30/10/07 (B419) SANFINNA (Burkina) AFFAIRE BORREL ET BANNISSEMENTS A DJIBOUTI (Info lecteur)

REQUIEM ANTE MORTEM POUR MOHAMED SALEH ALOUMEKHANI ?

Voilà un titre qui fait penser à un polar de James Hadley Chase et qui pourtant annonce un évènement qui se joue en direct et qui pourrait mal tourner.

Ce qui se passe en effet actuellement avec l’affaire Borrel, pourrait nous y conduire directement. Déjà l’assassinat de ce juge français est en soi plein de mystère, impliquant semble-t-il des loubards comme de hautes personnalités de pays différents.

Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’il se trouve un témoin des plus gênants (celui grâce auquel toute la lumière peut se faire sur cette affaire) que la raison d’Etat, à ce qu’on avance, cherche depuis des années à circonvenir pour conduire la procédure vers l’impasse. C’est le célèbre Mohamed Saleh Aloumekhani qui a dû fuir Djibouti pour la Belgique où il a été recueilli comme réfugié.

L’homme a été approché de différentes façons pour qu’il revienne sur sa déposition à charge contre les autorités djiboutiennes : tentatives de subornation, menaces.., tout y est passé, mais il tient bon. Cependant, nous avons affaire à un homme encore immergé dans les liens de la solidarité familiale, clanique… Alors, on tente de jouer de pression de différentes façons, et notamment sur sa famille restée à Djibouti pour le faire plier, et là, on y va franco.

C’est d’abord une campagne anti-française qu’on a engagée. Tout y est passé : insultes, calomnies… Le juge assassiné a été taxé de pédophile ; quant à sa veuve, qui se bat depuis des années pour la vérité et la justice, elle est dépeinte comme folle à lier ; les juges français, pour leur part, sont accusés de racisme. Tous ceux qui prennent fait et cause pour le bon aboutissement de la procédure ouverte en France sont affublés de qualificatifs les plus immondes : les catholiques sont décrétés pédophiles, les coopérants, accusés de trafics illicites. Tout cela a conduit le 20 Octobre à des manifestations bien orchestrées pendant lesquelles on s’en est pris directement à Nicolas Sarkozy et aux ressortissants français.

Comme cela n’a pas suffi, on s’est alors tourné vers les proches et la famille : le 22 octobre donc, la police boucle trois quartiers de Djibouti et ce sont des rafles à n’en plus finir : 30 membres de la famille de Mohamed Saleh Aloumekhani, qui compte 8 mineurs âgés de 3 à 17 ans, sont incarcérés à l’Ecole de police. Quelques-uns sont libérés après coup mais dans la soirée, 7 personnes restent gardées, dont la mère de Mohamed Saleh Aloumekhani, âgée de 78 ans, ses frères et une belle sœur.

Le 23 Octobre au matin, ils sont tous expulsés sans bagages, sans papiers. Bannis de leur pays, on les met manu militari dans un avion qui les débarque à Sanna au Yémen.

Tout ceci se passe à un moment où l’on tient des Forums sur la gouvernance en Afrique, où l’on clame aux Nations Unies la détermination à œuvrer efficacement et concrètement pour les droits de l’homme, jurant même d’aller chercher les criminels jusqu’à leurs plus profonds retranchements.

Il est manifeste que sans une réaction en bloc de la communauté internationale, il serait difficile à la justice française de traiter cette affaire dans la sérénité et dans l’indépendance la plus totale pour connaître la vérité et dire le bon droit.

Il faudra d’abord commencer à protéger sérieusement, et le témoin et sa famille, et entourer la justice française de toutes les garanties pour qu’elle puisse rendre une décision qui joue comme un exemple fondateur.

Il faudra pour cela, et c’est toute la difficulté qu’on voit venir, trancher dans le vif, instruire contre les autorités françaises qui ont fait obstruction à la procédure, menacer de renoncer à des intérêts géostratégiques, énergétiques.., qui se trouvent à Djibouti, et Dieu sait comment sur ce plan, le pays est convoité notamment par les Français, les Américains, les Chinois…

Mais c’est par là que l’autisme et l’égoïsme de la communauté internationale se sont toujours fait le plus sentir au détriment d’une gouvernance mondiale responsabilisée.