliqué à ses amies…  »

 » Je pense M. le Ministre que nous devrions faire ce communiqué à la presse pour dire que Bernard Borrel s’est suicidé et nous vous serions beaucoup reconnaissant. Vous verrez de toute façon que le suicide sera confirmé par votre enquête… vous verrez… « 

Et puis le Chef de Mission, d’un ton plus rassurant continuait à parler des difficultés de l’expatriation,  du fait que Bernard n’avait jamais fait auparavant de la Coopération, que c’étaient des choses qui pouvaient arriver … « 

Jean-Jacques Mouline insista aussi sur la volonté de la Mission de Coopération de continuer à aider financièrement le Ministère Djiboutien de la Justice.

Une petite demi-heure après son arrivée dans le bureau du Ministre, Jacques Mouline ressortait avec le communiqué qu’il avait  élaboré avec le Ministre Djiboutien et qui sera diffusé, à la presse Djiboutienne et Française…cinq heures seulement après la découverte du corps, un diplomate de l’Ambassade de France lira à la télé le communiqué officiel annonçant le suicide de Bernard Borrel…

En tournant la clé de contact dans sa voiture, Jean-Jacques Mouline soupira, il venait de remporter une première victoire avec son communiqué qui annonçait le suicide de Bernard Borrel.

Il pensait au fond de lui-même qu’en vieux routier de la Coopération, il avait encore évité un  scandale à ses compatriotes de Djibouti, une terrible infamie à son pays, la France…

Mais Mouline repensait soudainement avec inquiétude aux propos du procureur qui avait déclaré qu’une enquête était en cours sur la mort du conseiller technique.

 » Quelle poisse, et si ces enquêteurs Djiboutiens découvraient toutes ces choses ? Et puis surtout pourront-ils découvrir  » cette foutue liste  » ?  se demanda-t-il en tremblant.

Il était furieux contre ce militaire, cet assistant social des FFDJ qui avait mené une enquête personnelle et sécrète sur la pédophilie des Français de Djibouti, à cause de son zèle tout peut remonter en surface maintenant que l’autre malade a choisi Djibouti pour mourir ;  » et merde, il faut toujours qu’il y ait un petit con pour fouiner dans les poubelles de la France  » murmura le Chef de Mission aux bords de la crise des nerfs !

Jean-Jacques Mouline se disait que le monde était vraiment injuste, il avait tellement fait pour sauver l’honneur de la France…

N’avait-il pas, en bon professionnel, insisté et obtenu auprès de la  » Rue Monsieur et du Quai d’Orsay  » le  » rapatriement forcé « , sans que évidemment les autorités Djiboutiennes ne le sachent,  par  » vol bleu  » de tant des coopérants, diplomates et militaires  français pédophiles ?

 Ne s’était-il pas insurgé avec son épouse, prenant le risque de choquer la petite communauté française de Djibouti où les choses se font mais ne se dévoilent pas, contre tous ces prêtres, qui sous couvert de sortir de la misère les enfants de la rue profitaient en fait pour exaucer leurs fantasmes sexuels ?

N’avait-il pas avec son épouse organisé, financé avec l’aide de la Coopération Française et du concours du très médiatique prêtre et médecin François Lefort un  » noël extraordinaire  » en novembre 1994 pour rapatrier les enfants Ethiopiens de la rue dans le nouveau centre de Diré-Dawa ?

Mais il n’a jamais eu de chance ce malheureux Mouline, il est toujours en train de couvrir les turpitudes des autres, il y a toujours des malades sexuels sur sa route.

Il sait ainsi que l’étau judiciaire se resserre de plus en plus, en ce mois d’octobre 1995 autour de François Lefort, le prêtre-médecin-pédophile, rattrapé par les enfants de la rue de Dakar.  

Jean-Jacques Mouline, dégoûté, repensa à l’attitude inconsciemment bienveillante de son puissant mentor et ami, Michel Roussin, pilier du RPR (devenu UMP), ancien gendarme comme lui, Ministre de la Coopération d’Edouard Balladur qui qualifiait les signalements judiciaires sur Lefort de « rumeurs infondées » et qui a fait d’un illusionniste, un prêtre-médecin-pédophile, chevalier de la Légion d’honneur en juillet 94… quelques mois avant que Michel Roussin, lui-même au cœur d’une autre tourmente judiciaire, ne soit contraint de démissionner du Gouvernement Balladur pour cause de mise en examen…

Quelques années plus tard, après les campagnes d’intoxication médiatiques sans précédent de la veuve Borrel, l’ancien chef de la Mission se demanda depuis la fraîcheur de sa Sarthe :  »  Mais elle est devenue folle, la veuve Borrel ; elle ne sait pas dans quel pétrin elle risque de mettre la mémoire de son mari…décidément, celle-là ne comprendra jamais rien…le pauvre Bernard Borrel doit se retourner dans sa tombe en entendant les délires de sa veuve…  »

Assurément, il n’avait pas de chance ce Mouline et il pestait contre ces  » petits juges « …

Le souvenir de Elizabeth Borrel lui revint en mémoire, elle aussi juge donc se croyant plus intelligente, celle-là qui avait refusé de le recevoir alors qu’il s’était déplacé jusqu’à son domicile avec le consul général pour lui annoncer la mort de son mari.

 » Celle-là aussi… « , soupira-t-il,  » elle se vante d’être juge et pourtant elle travaillait au moins deux jours par semaine comme bénévole à la bibliothèque de l’évêché, situé  en dessous du bureau du père Aubert ; si elle était aveugle au point de ne pas remarquer comme tous les autres le comportement de ce prêtre qui passait des films porno aux gamins et qui leur demandait ensuite des  » gâteries  » en échange de quelques jouets, elle aurait quand même pu s’apercevoir des turpitudes de son mari…merde, ce n’est pas de ma faute s’il a pas su assumer…. « 

 » Quelle poisse  » fit-il en posant les deux mains sur le volant,  » je ne vais quand même pas passer ma vie professionnelle à camoufler la merde de tous ces pédés… « .

Le Chef de Mission de la Coopération fut alors saisi d’une tristesse infinie.

Mais la réalité l’arracha à toutes ses interrogations…

L’enquête de la Gendarmerie Djiboutienne sur la mort du conseiller technique du Ministre de la Justice pourrait conduire à des révélations déchirantes sur Bernard Borrel, sur les Français de Djibouti, sur l’Ambassade, sur la Mission, sur les FFDJ… et sur la  » grandeur  » de la France si la  » fameuse liste  » tombait entre les mains des gendarmes…

 » Merde, il faut que je fasse vite, très vite  » convint-il, en démarrant sa voiture en vitesse.

Il y a, dans la vie, des hommes qui sont prêts à tout pour épargner une image de leur patrie qu’ils savent pourtant déjà dégradée…

Certains vont même jusqu’à compromettre leur propre dignité d’homme et de femme par des mensonges, afin de manipuler des institutions (justice, médias…) pour couvrir d’infamies et de calomnies d’autres hommes et d’autres pays qu’ils savent pourtant plus respectables, plus humains…

Jean-Jacques Mouline, l’ancien Chef de Mission de la Coopération Française à Djibouti, au moins, ne faisait pas partie des ces hommes là…..